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Appel national à la grève pour les salaires chez EDF le 30 janvier : « Il faut une reconductible ! »

Alors que les centrales nucléaires de Cruas et de Bugey sont en grève pour les salaires depuis plusieurs semaines, l'intersyndicale appelle à une grève nationale le 30 janvier.

Ivan Ferrero

24 janvier

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 Appel national à la grève pour les salaires chez EDF le 30 janvier : « Il faut une reconductible ! »

Crédit photo : Wikicommons

Une grève pour les salaires dans le contexte des NAO

Cela fait maintenant un mois qu’en France un mouvement de grève pour les salaires a commencé dans les centrales nucléaires. En effet, depuis Noël les agents EDF de la centrale de Cruas-Meysse (Ardèche) débrayent quotidiennement afin de retarder la remise en marche de l’un des réacteurs.
Le 16 janvier, les agents de la centrale de Bugey (Ain) ont également rejoint le mouvement, portant à deux le nombre de réacteurs nucléaires à l’arrêt dans l’hexagone.

A l’origine du mouvement, les Négociations Annuelles Obligatoires (NAO) qui ont abouti à une augmentation salariale de seulement 2% au sein de la branche industries électriques et gazières (IEG), accompagnée d’augmentations individuelles de 0,6 à 1,5%. Pour couronner le tout, ces dernières reposent sur des bases extrêmement floues comme l’explique Bastien Martin-Sisteron, délégué syndical CGT à la centrale de Bugey : « Ils proposent des augmentations sur la base de mesures discriminatoires et absurdes. En réalité, seulement un quart des agents vont toucher cette augmentation ».

Face à une inflation de 4,9 % en 2023, ces augmentations entérinent ainsi une perte de pouvoir d’achat réel des agents EDF. A ce propos, Charlotte Perrin déléguée syndical CGT à la centrale de Tricastin (Vaucluse), qui pourrait bientôt rentrer en grève, s’insurge : « les propositions sont inadmissibles, notre porte-monnaie est vide de plus en plus tôt chaque mois, beaucoup ne vivent que grâce aux heures supplémentaires ! ».

Des profits record, des prix qui augmentent et des salaires qui baissent

Cette situation dénoncée par l’ensemble des agents contraste fortement avec les six milliards d’euros de bénéfices de EDF en 2023. « A Tricastin, on a reçu beaucoup de mails de félicitations pour notre travail, mais quand il s’agit d’augmenter nos salaires il n’y a plus personne » témoigne ainsi Charlotte, salariée chez EDF.

Récemment, le ministre de l’Economie Bruno Lemaire a annoncé une hausse des prix de l’électricité de près de 10 %,. David Hallier, délégué syndical CGT sur le site de Cruas, dénonce cette nouvelle mesure prise unilatéralement par la direction et qui va durement impacter les classes populaires : « le prix de l’électricité est complètement déconnecté de la masse salariale, c’est géré uniquement par le marché. Nous, on veut pouvoir décider des prix, de comment on répartit les profits et où est-ce qu’on investit ».

Un mouvement de grève qui pourrait continuer de s’étendre dans les prochaines semaines

C’est dans ces coordonnées que l’intersyndicale nationale (CGT, FO, CFE-CGC, CFDT) a décidé d’appeler à une journée de grève dans l’ensemble des sites EDF. Une date qui pourrait permettre d’étendre la grève en cours et de durcir le rapport de force. « Lorsque l’on frappe tous ensemble, ça peut faire dérailler tout le réseau et leur faire perdre beaucoup d’argent en les obligeant à acheter de l’électricité à l’étranger. C’est en se coordonnant qu’on peut créer un vrai rapport de force » défend ainsi David Hallier.

Pour autant, cet appel arrive bien tard pour les agents EDF déjà en grève depuis plusieurs semaines : « Le 30 janvier on sera entre 60 et 70% de grévistes, mais c’est une date trop tardive pour appeler à la mobilisation, on est en grève depuis Noël ! L’intersyndicale a scié la branche sur laquelle elle était » continue le syndicaliste.

Du côté de la centrale de Tricastin où le mouvement n’a pas encore démarré, la situation pourrait évoluer très rapidement explique Charlotte Perrin : « On sent une grogne parmi les agents, ça peut partir à tout moment. On a prévu avec les autres syndicats de faire une assemblée générale avant le 30 pour que tout le monde puisse décider. Mais il va falloir une grève reconductible si on veut des augmentations ».

La date du 30 janvier sera une journée importante et une occasion pour durcir largement le rapport de force contre la direction d’EDF afin d’arracher de réelles augmentations de salaire. Une perspective à construire d’ici au début de la grève, en faisant comme le raconte la déléguée syndicale de Tricastin des assemblées générales en amont de la journée. Face à une direction qui méprise les agents EDF, c’est seulement unis et par la lutte que les travailleurs pourront obtenir gain de cause.


      
  
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