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Massacre à Gaza

14 immeubles bombardés, au moins 100 Palestiniens tués : le massacre débute à Rafah

Sous couvert d’exfiltration de deux otages, l’armée israélienne a lancé une nouvelle série de bombardements meurtriers sur Rafah, faisant probablement plus de 100 morts. Une préfiguration du désastre à venir au sud de Gaza.

Enzo Tresso

12 février

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14 immeubles bombardés, au moins 100 Palestiniens tués : le massacre débute à Rafah

Alors que des négociations étaient en cours entre la diplomatie étatsunienne, certains gouvernements arabes et Israël pour obtenir un cessez-le-feu prolongé, Benjamin Netanyahou a décidé la semaine dernière de poursuivre sans trêve les opérations génocidaires dans la bande de Gaza. Après que le premier ministre a demandé, vendredi, à l’armée de préparer un « plan combiné » pour conquérir Rafah et évacuer vers une destination inconnue les 1,3 millions de réfugiés qui y ont trouvé provisoirement refuge, la première phase des opérations semble avoir commencé.

À 1h49 du matin, heure locale, ce lundi, les forces israéliennes ont entamé une série de frappes contre Rafah, prétextant réaliser un « tir de barrage » pour permettre la récupération de deux otages. Près de quatorze immeubles ont été bombardés ainsi que trois mosquées. D’après un bilan provisoire du ministère de la santé de Gaza, 67 palestiniens ont perdu la vie dans les bombardements, mais les témoignages vidéo diffusés sur les réseaux sociaux font craindre un bilan bien plus lourd et le chiffre d’au moins 100 morts circule. L’armée israélienne a également ciblé, lundi en journée, des véhicules civils et des agents de la police locale, tandis que des palestiniens auraient également été arrêtés et déplacés à l’hôpital Kuwait.

Cette première opération meurtrière présage des journées et des semaines macabres que va connaître Rafah, qui sert de refuge à près d’1,3 millions de réfugiés, dont 600 000 enfants, que l’offensive terrestre au nord a condamnés à l’exil, et où la densité de population atteint des records. Comme le confie Jamal Al-Fadi, habitant de l’enclave, au Monde, « on compte environ 27 000 personnes par kilomètre carré, vous imaginez ? N’importe quel combat militaire, bombardement ou coup de feu peut tuer des dizaines de personnes ; une invasion terrestre, peu importe sa forme, peut en tuer des milliers dans ces conditions ».

Alors que la ville, qui s’étend sur un territoire de 60 kilomètres carrés, semble désormais prise dans l’étau de la machine de guerre israélienne, les habitants craignent que les opérations militaires israéliennes n’adoptent le même protocole que celui méthodiquement exécuté à Gaza ou à Khan Younès : des frappes massives préparent le déploiement terrestre ; une fois le siège complet et l’évacuation impossible, des rafles et des arrestations quartiers par quartiers, des exécutions extra-judiciaires et des punitions collectives, et la déportation dans les prisons israéliennes ou la mort. Lorsque la ville a été vidée de sa population, les opérations s’achèvent généralement avec la destruction méthodique des immeubles et des bâtiments jusqu’à ce que tout soit rasé.

Lire aussi : Course à l’abîme : la « troisième phase » de la guerre à Gaza

Cette fois, c’est la libération de deux otages qui a servi de justification à une opération très meurtrière. Ces derniers avaient été capturés le 7 octobre, dans le kibboutz de Nir Yitzhak, à la bordure de l’enclave. De nationalité argentine, les deux hommes de 60 et 70 ans ont été conduits à Tel Aviv. D’après un communiqué du Shin Bet, ils ont une bonne condition physique. Dans un communiqué publié sur X, le président argentin d’extrême-droite, Javier Milei a remercié les forces de Tsahal et a salué la libération des deux otages.

L’opération de Tsahal satisfait ainsi plusieurs objectifs : elle permet de donner une légitimation politique à une série de frappes injustifiées contre la population gazaouie tout en donnant des gages au mouvement pour la libération des otages. Elle participe également du rapprochement diplomatique entre Benjamin Netanyahou et Javier Milei qui avait profité de son voyage en Israël pour annoncer le transfert de l’ambassade argentine à Jérusalem, dans les territoires occupés.

Dans le même temps, la priorité de Netanyahou reste évidemment le maintien de l’agenda stratégique de la « troisième phase » de la guerre à Gaza : prendre contrôle du corridor de Philadelphie, sous souveraineté égyptienne, et de la porte de Rafah pour achever le nettoyage ethnique de la bande de Gaza. Une opération qui menace d’aggraver l’instabilité des équilibres régionaux.

Alors qu’Israël est engagé dans un bras de fer avec l’Egypte au sujet du contrôle du corridor de Philadelphie, une étroite bande de terre de 100 mètres de large et de 14 kilomètres de long qui jouxte la frontière israélo-égyptienne, l’offensive sur Rafah impose un ultimatum à Al-Sissi, le président égyptien. Menaçant la vie de plus d’un million de réfugiés, la campagne de Rafah est un rouage essentiel dans la diplomatie du carnage adoptée par Netanyahou : faire pression sur l’Egypte en déchaînant la mort à ses frontières pour lui imposer d’accueillir les habitants de l’enclave gazaouie.

Alors que l’Egypte a augmenté le volume de ses forces stationnées à la frontière, le gouvernement israélien fait le choix de la Nakba : expulser plus de palestiniens dans le Sinaï que les guerres coloniales de 1948 et de 1967 réunies n’avaient réussi à en exiler. Le gouvernement israélien poursuit un unique objectif : forcer les Palestiniens à quitter ce qu’il restait de leur terre ou les anéantir sur leur propre sol.


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