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Gouvernements "progressistes"

Amérique latine. Lula soutient le coup d’Etat institutionnel au Pérou, le président argentin tergiverse

Après que le Congrès péruvien a destitué Pedro Castillo mercredi 7 - en le plaçant en détention - et que Dina Boluarte a pris sa place, le président argentin, Alberto Fernández, et le futur président du Brésil, Lula Da Silva, ont exprimé leur soutien à la nouvelle présidente issue du coup d’État parlementaire.Le président argentin est quant à lui revenu sur sa position après ce soutien initial.

13 décembre 2022

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Le Congrès péruvien, dominé par les partis de droite, a réussi, lors de sa troisième tentative de procédure de vacance (terme constitutionnel officiel), à destituer Pedro Castillo (qui avait auparavant tenté de le dissoudre, dans une démarche bonapartiste). Cette destitution constitue un véritable coup d’État parlementaire. Ce coup s’appuie sur l’arsenal de la constitution mise en place par le dictateur Alberto Fujimori en 1993. Celui-ci a jeté les bases d’une politique néolibérale, accompagnée de l’institution de ces manœuvres parlementaires. Immédiatement après l’arrestation de Pedro Castillo, son ancienne vice-présidente, Dina Boluarte, a été nommée à la tête du pays.

Après cela, au Brésil, le dirigeant du Parti des Travailleurs (PT) et vainqueur des la dernière élection présidentielle, Lula da Silva - qui entrera en fonction le 1er janvier 2023 - a également exprimé son soutien au coup de la droite péruvienne. Il a toutefois souligné que Castillo avait été désigné par les urnes : « Il est toujours regrettable qu’un président démocratiquement élu soit confronté à ce sort, mais je comprends que tout a été soumis à un cadre constitutionnel ». Le « cadre constitutionnel » est celui de la constitution que les majorités ouvrières et les peuples originaires du Pérou dénoncent aujourd’hui. Au Brésil, il faut rappeler que la droite parlementaire et judiciaire, avec l’impérialisme américain en coulisse, a également évincé Dilma Rousseff (PT, présidente du Brésil de 2011 à 2016) par un coup d’État institutionnel similaire.

Lula a publié cette déclaration sur ses réseaux sociaux, suivant ainsi les pas du gouvernement américain. Par ailleurs, le dirigeant du PT a reçu lundi dernier une délégation de représentants démocrates conduite par Jake Sullivan, le conseiller à la sécurité nationale, où ils ont discuté de la région. Biden fait le pari que le Brésil, principal pays d’Amérique du Sud, sera un partenaire fiable sous le gouvernement de Lula. « J’ai reçu aujourd’hui du conseiller à la sécurité nationale Jake Sullivan une invitation du président Joe Biden à lui rendre visite à la Maison Blanche. Je suis impatient de parler avec le président Biden et d’approfondir les relations entre nos pays », a-t-il tweeté après la visite.

Après avoir soutenu le coup d’Etat parlementaire, Alberto Fernandez recule

Comme Lula, le président argentin Alberto Fernández, dans un appel téléphonique à Boluarte vendredi dernier, a exprimé son soutien « dans le cadre du renforcement de notre démocratie, des relations bilatérales et des politiques régionales... ». De cette manière, il n’a fait qu’exprimer son soutien aux actions de la droite péruvienne.
Six jours plus tard, alors que le coup d’État était consommé, le président argentin a fait une volte-face tardive et a signé une déclaration avec le Mexique, la Bolivie et la Colombie, afin d’atténuer les conséquences politiques de ses premières déclarations.
Le communiqué indique que les quatre pays expriment « leur profonde préoccupation face aux récents événements qui ont abouti à la destitution et à la détention de José Pedro Castillo Terrones, Président de la République du Pérou », et dénoncent le fait que depuis le début de son mandat « il est victime d’un harcèlement antidémocratique, en violation de l’article 23 de la Convention américaine des droits de l’homme ». Enfin, ils demandent que « ceux qui composent les institutions s’abstiennent de revenir sur la volonté populaire exprimée par le suffrage libre », et que Castillo « bénéficie d’une protection judiciaire ».

En réponse au nouveau communiqué, le ministère argentin des Affaires étrangères a refusé de reconnaître qu’il s’agissait d’un changement de position, faisant valoir que le jour du coup d’État parlementaire, il avait appelé au « respect de l’ordre constitutionnel et des institutions démocratiques ». Une revendication si générale qu’elle fait fait écho au récit des putschistes du coup d’État, qui affirment avoir agi face à un Castillo brisant « l’ordre constitutionnel ».

L’alignement automatique de l’Argentine et du Brésil sur les États-Unis a montré que ces deux gouvernements « progressistes » latino-américains ont ouvertement soutenu le coup d’État sans dire un seul mot sur la mise en accusation et l’emprisonnement de Castillo. Ils font partie de la légitimation du coup d’État parlementaire, fomenté par la droite, les hommes d’affaires, validé par les États-Unis et signé par les forces armées.


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