×

(In)justice

Son ouvrier fait une chute de 4 mètres. Le patron ne va pas en prison car, selon la juge, « c’est un chef d’entreprise »...

Au tribunal de Narbonne, on en apprend… de bien bonnes. Quand on est chef d’entreprise et que l’on est jugé pour la chute de quatre mètres d’un ouvrier de sa boite qui se blesse grièvement, on n’écope « pas de peine de prison avec sursis car [on] est un chef d'entreprise ». D’une amende de 5000 euros, au plus…

Facebook Twitter

On comprend, à la lecture de ce premier jugement qui a été rendu jeudi 4 février, à Narbonne, la morgue du patron en question. À l’automne 2013, ce chef d’entreprise avait pris un chantier sur le site du CFA de Lézignan-Corbières. Ses salariés interviennent alors sur un toit, à quatre mètres de hauteur. Quelques jours après le début du chantier, l’un d’eux fait une chute extrêmement grave et souffre de fractures multiples.

L’accident a lieu un vendredi, alors qu’il faut se presser. Tous ceux qui travaillent ou ont pu travailler dans le BTP connaissent les rythmes et les exigences sur les chantiers, où les contremaîtres et chefs de travaux cravachent allègrement les ouvriers. En témoigne le triste record du BTP en termes de morts au travail.

Dans le cas du chantier de Lézignan, Henri Gerkens, le chef d’entreprise, est affirmatif lorsqu’il est appelé à la barre : « Je leur avais dit de prendre les harnais, ils étaient dans le camion et ils n’ont pas jugé utile de le mettre ! ». La présidente du tribunal ne lui laisse même pas le temps de finir : « en effet, dit-elle, le matériel a été retrouvé dans le véhicule par les gendarmes ». Et l’avocat de Gerkens de renchérir : « Peut-on reprocher [à son patron de client] que le matériel n’ait pas été utilisé ? ».

La plaidoirie de l’avocate du salarié gravement blessé n’a servi à rien : « on met tout sur le dos de l’ouvrier ! Il a une méconnaissance totale du dispositif de sécurité ». Le jugement était couru d’avance : une amende de 5 000 euros pour le chef d’entreprise. Circulez, c’est jugé. « Que vous soyez puissant ou misérable, écrivait un certain Jean de La Fontaine, au temps de la justice des rois, les jugements de cour vous feront blanc ou noir ». La justice des patrons sous la République ne vaut pas mieux, semble-t-il.


Facebook Twitter
Jeux olympiques, salaires : vers une forte mobilisation des cheminots le 21 mai en Île-de-France

Jeux olympiques, salaires : vers une forte mobilisation des cheminots le 21 mai en Île-de-France

RATP CAP : 95 % des conducteurs de Wissous et du tramway T10 en grève pour les salaires

RATP CAP : 95 % des conducteurs de Wissous et du tramway T10 en grève pour les salaires

Répression : 9 soignants en GAV après s'être mobilisés contre la fermeture des urgences de Carhaix

Répression : 9 soignants en GAV après s’être mobilisés contre la fermeture des urgences de Carhaix

Grève à Radio France : quelles suites après la journée réussie du 12 mai ?

Grève à Radio France : quelles suites après la journée réussie du 12 mai ?

La condamnation de Safran pour homicide involontaire confirmée en appel : une victoire pour les ouvriers

La condamnation de Safran pour homicide involontaire confirmée en appel : une victoire pour les ouvriers

Grève victorieuse : les pompiers de la raffinerie de Grandpuits font plier Total !

Grève victorieuse : les pompiers de la raffinerie de Grandpuits font plier Total !

Lutte pour les salaires à Capgemini : une grève qui envoie un signal à l'ensemble du secteur

Lutte pour les salaires à Capgemini : une grève qui envoie un signal à l’ensemble du secteur

Liquidation judiciaire de MA France : 400 familles au chômage malgré les profits records de Stellantis

Liquidation judiciaire de MA France : 400 familles au chômage malgré les profits records de Stellantis