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Conditions de travail

« On attend de la reconnaissance ! » 5ème semaine de grève pour les aiguilleurs de la gare Saint-Charles

En grève reconductible depuis plus de cinq semaines, les aiguilleurs de Saint-Charles exigent de meilleures conditions de travail, et dénoncent le mépris de la direction qui pénalise les travailleurs tout comme les usagers.

Matteo Falcone

12 octobre 2023

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« On attend de la reconnaissance ! » 5ème semaine de grève pour les aiguilleurs de la gare Saint-Charles

Crédits photos : MarieMauron / Pixabay

Depuis le 5 septembre les travailleurs du poste d’aiguillage de la gare Saint-Charles à Marseille sont en grève reconductible pour exiger de meilleures conditions de travail, et notamment une prime dissuasive pour pallier un sous-effectif chronique. Pour le moment, la direction locale de la SNCF reste sourde à l’ensemble des revendications, au mépris des agents et des usagers.

Agents de circulations ou aiguilleurs, leur travail est essentiel à la circulation des trains et à la sécurité des usagers à la gare St-Charles. Mais voilà maintenant plus de cinq semaines que les travailleurs au poste d’aiguillage dit PRCI (Poste d’aiguillage à relais à commande informatique) sont en grève. Ils sont une cinquantaine, en grève avec un taux proche de 100%. Deux fois par semaine, les travailleurs se retrouvent en assemblée générale pour décider des modalités et de la direction de leur grève. Au cœur de cette lutte : un sous-effectif chronique et qui demande du travail supplémentaire aux agents, sans aucune compensation.

Dans une lettre ouverte du 3 octobre, les grévistes dénoncent des conditions de travail dégradés : « Depuis le début de l’année, les postes non tenus et/ou non figés ne se comptent plus, et rendent notre quotidien de plus en plus difficile à supporter ». C’est ce que nous confirme Alexandra Rodriguez, déléguée Sud rail et aiguilleuse au PRCI : « on est censé travailler à huit, là ça fait des mois qu’on travaille à quatre. Quand un cadre remplace un collègue qui est malade par exemple, il a une prime de 100 à 150 euros. Nous on n’a rien du tout, on n’a aucune considération. On veut une prime dissuasive afin que le sous-effectif ne s’installe pas durablement ». Les cheminots demandent donc une prime de 30€ par jour de travail à chaque fois qu’ils sont en sous-effectif. Malgré les nombreuses alertes depuis plusieurs mois, la direction de l’établissement SNCF est restée sourde, alors que le sous-effectif peut engendrer des risques de sécurité importants pour les usagers et les travailleurs, en augmentant considérablement la charge de travail pour les salariés du poste d’aiguillage.

Les grévistes revendiquent également la prime « Grand poste », mise en place dans seulement deux postes à Paris, ainsi qu’une prime de travail pour les travaux spécifiques en cours sur les voies. « Quand on rentre dans ce métier, on a un salaire au ras des pâquerettes, on met nos familles de côté parce qu’on travaille en trois huit. Avant on avait des avantages qu’on n’a plus, et maintenant avec l’inflation, les jeunes ne restent pas. Notre métier est devenu un métier précaire ! »

Alors que l’inflation continue d’augmenter et que les travailleurs se serrent partout la ceinture face à l’explosion des prix, la direction de la SNCF est restée muette pendant des semaines. En plus d’ignorer les grévistes, elle ne s’est pas fait attendre pour casser la grève, en embauchant des cadres payés 150 euros supplémentaires par journée pour remplacer les grévistes : « Quand les cadres viennent nous remplacer, c’est 100 euros par service tenu, sachant qu’ils viennent à sept ou huit ça fait 800 euros par service qu’on multiplie par trois. Donc on est à 2400 euros par jour depuis un mois. Ils auraient pu nous donner la prime qu’on réclame depuis ! » renchérit Alexandra.

Ce n’est que la semaine dernière, après plusieurs semaines de grève et de salaire perdus, que la direction de la SNCF a esquissé plusieurs propositions pour mettre fin au conflit. Des propositions insuffisantes et donc refusées par les salariés en assemblée générale : « Aucune proposition concernant les primes de non-tenus. On ne lâchera pas tant qu’on n’aura pas ça » estime Alexandra.

Une attitude de la direction qui représente un énorme mépris pour les cheminots, mais aussi pour les usagers : depuis début septembre de nombreuses lignes régionales sont impactés par cette grève, avec de nombreux trains supprimés en direction de Toulon ou d’Aix, très empruntées pour les déplacements quotidiens. Alors que la direction espère que les grévistes s’essoufflent, les agents de circulation et aiguilleurs nous confirment leur détermination à continuer la grève. « On ne va pas lâcher, tant que n’obtiendra pas notre reconnaissance, c’est une question de considération ! » continue Alexandra.

Afin de soutenir les travailleuses et travailleurs du poste d’aiguillage de Saint-Charles et de leur permettre de continuer leur grève pour des revendications légitimes, donnez à leur caisse de grève !


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