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Silence on mutile

Étudiant éborgné à Rennes : non-lieu prononcé pour les deux policiers

Le 28 avril 2016, Jean-François Martin reçoit un LBD dans l’œil lors d'une manifestation qui lui en fait perdre l'usage. Quatre ans plus tard, c'est la loi du silence qui gagne, avec un non-lieu pour les deux policiers mis en cause. Une conclusion qui résonne d'autant plus avec le mouvement contre les violences policières que l'on connaît aujourd'hui.

Sara Yuki

26 juin 2020

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Alors âgé de 20 ans et étudiant en géographie, Jean-François Martin se rend à une manifestation contre la loi Travail à Rennes. Ne faisant parti d’aucune organisation militante, il s’est intéressé petit à petit au mouvement en participant aux AG de sa fac. Blessé une première fois le 9 avril au mollet, il avait fui les manifestations. Mais le 28 avril, guéri, il se rend pacifiquement à ce rassemblement. Or, les blocages mis en place par les forces de l’ordre la police entraînent un mouvement de foule et, voulant se protéger, Jean-François tente de s’éloigner sur un pont. C’est là qu’il est touché par le tir d’un LBD 40 qui le fait tomber. Il en perd l’usage de l’œil gauche qui doit être énucléé. Jean-François Martin porte plainte contre X pour « violences aggravées ayant entraîné une infirmité permanente ».

Un jeune homme présent au moment des faits se souvient : « ce n’était pas un projectile de manifestant, une pierre ou une fusée, parce que c’était bien trop rapide ». La conclusion est évidente, ce sont les forces de l’ordre qui ont éborgné cet étudiant.

Deux policiers ont fait usage de leur arme à ce moment là, d’abord mis en examen, ils sont ensuite placés comme témoins assistés pour "violences volontaires ayant entraîné une infirmité ou une mutilation permanente par personne dépositaire de l’autorité publique".

Le parquet de Rennes considère que l’auteur n’a pas pu être identifié avec certitude ce qui mène à la conclusion d’un non-lieu. C’est donc la loi du silence qui remporte la bataille.

Jean-François Martin a fait appel et cherche des témoins, des vidéos ou des photos pouvant compléter son dossier.

Impunité policière

Cette décision fait écho au mouvement contre les violences policières qui ont majoritairement lieu dans les quartiers populaires et les manifestations, et à la lutte des victimes de ces violences systémiques et de leurs famille pour obtenir justice et vérité. Un homme a perdu l’usage d’un œil pour avoir voulu s’écarter de la foule et quatre ans plus tard, il se retrouve face à un non lieu.

Cette décision de justice montre à quel point ces violences sont protégées, et à quel point les policiers bénéficient d’une totale impunité. Les victimes font d’abord face à la violence physique, puis à la violence morale, en voyant leur agression systématiquement niée par l’institution judiciaire et policière.


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