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Université Bordeaux Victoire

Université de Bordeaux. Un ciné-débat sur la Palestine réussi malgré les entraves de la direction

Alors que les manifestations et appels à soutenir le peuple palestinien se multiplient, Le Poing Levé Bordeaux organisait le 25 octobre dernier une projection d’un film sur les conséquences psychologiques de l’apartheid israélien, autour du travail de la psychiatre et psychothérapeute palestinienne Samah Jabr. Une projection qui a réuni plusieurs dizaines d’étudiants malgré des tentatives de la direction de l’université d’empêcher son déroulement.

Le Poing Levé - Bordeaux

1er novembre 2023

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Université de Bordeaux. Un ciné-débat sur la Palestine réussi malgré les entraves de la direction

Crédits Photo : Révolution Permanente Bordeaux

Les conséquences psychologiques de la colonisation israélienne

Une soixantaine de personnes était présente à l’appel du Poing Levé le mercredi 25 octobre pour un ciné-débat autour de la question palestinienne sur le campus de Bordeaux Victoire. Au programme, un documentaire d’Alexandra Dols, « Derrière les fronts : résistances et résiliences en Palestine », sur le travail d’une psychiatre palestinienne, Samah Jabr. Un évènement important pour alimenter les discussions nécessaires aux mobilisations de soutien à la lutte du peuple palestinien. 

En effet, le documentaire propose un cheminement sur les routes de Palestine, en compagnie de la psychiatre, psychothérapeute et écrivaine palestinienne, Dr. Samah Jabr. S’inscrivant dans l’héritage de Frantz Fanon, psychiatre anti-colonialiste, elle témoigne des conséquences psychologiques de l’apartheid israélien, et des outils du peuple Palestinien pour y faire face et résister. Alors que nous parcourons difficilement cette Palestine fragmentée, les nombreux témoignages donnent à voir les traumatismes que l’occupation, s’ajoutant aux horreurs de la guerre, produit dans les esprits du peuple sous occupation.



Cependant, Dr. Samah Jabr, dresse le portrait d’un peuple qui, loin de se soumettre, continue à lutter pour son auto-détermination. La psychiatre mobilise la notion de sumud, que l’on peut traduire par « persévérance inébranlable ». Elle oppose cette notion à celle résilience qui consiste à simplement intégrer son traumatisme, à le digérer. Pour dépasser leurs traumatismes et l’horreur quotidienne qu’Israël leur impose, elle propose la lutte comme une issue au désespoir et à l’aliénation : « la libération des terres ne suffit pas, il faut libérer les esprits ».

« J’ai trouvé l’initiative intéressante, on aborde peu cet aspect de la psychologie en cours, ça nous permet d’avoir une autre vision de la discipline », raconte Juliette, étudiante de L2 en psychologie en sortant de la projection. Un autre étudiant ajoute « on a tous été choqué de voir les bombardements sur Gaza et surtout le traitement qu’en ont fait les médias, comme si les vies des palestiniens ne comptaient pas, et qu’il n’y a pas de débat possible, sinon c’est qu’on soutient le Hamas. Pour une fois ça permet d’entendre une autre voix ».

Cette projection, au-delà de l’actualité du soutien à la cause palestinienne, vient alimenter des réflexions sur les pratiques universitaires et professionnelles. Dr Samah Jabr donne à voir un exemple de mise au service des luttes de savoirs particuliers, comme elle le formule elle-même, tout en considérant l’ensemble des enjeux politiques : « il faut reconstruire, il faut soigner ». Sur un campus de Sciences Humaines comme celui de la Victoire, les enseignements que l’on peut en tirer sont immenses et nous donnent des perspectives pour développer de telles pratiques.

L’université de Bordeaux instrumentalise la guerre en Palestine pour justifier de nouvelles entraves anti-démocratiques

La projection s’est tenue dans un contexte de forte répression, illustré par la récente déclaration du président de l’université, Dean Lewis, pour le journal SudOuest : « Les universités ne laisseront pas prospérer des initiatives visant, sous couvert de débattre de la situation au Proche-Orient, à faire circuler des propos chargés d’antisémitisme ». Un amalgame odieux, qui nous rappelle encore une fois les politiques anti-démocratiques et répressives que l’Université de Bordeaux n’hésite pas à mettre en place, dans la continuité du saut autoritaire du gouvernement depuis plusieurs mois.

L’Université a donc imposé au Poing Levé des mesures sécuritaires, telles que la présence obligatoire d’un vigile (aux frais des associations), l’obligation de fournir une liste de pré-inscription ou encore tenir l’événement hors de l’îlot central, dans l’amphithéâtre le plus insalubre du campus. Un ensemble de mesures justifiées par l’instrumentalisation du plan Vigipirate “urgence attentat”, c’est à dire une criminalisation ouverte.


Malgré les conditions, cet événement a réuni de nombreux·se·s étudiant·e·s et a été une réussite. Un type d’événement culturel et politique à reproduire donc, mais pour cela, il faudra lancer une vraie bataille pour lutter contre toutes ces tendances répressives et anti-démocratiques des universités et du gouvernement. C’est la raison pour laquelle Le Poing Levé continuera d’organiser des évènements et de défendre un autre usage des savoirs et des locaux/moyens universitaires.

Dans l’immédiat, la projection a aussi été l’occasion d’inviter à rejoindre un comité de soutien à la Palestine, lancé récemment à Bordeaux. Comme partout en France, ces comités permettront de s’engager concrètement contre le massacre en cours à Gaza, et en soutien à la lutte du peuple palestinien contre l’oppression coloniale. Alors que le gouvernement tente de réprimer toute voix de solidarité avec la Palestine, ces comités sont essentiels pour faire entendre cette voix dans les universités et au-delà.


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