Mahamadou Camara, le frère de Gaye, après l’audience à la cour d’appel de Paris
La nuit du 16 au 17 janvier 2018, une équipe de la BAC surveille une voiture Mercedes qui aurait été volée. Une seconde voiture s’arrête, un homme descend de la voiture et prend le volant de la Mercedes. La seconde voiture redémarre, et c’est alors que les policiers ouvrent le feu et tirent à huit reprises sur le véhicule. Gaye Camara, vingt-six ans, est touché d’une balle dans la tête. Le jeune homme décède à l’hôpital le 19 janvier, tandis que ses amis sont placés en garde-à-vue.
Depuis ce jour, la famille de Gaye Camara et le collectif qui s’est formé en soutien ne cessent d’exiger justice et vérité pour Gaye. Un long combat s’est engagé pour la famille qui s’est constituée partie civile et a déposé plainte pour homicide volontaire, et n’a subi que le mépris de la justice. Faisant traîner le dossier, un juge d’instruction n’a été désigné qu’après quatre mois, et très peu d’actes d’enquête ont été réalisés.
C’est dans ce contexte que le juge d’instruction a finalement opté pour un non-lieu en octobre 2019, invoquant la légitime défense pour déresponsabiliser le policier ayant tué Gaye Camara. Une position scandaleuse d’autant plus difficile à tenir que Gaye n’était pas présent sur le territoire français au moment du vol de la voiture.
La famille a fait appel de la décision de non-lieu et se tenait ce mardi après-midi l’audience devant la Chambre de l’instruction. Des dizaines de soutiens ont fait le déplacement, dont des figures comme Assa Traoré, Olivier Besancenot, ou encore Eric Coquerel.
Olivier Besancenot, pte-parole du @NPA_officiel, au rassemblement de soutien à la famille de Gaye Camara : "On est nassés, on nous empêche d'apporter notre soutien, mais on continuera à faire entendre la voix de la vérité et de la justice"#ViolencesPolicieres @olbesancenot pic.twitter.com/kB7WRdzECg
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@ericcoquerel, député France Insoumise " En 2018 un jeune d'Epinay s'est fait tué par des policiers, depuis j'ai soutenu sa famille dans leur recherche de vérité pour savoir ce qui a causé la mort d'un jeune homme qui ne représentait aucun danger pour quiconque" pic.twitter.com/EPIJhNcY6T
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Devant la salle de l’audience, qui se tenait à huis-clos, le frère de Gaye Camara, Mahamadou Camara, l’a expliqué : « Moi j’y crois pas à la justice française. On est dans l’obligation de se battre et de s’unir pour faire tomber le système. Si vous voyez que les policiers continuent à tuer c’est parce que la justice, l’Etat, et toutes ses institutions, les protègent. J’en ai fait un combat, j’y laisserai ma vie pour que la dignité de mon frère soit rétablie. »
Mahamadou Camara, frère de Gaye, devant la salle d'audience : « J’y crois pas à la justice française, il y a une justice divine. On est dans l’obligation faire tomber le système parce que la justice, l’Etat, et toutes ses institutions, les protègent. J’en ai fait un combat." pic.twitter.com/n0Yh44uVZI
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Il a ajouté : « J’ai participé à l’assassinat de mon frère, j’ai voté pour Hollande qui a fait passer une loi en février 2017 qui permet aux policiers de tirer à n’importe quel moment, et de tirer à deux reprises. Qui nous protège de ces gens-là ? Qui nous protège de ces institutions ? ».
Mahamadou Camara, frère de Gaye : « J’ai participé à l’assassinat de mon frère, j’ai voté pour Hollande qui a fait passer une loi en février 2017 qui permet aux policiers de tirer à n’importe quel moment, et de tirer à deux reprises. Qui nous protège de ces institutions ? » pic.twitter.com/jKN8b0U9Na
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Alors qu’une bonne partie de la famille et des soutiens attendaient devant la salle d’audience, les soutiens situés à l’extérieur du Palais de Justice, dont Assa Traoré, se sont fait nasser par la police toute l’après-midi.
"On est là pour dire non au non-lieu que la justice française veut imposer à la famille de Gaye Camara (...) Et nous sommes nassés par la police française qui nous empêche de circuler". Assa Traoré @laveritepradama #impunitepoliciere #ViolencesPolicieres #AssaTraore #GayeCamara pic.twitter.com/IfKL1ZjPmV
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Le délibéré sera rendu dans plusieurs jours. Toutefois, à l’issue de l’audience, l’avocat de la famille de Gaye, Yassine Bouzrou, s’est montré pessimiste. Il a ainsi expliqué que les arguments des parties civiles n’avaient pas été entendus, et qu’il avait le sentiment que la décision serait négative et le non-lieu confirmé, impliquant qu’il n’y aura jamais de reconstitution, ni d’exploitation des images de vidéosurveillance, ni d’audition des policiers et notamment celui qui a tiré à huit reprises sur un véhicule et qui a donné la mort à Gaye Camara d’une balle dans la tête.
Yassine Bouzrou avocat de la famille Camara après l’audience :"Je pense que le non-lieu sera confirmé, qu’il n’y aura jamais de reconstit° ni d’exploit° des images ni d’audit° des policiers et de celui qui a tiré à 8 reprises et a donné la mort à G Camara d’une balle dans la tête" pic.twitter.com/DZPngNIY2b
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Cette décision était prévisible, d’après Mahamadou Camara qui dénonce la justice à deux vitesses qui défend et inculpe toujours les mêmes. Le cas de Gaye Camara n’est en effet pas isolé comme le rappelait récemment Bastamag en estimant que 67% des affaires de ce type aboutissent à un classement sans suite ou un non-lieu.
A la suite de l’audience, famille, amis et soutiens sont sortis le cœur plein de colère, criant « Pas de justice, pas de paix ». Ils ont rapidement été encerclés par des dizaines de policiers qui ont fait monter la pression et ont tenté de nasser la centaine de personnes présentes.
Le comité Justice pour Gaye Camara, qui s’est mobilisé ces dernières semaines contre la Loi sécurité globale et la loi séparatisme, appelle à un rassemblement ce samedi 19 décembre, à 14h, au stade Lionel Hurtebize à Champs-sur-Marne pour continuer le combat et exiger la justice pour Gaye et pour toutes les victimes de violences policières. Soyons nombreux pour les soutenir !