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Palestine

Diplomate français tué, otages abattus : des révélateurs de la brutalité meurtrière de Tsahal à Gaza

A Gaza, les trois derniers jours ont été marqués des scandales pour Tsahal. Trois otages israéliens et un diplomate français sont décédés : des « dégâts collatéraux » qui témoignent du massacre en cours.

Yann Causs

18 décembre 2023

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Diplomate français tué, otages abattus : des révélateurs de la brutalité meurtrière de Tsahal à Gaza

Ce samedi, un agent de la diplomatie française à l’antenne consulaire française de Gaza, au sein de l’Institut et du Centre culturel français, est décédé de ses blessures et des bombardements de l’armée israélienne à Rafah. Abu Shamla avait choisi de rester dans l’enclave palestinienne avec ses quatre enfants majeurs et de ne pas quitter la Bande dans le cadre des évacuations des ressortissants français. Dans le même bombardement du 13 décembre, une dizaine de membres de sa famille et un autre agent de la diplomatie française ont également été tués.

Le décès du diplomate français est survenu la veille de la visite en Israël de la ministre française des Affaires étrangères et européennes, Catherine Colonna. Officiellement, cette visite avait pour objectif de défendre la nécessité d’une « trêve immédiate et durable », mais il s’agissait plutôt de réaffirmer le soutien inconditionnel de la France à l’État israélien. La cheffe de la diplomatie française a confirmé cette ligne sur X (ex-Twitter), rappelant le « droit d’Israël à se défendre » et se contentant tout juste d’en appeler au « respect du droit humanitaire et [à] protége[r] les populations civiles ». En réaction à l’annonce de la mort d’Abu Shalma, la diplomatie française a déclaré « exige[r] que toute la lumière soit faite par les autorités israéliennes sur les circonstances de ce bombardement ».

Une déclaration qui témoigne des contradictions croissantes du massacre en cours à Gaza et de ses principaux soutiens. Et cela d’autant plus, que sur fond d’un scénario génocidaire qui se précise, les scandales liés à cette campagne se multiplient. Vendredi 15 décembre, l’armée israélienne a tué « par erreur » trois otages israéliens dans le quartier de Shejaia à Gaza, alors même qu’ils agitaient des drapeaux blancs et criaient à l’aide en hébreu.

Le haut commandement israélien a déclaré avoir ouvert une enquête « au plus haut niveau » sur ce qui est considéré comme un « tragique accident ». Selon le porte-parole de l’armée israélienne, les trois otages « n’avaient pas de chemise et portaient un drapeau blanc improvisé ». Deux des otages sont morts sur le coup, le troisième, blessé, est retourné dans un bâtiment depuis lequel les militaires ont entendu des cris -« à l’aide ! »- en hébreu. Lorsque l’otage est sorti à nouveau du bâtiment, il a finalement été abattu par un deuxième militaire.

Face à cette violation flagrante des droits de l’homme et des conventions internationales interdisant de tirer sur des civils désarmés, le Premier ministre israélien d’extrême droite, Benjamin Netanyahu, a qualifié les décès de ces trois otages israéliens de « tragédie insupportable ». Une déclaration qui n’a pas empêché l’émergence de nouvelles manifestations dans le centre-ville de Tel-Aviv ce week-end à l’initiative des familles d’otages, venues exprimer leur colère et réclamer la libération des otages. Sur ce sujet, le gouvernement Netanyahu, s’affronte à une pression croissante alors que le mouvement pour les otages continue de croître et d’exiger un plan de négociation pour la libération des 130 otages restants. À ce titre, Courrier International rapporte les propos d’un proche d’otage : « Ils essaient de nous faire croire que les combats aident les otages. En réalité, les combats tuent les otages ».

Hen Avigdori, un citoyen israélien cité par la BBC et dont la femme et la fille figuraient parmi les otages déjà libérés, explique agacé : « J’entendais souvent dire qu’on pouvait libérer les otages ’par des moyens militaires’. Mais ’il n’y a pas de moyen militaire’ de les ramener sains et saufs. La conclusion pour toute personne ayant un cœur et un esprit est la même : Israël doit entamer un accord pour les ramener vivants et non dans des cercueils ».

Pourtant, cette demande apparait bien loin de la politique du gouvernement israélien, qui fait de l’éradication du Hamas son seul et unique objectif de guerre. Dans le même sens, The Washington Post rapportait ce samedi après-midi un autre incident mettant en cause l’armée israélienne : « deux femmes qui s’abritaient dans une église dans la bande de Gaza ont été tuées ’de sang-froid’ par un tireur d’élite de Tsahal ». Dans un communiqué, le Patriarcat latin de Jérusalem a dénoncé ce meurtre. « Aucun avertissement n’a été donné, aucune notification n’a été fournie. Ces personnes ont été abattues de sang-froid à l’intérieur des locaux de la paroisse, qui ne compte aucun belligérant ». En parrallèle, ce week-end, un nouvel hôpital dans le nord de la bande de Gaza était détruit [plus de 70% des services de soin gazaouis sont désormais hors service selon l’OMS], faisant huit morts. Désormais, plus de 19 000 Gazaouis ont déjà perdu la vie selon le Hamas.


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