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Agriculteurs

Attal soigne la FNSEA et réprime les agriculteurs qui dénoncent Lactalis

Les 200 agriculteurs de la Confédération paysanne ont été expulsé par les CRS lors de l'occupation du siège de Lactalis. Une répression qui dévoile le deux poids deux mesures du gouvernement lorsqu'il s'agit de la Confédération paysanne ou de la FNSEA, syndicat pro-patronal.

Daniel Matisa

22 février

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Attal soigne la FNSEA et réprime les agriculteurs qui dénoncent Lactalis

Crédit photo : X (anciennement Twitter) de la Confédération paysanne

Le 21 février, en début d’après-midi, 200 agriculteurs ont investi le siège de Lactalis à Laval (Mayenne) à l’initiative de la Confédération paysanne. Venus de Bretagne, des Pays de la Loire et du Centre, ils ont occupé l’ensemble du bâtiment pendant toute l’après-midi. Des banderoles ont été déployées, sur lesquelles on pouvait lire « Lactalis, prédateur de la valeur », pendant que les agriculteurs scandaient « Lactalis, lacto terroriste » ou encore « Besnier [PDG de Lactalis, ndlr], arrête de faire ton beurre sur notre labeur ». Après plusieurs heures d’occupation et le refus catégorique de la direction de rencontrer les agriculteurs, des CRS sont venus expulser les manifestants.

Cette action visait à mettre en avant ce que la Confédération Paysanne dénonçait déjà dans un communiqué du 7 février dernier, à savoir les « pratiques de prédation de la valeur » de Lactalis et l’imposture de la loi Egalim, supposée garantir un prix d’achat au producteur supérieur au coût de revient, loi qui n’est en vérité qu’un « écran de fumée ». Laurence Marandola, porte-parole de la Confédération Paysanne, revendiquait ainsi au micro de CLPRESS « l’application de l’interdiction de transaction en deçà du prix de revient pour le lait ». Sur BFM TV, elle soulignait la responsabilité de Lactalis dans « [l’écrasement] des revenus paysans ».

De fait, Lactalis est l’un des poids lourds de l’industrie agroalimentaire. Multinationale puissante et principal acteur de l’industrie laitière en France, le groupe est notamment soupçonné de blanchiment de fraude fiscale aggravé et aurait caché plusieurs centaines de millions d’euros au fisc. Par ailleurs, Lactalis a bénéficié de millions d’euros d’aide de la Pac (Politique agricole commune), 49 millions d’euros en France entre 2002 et 2013, et également d’autres aides régionales. De toute évidence, ces aides ne bénéficient aucunement aux agriculteurs. Au contraire, ils nourrissent encore davantage les profits réalisés par Lactalis, déjà bien renforcés par leur mainmise absolue sur les prix d’achats du lait qui ne cesse d’appauvrir les producteurs.

Le 25 janvier dernier, au 20h de TF1, Gérald Darmanin déclarait que l’ « on ne répond pas à la souffrance en envoyant des CRS ». S’il est vrai que lors des manifestations encadrées par la FNSEA, dont les mots d’ordre étaient pro-patronales et anti-écologiques, le gouvernement n’a pas osé broncher et a concédé à la FNSEA un certain nombre de ces revendications, c’est bien par crainte de voir se radicaliser la base des agriculteurs. Mais ici, lorsque les agriculteurs de la Confédération paysanne se confrontent directement aux multinationales qui détruisent leurs conditions de vie, les CRS sont immédiatement envoyés pour expulser les occupants. Un deux poids deux mesures qui montrent toute l’hypocrisie du gouvernement.

Lire aussi : Moins d’écologie, plus d’exploitation : l’exécutif donne de nouveaux gages à la FNSEA

C’est que l’action du 21 février met en lumière le véritable problème : l’hégémonie et la toute-puissance des géants de l’industrie agroalimentaire. Lactalis n’est pas la seule multinationale à s’enrichir sur le dos des producteurs. On pourrait également citer Avril, InVivo ou bien encore Sodiaal. En tout cas, on retiendra que lorsque les agriculteurs vont témoigner de leur souffrance à ceux qui en sont directement responsables, il faut peu de temps avant que les CRS viennent les traîner dehors et les empêcher de manifester leur colère.


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