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Enquête du Poing Levé

85% d’étudiant·es pauvres : il nous faut un revenu étudiant financé par les grandes fortunes

85% d’étudiant·es pauvres, 11% de SDF, 30% dépendant des banques alimentaires, 80 % souffrant d'anxiété… Les conclusions de l’enquête nationale du Poing Levé menée sur un échantillon de plus de 5 000 étudiant·es sont sans appel : en finir avec la précarité étudiante implique de s’en prendre au patronat

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85% d'étudiant·es pauvres : il nous faut un revenu étudiant financé par les grandes fortunes

Une enquête pour briser la banalisation de la précarité étudiante

Il y a quatre ans, Anas s’immolait devant le Crous de Lyon pour dénoncer sa propre détresse et celle de centaines de milliers d’étudiant·es acculé·es par la précarité quotidienne. Depuis, le constat est connu de tous et toutes, et difficilement contestable : les étudiant·es vont mal. Mais rien ne change. Les enquêtes s’enchaînent et se ressemblent, et la multiplication des sujets dans la presse conduit aussi à la banaliser voire à la considérer comme un rituel obligé vers l’âge adulte.

Alors pourquoi avoir lancé une autre enquête ?

D’une part, le recueil de 5 079 réponses sur l’ensemble du territoire, réparties dans 59 départements incluant les principales académies universitaires, permet une compréhension approfondie de la précarité par le biais d’une méthode scientifique rigoureuse et une approche matérialiste de l’université, de son rôle et de celui des travailleur·euses en formation dans la société actuelle.

D’autre part, l’objectif était de démontrer qu’il n’y a pas de fatalité à la précarité étudiante, à condition de se doter du bon programme d’action. Autrement dit, décrire pour agir. A ce titre, les résultats parlent d’eux-mêmes : la majorité des étudiant·es sondé·es dans cette enquête s’accordent sur un panel de revendications visant à s’attaquer à la propriété privée et aux revenus du grand patronat. Exproprier les logements vides, imposer un revenu étudiant financé par les grandes fortunes, mettre fin à toutes les lois sélectives...de quoi servir de base à la construction d’une véritable alternative aux promesses d’avenir misérables faites aux étudiants.

Le revenu du PDG de Dassault permettrait de faire sortir de la précarité 1 556 étudiants

Notre enquête révèle que 85% des étudiant·es vivent largement en-dessous du seuil de pauvreté, avec en moyenne 629 euros par mois. Une réalité qui les condamne à la faim en pleine période d’inflation alimentaire, et les pousse à dépendre des banques alimentaires pour 30% d’entre elles et eux.

De quoi alerter jusqu’aux présidences d’université qui demandaient en octobre 2023 l’instauration d’une allocation universelle pour les étudiant·es. Mais pour Macron qui « croit au travail », le problème est davantage celui d’une génération de fainéant·es « qui a profité du RSA et s’est déshabituée d’aller au travail ». Le président semble oublier qu’un étudiant·e sur deux travaille, dont 19% de façon au moins partiellement non déclarée, et que malgré cela 62% considèrent que leur activité professionnelle ne leur permet pas de vivre correctement. A fortiori, les étudiant·es travailleur·euses sont des travailleur·euses pauvres qui sont plus sujets au mal-logement, à la malnutrition, et à l’échec scolaire.

Le constat est donc sans appel, mais les propositions pour mettre fin à la précarité de masse sont souvent superficielles et insuffisantes. Si l’ensemble de la gauche inclue depuis quelques années dans son programme l’instauration d’une « allocation d’autonomie » (France Insoumise et Union Étudiante), un « minimum jeunesse » (Parti Socialiste), ou un « revenu minimum garanti » (EELV), le financement d’une telle mesure – quand il est explicité – repose majoritairement sur une refonte des aides préexistantes combinée à une part de recette fiscale.

Or, faire sortir de la précarité les 2 millions et demi d’étudiant·es sans faire reposer cette charge sur les classes populaires par le biais d’une hausse générale de l’impôt implique de prendre l’argent là où il y en a, à savoir chez le patronat. En effet, alors que le financement d’un revenu étudiant à hauteur du SMIC reviendrait à plus de 50 milliards d’euros, les dividendes des actionnaires se sont élevées à 90 milliards d’euros en 2023 et la fraude fiscale des grands groupes représente au moins à 30 milliards d’euros par an.
Une politique qui en s’en prenant aux profits du patronat et l’accaparement des richesses, permettrait d’en finir avec le mal logement – qui condamne 11% des étudiants à être SDF, et 12% à vivre avec des nuisibles – mais aussi le travail étudiant qui participe à fermer les universités aux jeunes des classes populaires. D’autant que 50% des étudiant·es qui travaillent ont déjà envisagé interrompre leurs formations universitaires.

De fait, alors que 80% des étudiant·es se déclarent anxieux et qu’un sur deux considère l’être en raison de ses études, la détresse psychologique de la jeunesse étudiante est un problème de premier plan intimement lié à la volonté des classes dominantes d’en finir avec l’université publique de masse.
Autrement dit, il est clair que permettre aux jeunes de vivre et non pas survivre implique un choix de société. D’un côté, un monde où le PDG de Dassault jouit de 33 millions d’euros de revenu par an pour vivre dans l’opulence la plus scandaleuse. De l’autre, un monde où cet argent permet plutôt de financer 1 556 revenus annuels étudiants.

Les jets privés ou la fin de la précarité, pour les étudiant·es, la question est vite répondue : 79% des sondé·es de l’enquête sont pour notre proposition d’un revenu étudiant financé par un impôt fortement progressif sur le grand patronat et les grandes fortunes.

Pour y parvenir, il s’agit désormais de se doter d’une stratégie conséquente, loin des illusions sur le dialogue social, le parlementarisme ou la négociation dans les conseils universitaires : récupérer toutes les richesses accaparées par une poignée de multinationales ne se fera pas sans confrontation. Au Poing Levé, c’est tout le sens de notre combat et nous invitons l’ensemble des jeunes qui veulent en finir avec la précarité, à nous rejoindre.

Retrouve l’enquête dans sa totalité

Le rapport scientifique de l’enquête nationale du Poing Levé sur la précarité est également consultable en intégralité en ligne


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