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La propagation du virus s’accélère à Mayotte : le lourd tribut d’une gestion coloniale à la française

Alors qu’à compter du 11 mai l’ensemble des départements se préparent à lever le confinement, Mayotte fait figure d'exception. Le pic épidémique est encore à venir et la propagation du virus loin d’être maîtrisée, s'accélère encore. Les Mahorais paient cher la mainmise de l’impérialisme français sur l’île qui, tout en tant s'assurant la poursuite de l’exploitation de gisements de gaz et de pétrole, débarque son armée et organise des couvre-feux.

Jules Fevre

9 mai 2020

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Crédit-photo : Faid Souhaili / AFP

Dans son dernier bulletin d’informations publié jeudi, l’ARS de Mayotte confirmait 854 cas touchés par le Covid-19 pour une population d’environ 279 000 habitants, alors que dimanche celle-ci déplorait 650 cas. Devant cette accélération de la propagation du virus, et alors que la quasi-totalité des départements du territoire français devrait lever le confinement lundi, Dominique Voynet, la directrice de l’ARS et ancienne ministre, annonce la couleur : « Tous les deux ou trois jours, il y a un doublement du nombre de cas [...] On constate une augmentation des tests positifs », qui avoisinent « les 30% à 45% par jour ». Un terrible constat après plus de deux mois de confinement, et la conséquence d’une gestion coloniale par l’Etat français de l’île de Mayotte, qui demeure dans une très grande précarité économique, sociale et sanitaire. 

En effet, à Mayotte, 84% de la population vit sous le seuil de pauvreté, 50% en clandestinité, près d’un tiers n’a pas de logements avec accès à l’eau courante, lesquels représentent quatre fois sur dix des fabrications faites de bois, de terre et de tôles. De plus, comme le rappelle l’Insee, 21 % de ces habitations ne sont pas reliées à l’électricité, et près d’un tiers de la population vit généralement en ménage à quatre, dans une à deux pièces. Dans ces conditions, les mesures de confinements prises en mars, sans être combinées à des moyens massifs (masques, blouses, gels hydroalcooliques, tests) pour permettre au système hospitalier de l’île, déjà en tension avec l’épidémie de dengue, de faire face à la crise sanitaire, ont accentué la très grande précarité qui règne sur l’île. A titre d’exemple, de nombreux enfants se sont vu privés des repas servis dans les cantines, parfois seule véritable collation de la journée pour des milliers de familles. Sans parler de l’impossibilité pour une partie importante des travailleurs de Mayotte de bénéficier des mesures de chômage partiel, quand la part des emplois non déclarés est très élevée. 

Mais non content de faire prendre de nouvelles propensions à la précarité des habitants du département le plus pauvre de France, l’impérialisme français, comme à chaque crise, qu’elle soit économique, sociale ou sanitaire, leur impose une présence armée et entreprend d’accentuer les mesures de répression : couvre-feux, permission du port de matraque pour les équipes de sécurité de l’Education nationale, violences policières, etc. Comme pour rappeler l’histoire coloniale de l’Etat français, qui s’est efforcé de conserver sa mainmise l’île, quitte à lui dénier toute volonté d’indépendance, trop soucieux de préserver une colonie qui lui permet d’exploiter les gisements de gaz et de pétrole au niveau du Canal du Mozambique. Mais aussi, pour conserver une présence en plein Océan indien, carrefour stratégique.

Alors que se combine l’épidémie de Covid-19 avec la dengue, il apparaît urgent de revendiquer contre la présence répressive des forces militaires françaises et le confinement autoritaire imposé par l’impérialisme français, qui risque encore de se prolonger, des masques gratuits pour tous, des campagnes de test massives, mais aussi l’auto-organisation démocratique des travailleurs pour planifier une perspective de reprise, ainsi qu’une allocation universelle à la hauteur du SMIC pour les plus précaires, quand 84% de la population est sous le seuil de pauvreté !


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