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Solution à Deux-États

Veto à l’adhésion de la Palestine à l’ONU, ou l’hypocrisie des Etats-Unis sur les « deux États »

Ce jeudi, les États-Unis ont posé leur véto à la résolution algérienne proposant l'adhésion entière de la Palestine à l’ONU. Alors que le génocide à Gaza se perpétue, les États-Unis envoient un signal clair tout en réaffirmant leur soutien inconditionnel à l’État d’Israël.

Lisa Mage

19 avril

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Veto à l'adhésion de la Palestine à l'ONU, ou l'hypocrisie des Etats-Unis sur les « deux États »

Crédits photo : Flickr, CC0 1.0 Deed.

Alors que le génocide se perpétue depuis plus de six mois à Gaza, avec la complicité plus ou moins affichée des puissances impérialistes dont les États-Unis en tête de file, l’Algérie a présenté ce mardi une résolution pour l’adhésion entière de la Palestine à l’ONU. En y opposant leur véto, les États-Unis illustrent l’hypocrisie du discours tenu par Biden sur « la solution à deux Etats » et réaffirment ainsi leur soutien inconditionnel et indéfectible à Israël et au génocide des Palestiniens.

Vote de la résolution à l’ONU ou le bal des hypocrites

Depuis plusieurs semaines, de nombreuses voix se font entendre. En premier lieu, celle de l’Algérie, qui a porté la résolution votée hier, pour revendiquer l’adhésion entière de la Palestine à l’ONU. « État non-membre observateur » depuis 2012, la Palestine ne possède donc pas le droit de vote à l’assemblée générale de l’ONU. La résolution a été rejeté avec 12 votes pour, 2 abstentions (Royaume-Uni et Suisse) et seulement un vote contre des États-Unis. Au sein de l’ONU, 137 sur 193 des États membres selon le décompte de l’Autorité palestinienne) reconnaissent de manière unilatérale l’État Palestinien.

Une réalité qui contraste cependant avec les faits et le soutien, plus ou moins affiché, de la majorité de ces pays au génocide en cours en Palestine. La France a ainsi voté pour l’adhésion de la Palestine à l’ONU alors même que c’est le premier partenaire d’Israël en termes d’armement sur le continent européen. En effet, Selon les données de la campagne « Stop Arming Israel », si on arrêtait d’envoyer des armes à Israël, les bombardements sur Gaza cesseraient au bout de trois jours. Le commerce d’armement avec Israël, particulièrement lucratif en particulier pour la France et les États-Unis est une composante fondamentale de la puissance militaire que constitue Israël. Depuis 10 ans, c’est plus de 208 millions d’euros de matériel militaire vendus par la France, selon le rapport annuel sur les exportations d’armes.

Les Etats-Unis réaffirment leur soutien inconditionnel au génocide en cours à Gaza

Les États-Unis, de leur côté, sont même allés plus loin en votant contre l’adhésion de la Palestine à l’ONU. L’ambassadeur américain adjoint, Robert Wood, s’est justifié en précisant que la position étatsunienne n’avait pas changé depuis 2011 et que « ce vote ne reflète pas une opposition à un État palestinien, mais est une reconnaissance qu’il ne peut naître que de négociations directes entre les parties ». En dépit de quelques déclarations hypocrites, à l’image de la sortie de Joe Biden il y a quelques semaines jugeant que Netanyahu commettait une « erreur » à Gaza, les États-Unis continuent dans leur soutien inconditionnel au génocide en cours.

Et cela d’autant plus depuis la contre-offensive iranienne de samedi soir qu’Israël a pu stopper avec le « soutien des États-Unis, de la Grande-Bretagne, de la France et d’autres pays ». Le chef de la diplomatie américaine, Antony Blinken, a précisé que les États-Unis continueront « à défendre Israël et à protéger [leurs] effectifs dans la région ». Un saut dans l’escalade régionale qui a réactualisé le « Mead » (Middle East Air Defense Alliance), alliance aérienne conclue en 2022 entre Israël et certains pays arabes, notamment la Jordanie et l’Arabie-Saoudite, sous les auspices des États-Unis et dans le sillage des accords d’Abraham.

Impasse diplomatique : un vote qui illustre une nouvelle fois l’hypocrisie de la « solution à deux États »

En dépit des appels étatsuniens à la « solution à deux Etats », ce vote illustre une nouvelle fois le double discours des puissances impérialistes qui, d’un côté appellent à la paix, et de l’autre, sont les soutiens les plus acharnés à l’État colonial d’Israël. À l’heure ou la contre-offensive iranienne a permis à Israël de ressouder conjoncturellement les rangs des puissances impérialistes derrière lui, l’hypocrisie des appels abstraits aux « cessez le feu » ou à l’intégration de la Palestine comme membre à part entière de l’ONU sont toujours plus mis à nue.

Ce vote illustre également l’impasse que constitue la diplomatie pour faire avancer les droits des Palestiniens. En effet, depuis 75 ans, les centaines de résolutions votées à l’ONU n’ont jamais permis ne serait-ce que de freiner Israël, dont la colonisation se poursuit et ne fait que s’accentuer. Pire, l’ONU a joué un rôle clé dans la légitimation de la création de l’Etat colonial d’Israël. Ainsi, cette institution ne peut en rien représenter une issue progressiste pour le peuple palestinien en lutte et plus largement, pour les masses arabes opprimées de la région.

A rebours de l’impasse de toute solution diplomatique, depuis le 7 octobre, un mouvement de masse en soutien à la Palestine a émergé à l’échelle internationale, notamment aux Etats-Unis, et dans les pays arabes. En Jordanie, par exemple, des milliers de personnes prennent la rue pour exiger une rupture des liens diplomatiques avec l’État colon, et se poursuivent encore aujourd’hui. Alors que suite aux frappes iraniennes, la réactualisation de l’alliance aérienne « Mead » va sûrement accroître les contradictions du régime vis-à-vis de la question palestinienne, la récurrence des mobilisations ces dernières semaines en Jordanie témoigne de la vitalité de la résistance face à la colonisation sioniste au Moyen-Orient et montre la voie à suivre pour déjouer la conciliation des bourgeoisies arabes vis-à-vis du régime colonial d’Israël.


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