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Extrême droite

Rassemblement au Panthéon : l’extrême-droite veut reprendre la rue, il faut opposer une réponse

Ce vendredi soir, place du Panthéon, quelques centaines de personnes ont répondu à l’appel du collectif « Les Natifs ». Au nom d'un prétendu « hommage à Thomas », l'extrême-droite poursuit sa campagne de mobilisation raciste à laquelle il faut opposer une réponse.

Lisa Mage

2 décembre 2023

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Rassemblement au Panthéon : l'extrême-droite veut reprendre la rue, il faut opposer une réponse

Capture d’écran : compte X de Clément Lanot

Ce vendredi soir, un rassemblement appelé par le collectif « Les Natifs », issu de Génération Identitaire, dissout en mars 2021, a rassemblé quelques centaines de personnes place du Panthéon.

Derrière le prétendu « hommage » à Thomas, un rassemblement de groupuscules d’extrême-droite

Dans la continuité de la campagne raciste menée ces dernières semaines sous couvert « d’hommage » à Thomas, adolescent tué à Crépol le 18 novembre, la mobilisation a réuni différents groupuscules d’extrême-droite étalant leur haine des étrangers et des quartiers populaires.

Sur place, les cris de « Justice pour Thomas », « la racaille en prison, clandestins dans l’avion », « Français réveille toi, tu es ici, chez toi ! », un slogan qui n’est pas sans rappeler le « Allemagne réveille-toi » des Sections d’Assaut nazies dans les années 1920, ont ponctué les interventions de groupuscules comme Argos, Les Natifs, Némésis, ou de figures traditionnelles de l’extrême-droite comme Jean-Yves Le Gallou qui a appelé à défendre la « remigration ». D’après le journaliste de Libération Nicolas Massol, des membres du « GUD, GZ, [et des] cadres Reconquête » étaient également présents.

Le rassemblement a tenté de partir en manifestation sauvage sans succès, pour se disperser peu de temps après. Quelques heures plus tôt, le tribunal administratif de Paris avait en revanche suspendu la décision du préfet de police d’interdire le rassemblement. Suite à la déclaration de la manifestation, plusieurs directions d’établissements scolaires et institutions du centre de Paris ont fermé leurs locaux plus tôt par crainte de tensions. Parmi eux, les lycées Louis Le Grand, Henri IV et Saint-Louis, où les élèves internes ont été empêchés de sortir après 17 heures, plusieurs sites de la Sorbonne mais aussi l’Institut de recherche contre le cancer Curie.

En dépit de l’absence de grandes figures de l’extrême-droite et de la présence limitée à quelques centaines de personnes, la tenue d’un tel rassemblement rappelle celui qui avait eu lieu un an auparavant après le meurtre de Lola par une femme atteinte de troubles psychiatriques. Cependant, alors qu’à l’époque la campagne avait connu un succès limité, l’extrême-droite a cette fois réussi à lancer une campagne nationale, conduisant même le gouvernement à s’aligner en partie sur son récit qui transforme une altercation violente et meurtrière dans une soirée en une opération quasi-militaire visant les « Blancs ».

Faire front face à l’extrême-droite

Ce récit au service d’une propagande raciste qui a donné lieu à une série d’initiatives de groupuscules, de l’expédition punitive de néo-nazis à Romans-sur-Isère, en passant par différents rassemblements, des défilés de militants d’extrême-droite dans des villes comme Lyon, Rennes, Grenoble ou des tags sur des mosquées comme à Bordeaux. Si ces mobilisations réunissent à ce stade un petit secteur de militants d’extrême-droite, elles ne doivent pas être sous-estimées, à l’heure où les groupuscules veulent profiter de leur exposition pour recruter.

Face à cette offensive, qui surfe sur le climat réactionnaire dans le pays entretenu par la politique du gouvernement, il y a urgence à faire front et à s’organiser contre l’extrême-droite. Le mouvement ouvrier a un rôle central à jouer en ce sens, aux côtés des organisations du mouvement social, notamment anti-racistes et antifascistes, pour structurer une réponse par en bas qui permette de mettre en déroute les groupuscules fascistes, et de construire un mouvement d’ensemble face à la crise actuelle, à rebours des divisions entre « campagnes » et « quartiers populaires » que cherche à alimenter l’extrême-droite.

Une perspective qui implique que les directions syndicales nationales rompent avec leur passivité actuelle, en décalage avec les offensives successives. Un front pour opposer une réponse à l’extrême-droite et au gouvernement devrait passer par faire de la réponse à chaque attaque une bataille de l’ensemble des travailleurs et des classes populaires. Un front qui devrait, en ce sens, lutter contre la loi immigration, les nouvelles attaques contre les chômeurs seniors, mais aussi chercher à élargir la mobilisation de soutien à la Palestine, contre le génocide et pour porter haut et fort les valeurs internationalistes du mouvement ouvrier.

Comme nous le soulignions récemment, « alors que l’extrême-droite ne cache pas sa volonté de frapper à nouveau les quartiers populaires et que les menaces contre les échéances militantes se multiplient, à l’image de l’attaque d’une projection sur la Palestine à Lyon le 11 novembre, la question d’assurer une auto-défense large face aux groupuscules violents revêt une importance croissante. Une tâche à laquelle devraient contribuer l’ensemble des organisations du mouvement ouvrier et du mouvement social, pour empêcher les attaques et garantir notre droit à nous organiser et nous mobiliser. »


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