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Réforme du droit du travail

Journée de grève générale en Grèce : « Mitsotákis cherche à criminaliser l’organisation des grèves »

Jeudi dernier, la Grèce a été le théâtre d’une grève générale contre une nouvelle loi antisociale réformant le droit du travail et criminalisant le droit de grève. Des manifestations se sont déroulées dans une dizaine de villes.

Lisa Mage

26 septembre 2023

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Journée de grève générale en Grèce : « Mitsotákis cherche à criminaliser l'organisation des grèves »

Crédits photos : NAR

Ce jeudi, des milliers de travailleurs se sont mis en grève et ont manifesté dans plus de dix villes de Grèce. En cause, une nouvelle offensive antisociale du gouvernement de droite. Cette nouvelle réforme du travail permettrait notamment d’augmenter la durée de travail maximum à 13 heures par jour et 78 heures par semaine. Elle vise aussi à criminaliser les piquets de grève en prévoyant des amendes et des peines d’emprisonnement pour ceux qui « intimident » leurs collègues, physiquement ou psychologiquement, lors d’un mouvement social, rendant passible ces délits de 5000€ d’amende et/ou 6 mois de prison : « Le gouvernement cherche pratiquement à criminaliser l’organisation d’une grève », explique ainsi Yorgos Michailidis, militant du NAR, organisation d’extrême-gauche en Grèce.

Cette réforme permettrait aussi de travailler pour plus d’un employeur dans la même journée, d’instaurer une période d’essai de 6 mois durant laquelle le salarié n’aurait aucun droit et prévoit aussi la mise en place du « contrat zéro heure », avec lequel « le salarié sera appelé vingt-quatre heures à l’avance pour travailler uniquement lorsque l’entreprise en aura besoin, et ne sera rémunéré que pour les heures travaillées » explique Courrier international.

Au-delà du rejet de la réforme, les manifestants dénoncent aussi la casse des services publics, la privatisation croissante des services essentiels de la société grecque, en grande partie responsable de la gestion désastreuse des récents drames climatiques ayant eu lieu en Grèce. « Les slogans étaient axés sur la question de la réforme du travail, mais certains participants à la manifestation ont également fait le lien entre l’attaque contre nos droits du travail et les récents incendies et inondations » explique Yorgos Michailidis.

Le militant explique également : « La mobilisation a été appelée par les principaux syndicats, à savoir l’ADEDY (syndicat du secteur public) et le Centre du travail d’Athènes, qui y a appelé mais avec beaucoup de retard. De nombreuses branches ont participé à la grève, des travailleurs des transports, des enseignants, pompiers, travailleurs du tourisme, étudiants, jusqu’aux travailleurs de certaines usines ».

Cette mobilisation est une démonstration de la crise sociale et du mécontentement qui touche une grande partie de la population en Grèce, et montre le potentiel de la classe ouvrière dans un pays qui subit depuis des décennies les politiques d’austérité de son gouvernement, épaulé par l’Union européenne et le FMI qui asphyxient le pays via le remboursement de la dette. Or, certaines fédérations syndicales proches du gouvernement, telles que la GSEE (syndicat du secteur privé), n’ont pas « approuvé » la grève générale. Yorgos Michailidis explique ainsi : « Malheureusement, il n’existe pas de plan global pour intensifier les grèves. Certains syndicats de base font pression pour une nouvelle grève, mais aucune des forces majeures qui contrôlent les grands syndicats ne montre d’inclination pour quelque chose de plus dynamique pour l’instant. C’est également le cas du KKE [NDLR : Parti Communiste Grec], qui contrôle une grande partie des syndicats ».

En dépit de la posture très conciliatrice des syndicats majoritaires, la colère de la classe ouvrière grecque est très importante : « Lors de la dernière grève, nous avons constaté un changement d’état d’esprit. Malgré la trahison des grands syndicats, de nombreux travailleurs se sont mis en grève et sont venus à la manifestation, même si les transports publics ne fonctionnaient pas. Cependant, le mouvement syndical en Grèce doit échapper aux mains de ceux qui sont au pouvoir aujourd’hui car ils n’ont pas la volonté et le projet de bloquer réellement les réformes du gouvernement », affirme Yorgos Michailidis.

Cette colère est liée à la situation économique désastreuse de la Grèce, avec un taux d’inflation autour de 10%, alors même que le salaire moyen dans le domaine public est à peine de 830 euros. Mais ces manifestations sont aussi un rejet des offensives anti-sociales constantes d’un gouvernement régulièrement dénoncé pour ses nombreux scandales de corruption, d’espionnage ou encore autour du traitement des migrants.

La Grèce est ainsi secouée par de fortes séquences de lutte des classes depuis plusieurs années, de la grève générale de 2022 contre l’inflation et les bas salaires, à celle des 8, 13 et 16 mars 2023 suite à un accident de train ayant fait 57 morts, en passant par les manifestations massive de jeunesse, notamment contre l’impunité policière. Cette nouvelle journée de mobilisation vient illustrer une nouvelle fois l’instabilité économique et politique de la Grèce. Une instabilité dans laquelle les pouvoirs français et allemand, dans leur politique intransigeante vis-à-vis de la question de la dette, ont une responsabilité centrale.


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