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Justice à plusieurs vitesses

Brésil. La cour Suprême brésilienne refuse une nouvelle fois la libération de Lula

La cour Suprême vient de refuser la libération de Lula, incarcéré depuis plus d'un an. Et ce bien que le juge Moro, l'instructeur de l'affaire Lava Jato contre la corruption, soit mis en cause pour sa partialité dans le jugement de Lula.

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Les deux demandes de remise en liberté déposées par l’ex-président du parti des travailleurs, Lula ont été rejetées ce mardi 25 juin par la justice brésilienne. Le premier recours déposé par la défense concerne les vices de procédure durant l’instruction judiciaire. Ce premier a été largement rejeté par la cour Suprême.

Déposé dès décembre 2018, le second recours met en cause l’impartialité de Sergio Moro, juge chargé de l’enquête anti-corruption qui a mis Lula en prison. Les scandales de corruption au Brésil éclaboussent régulièrement les hommes politiques et patrons. Mais les juges chargés des enquêtes anti-corruption, tels que Moro, ont des critères flexibles. Aujourd’hui ministre de la justice du gouvernement d’extrême-droite de Bolsonaro, le juge est bien récompensé après avoir servi les intérêts de la bourgeoisie brésilienne. Le site The Intercept a révélé des conversations de Telegram entre Sergio Moro et Deltan Dallagnol, principal procureur chargé de l’affaire Lava Jato, qui avait mis en œuvre le coup d’Etat institutionnel contre Dilma Roussef. Celui-là même a empêché Lula de se présenter aux élections présidentielles alors qu’il était en tête des sondages. Ces révélations mettent en lumière la partialité du juge Moro : son implication direct dans le procès politique contre Lula et contre le PT mais aussi que Moro protège les intérêts de l’impérialisme américain.

Après ces révélations, ce deuxième recours a polarisé un peu plus les juges puisqu’il a été rejeté à 3 votes contre deux. Une partie des juges argumentait que les messages ne devraient pas servir à fonder une remise de peine à Lula pour le moment, tout du moins en attendant le rapport de l’enquête policière au sujet de ces messages. Mais qui va enquêter sur l’authenticité des fuites ? C’est la police fédérale dirigée par Sergio Moro. C’est une absurdité qui montre que cette critique ne cherche pas à connaître la moindre vérité.

Dans tous les cas, même si deux juges sur cinq se sont prononcés pour sa libération provisoire jusqu’à l’examen de la conduite de Moro, les critiques adressées à l’opération Lava Jato ne sont pas dus à des interprétations juridiques différentes mais à des intérêts politiques divergents au sein de la Cour suprême et sur la manière de diriger le pays.

Tous les juges partagent avec Moro ou Bolsonaro la nécessité de vendre le pays l’impérialisme à une échelle supérieure que l’avait fait le PT et soutiennent les attaques contre les droits des travailleurs. La cour Suprême dans son ensemble, et même les juges qui critiquent aujourd’hui Moro et l’opération Lava Jato, ont joué un rôle décisif dans le coup d’Etat institutionnel, dans l’emprisonnement arbitraire de Lula en 2018 et dans son interdiction à se présenter aux élections présidentielles.

Les camarades du Mouvement révolutionnaire des travailleurs du Brésil, organisation qui anime le quotidien en ligne Esquerda Diario du réseau international Izquierda Diario dont Révolution Permanente est membre, défendent « la liberté immédiate de Lula, sans donner aucun soutien politique au PT, qui parie et fait confiance à la Cour suprême et au pouvoir judiciaire et a ouvert la voie au coup d’État institutionnel ses alliances avec la droite traditionnelle et les secteurs les plus néfastes de la politique brésilienne ». Or, « pour lutter contre la réforme des retraites aujourd’hui et se défendre contre toutes les attaques patronales, les privatisations et autres ajustements néolibéraux, nous devons mener une politique indépendante des tous les piliers institutionnels réactionnaires et de l’autoritarisme judiciaire ». Vendredi dernier des centaines de milliers sont descendus dans les rues brésiliennes pour lutter contre la réforme des retraites de Bolsonaro et sa politique néolibérale. Et ce en dépit de la trahison de principales centrales syndicales du pays. La force des manifestations des travailleurs en grève est la seule capable de faire plier un tel gouvernement ainsi que cette justice au service de l’ordre établi.


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