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Edito

Niger, inflation, sénatoriales : les trois claques de la rentrée pour Macron

Dimanche soir, Macron a voulu faire de son interview surprise l’occasion de célébrer sa rentrée. Mais derrière l’optimisme affiché, les revers commencent déjà à s’accumuler pour le gouvernement, de la crise au Niger au refus patronal des mesures sur le carburant en passant par les élections sénatoriales.

Paul Morao

25 septembre 2023

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Niger, inflation, sénatoriales : les trois claques de la rentrée pour Macron

Crédit : Jeanne Menjoulet - CC

Entre la visite du pape François et l’accueil du roi Charles III, la semaine dernière avait tout pour booster l’orgueil de Macron. Le Président a d’ailleurs tenu à surfer sur ce qu’il a ressenti comme un grand succès en décidant de marquer le coup avec une interview surprise dimanche soir. Ultra-complaisante, la discussion lui a permis de célébrer sa rentrée et de s’afficher optimiste à la veille d’annonces sur la « planification écologique ».

« Jupiter » serait-il de retour ? Difficile en réalité de faire plus creux que ce triomphalisme, comme en témoigne le contenu des annonces d’hier. Sur le terrain de l’inflation, Macron a commencé par se dédire en cédant un micro chèque face au refus du patronat de vendre à perte. Un symptôme de la fébrilité de l’exécutif face au spectre d’une révolte contre la hausse du carburant.

Dans le même temps, le chef de l’État a promis un « accord sur les marges » avec les grands patrons du pétrole, qui ont mis moins de 24h à répondre par la voix du président de l’UFIP. « On est dans la logique des marchés. Un carburant à un prix qui est continental, donc européen, qui résulte de l’équilibre offre-demande. Cet équilibre s’impose à la France. La France n’y changera rien » a expliqué le porte-parole du lobby. Circulez, il n’y a rien à voir.

Pire que cette impuissance choisie face à l’inflation, Macron a par ailleurs dû annoncer le retrait de son ambassadeur et des troupes françaises du Niger. Un immense camouflet qui, deux ans après la fin de la calamiteuse opération Barkhane, et huit mois après l’expulsion des troupes françaises du Burkina Faso, signifie un profond revers pour l’impérialisme français en Afrique.

Deux gifles qui en cachent une troisième, mise sous le tapis par les journalistes chargés de servir la soupe à Macron. Les élections sénatoriales de ce dimanche ont en effet été l’occasion d’une victoire de la droite de LR, sur fond de renforcement d’Horizons et de recul de Renaissance. Symbole de la débâcle, Sonia Backès, secrétaire d’État chargée de la citoyenneté et seule représentante du gouvernement aux élections, perd en Kanaky face au candidat indépendantiste Robert Xowie.

Alors que le vote de la loi de programmation des finances publiques cette semaine pourrait être l’occasion d’un premier 49.3 qui en annonce beaucoup d’autres, les faiblesses de l’exécutif sont réelles, et la crise politique, la crise du régime ou la crise sociale pourraient rapidement reprendre leurs droits. Des brèches pour le mouvement de masse ? Pour le moment, celui-ci souffre de la politique conciliatrice des directions du mouvement ouvrier pour la rentrée, placée sous le signe du dialogue social et du refus de la « revanche » contre Macron.

Après une mobilisation du 23 septembre pour laquelle les directions syndicales ont peu cherché à mobiliser, la date du 13 octobre est un véritable symbole de ce manque de détermination. Une attitude générale qui a laissé le champ libre à des attaques comme l’interdiction de l’abaya, et face à laquelle il y a urgence à construire une riposte d’ensemble articulant refus des offensives autoritaires et racistes et revendication sociales. Ce dimanche, le grand patron de la distribution Michel-Edouard Leclerc confiait au JDD extrême-droitisé sa hantise : que la hausse des prix ouvre la voie à de nouvelles « révoltes populaires ». Chiche.


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