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Débarquée en bonne et due forme

Rokhaya Diallo. La chasse aux sorcières est ouverte

Le Conseil National du Numérique : un « bidule » voulu par Hollande en 2012 censé donner du lustre à sa « politique 2.0 ». Macron l’a repris à son compte comme un outil pour y faire de la promotion de la « diversité » à travers des personnalités du monde économique, académique et de la soi-disant société civile, si chère à Macron. Sauf que lorsque la « société civile » est trop abrupte, on l’expulse en bonne et due forme. C’est ce qui est arrivée à Rokhaya Diallo, qui subit, en ce moment, un double lynchage, politique et médiatique qui en dit long sur notre beau pays...

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Ce que l’on reproche à Rokhaya Diallo, journaliste, chroniqueuse et essayiste aux opinions tranchées, proche, selon ses détracteurs, des positions du Parti des Indigènes de la Républiques ? Précisément, ses opinions. Mais ce qui aurait fait scandale pour la plupart de la caste journalistique, qui n’aurait toléré un seul instant qu’un de leur confrère-bien-établi-mâle-et-blanc soit un jour sanctionné pour des prises de positions qui seraient considérées comme trop peu consensuelles, marche en revanche pour Rokhaya Diallo. Sa seule présence au CNNum ferait obstacle à la « sérénité pour travailler », selon Mounir Mahjoubi, secrétaire d’Etat au Numérique, qui a cassé mercredi la nomination par décret qui avait été publiée deux jours avant.

Ayant à plusieurs reprises réaffirmé son opposition aux lois sur les signes religieux ostentatoires dans les établissements scolaires et sur le port du voile intégral dans l’espace public, avoir parlé de « racisme d’Etat » à propos du système politico-institutionnel hexagonal, ne s’être pas solidarisée, en 2011, de Charlie Hebdo, pour la première publication des caricatures de Mahomet, ou encore avoir défendu le festival afro-féministe d’août 2016 à Reims, Rokhaya Diallo serait devenue le symbole de tout ce qui peut nuire à la République. C’est à ce titre que la députée LR Valérie Boyer a ouvert les hostilités contre Diallo, dès mercredi, y incluant le rappeur Axiom. C’est ainsi que le gouvernement a fini par céder : persona non grata.

Que Rokhaya Diallo soit chroniqueuse à l’émission de Cyril Hanouna n’est pas un signe d’anti-féminisme. Avoir une lecture à rebours d’un « féminisme » qui ferait du voile le symbole par excellence de l’oppression des femmes, oui. A l’opposé, tout à sa volonté de faire de Rokhaya Diallo une dangereuse « personnalité politique clivante qui méprise une partie de la population », Boyer en vient à oublier que Diallo a été la seule française invitée au lancement de la Fondation Obama, la « main gauche » de l’impérialisme étasunien. Ni Frantz Fanon, ni CLR James, qui aujourd’hui seraient traités d’islamo-gauchistes, ne se seraient prêtés à ces petits accommodements : Obama d’un côté, l’ONU de l’autre, l’émission people et le CNNum pour finir. Mais c’est tout le reste qui fait scandale pour Boyer, Mahjoubi et les autres.

Être femme, Noire, et défendre ses idées, c’est trop pour la République des Droits de l’Homme. C’est trop pour Valls qui ne perd pas une occasion pour attaquer Danielle Obono, députée France Insoumise de Paris. C’est trop pour la droite qui débouche les égouts du racisme qui ne dit pas son nom (quoi que Wauquiez fasse des efforts remarquables de clarification). La chasse aux sorcières contre Rokhaya Diallo n’est jamais que l’expression, au plus haut niveau, de mécanismes structurels sur lesquels le système dans son ensemble construit ses instruments de contrôle, d’oppressions multiples et, le cas échéant, de répression. Nommée un lundi, éjectée un mercredi, le temps d’un tweet d’une députée LR anciennement porte-flingue de François Fillon et de quelques déclarations de l’ex-Premier ministre le plus impopulaire de l’histoire de la V° République, l’homme qui s’est converti à la barbe : Manuel Valls. Voilà qui est révélateur.


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