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Conditions de travail

Grève à la gare Saint Lazare : « on nous change nos horaires de la veille au lendemain, c’est un calvaire »

Ce jeudi et vendredi, une grève devrait secouer les transports parisiens. Les cheminots font grève pour demander un changement dans la façon dont leurs horaires de travail sont gérées.

Arthur Nicola

23 juin 2022

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Crédit photos : Révolution Permanente. Des cheminots en grève en 2018

La colère gronde à la SNCF. En cause, la mise en place il y a quelques mois d’un nouveau logiciel de gestion des horaires de travail des cheminots appelé « Orion », qui semble être totalement hors de contrôle de la SNCF, et qui crée des changements constants des prises de poste et des fins de service. « De la veille au lendemain on te change tes journées, on te décommande, on te prévient au dernier moment. C’est vraiment un calvaire, au quotidien c’est difficile à vivre » nous confie Mehdi, conducteur à Saint Lazare, à bout. Le logiciel Orion a en effet brutalement changé l’organisation du travail. Le but : faire toutes les économies possibles sur le dos des cheminots et obtenir des gains de productivité en changeant les prises de postes ou les fins de services parfois de 15 minutes pour faire sauter le plus de primes possibles. Le logiciel est de surcroît censé remplacer petit à petit les postes de gestionnaires de moyens, chargés d’organiser le travail des conducteurs au sens large.

Dans une entreprise comme la SNCF, où la politique salariale se fonde sur des bas salaires compensés par des primes, le nouveau logiciel ne cesse d’accumuler les frustrations. C’est pourquoi, ce jeudi et ce vendredi, les cheminots des secteurs de Paris Saint Lazare, Paris Nord et Paris-Sud Est (Gare de Lyon) seront en grève. A Saint Lazare, c’est entre 70% et 80% de grévistes qui sont attendus sur les transiliens tandis que, fait exceptionnel depuis plusieurs années, le personnel roulant des grandes lignes en direction de la Normandie rejoindra lui aussi le mouvement.

Les salariés critiquent la mise en place de ce logiciel, à deux niveaux : celui de l’organisation des jours de travail, ainsi qu’à un niveau salarial. A la SNCF, de nombreux agents sont en roulement, c’est-à-dire qu’ils ont leur calendrier de travail longtemps en avance : « j’ai mes journées quasiment à l’année, nous explique ainsi Mehdi. Il peut y avoir des changements, comme pour des travaux, mais c’est cadré et on doit te prévenir 21 jours avant  ». Mais en ce moment, les cheminots que nous avons pu interroger nous disent tous la même chose : les horaires sont modifiés du jour au lendemain, même pendant les repos. La faute aux travaux, qui sont actuellement nombreux (une situation qui devrait se maintenir au moins jusqu’en 2026), mais surtout aussi à cause du nouveau logiciel. Une situation impossible pour beaucoup, qui habitent parfois loin de la région parisienne, et pour lesquels ces changements incessants mettent à mal leur vie de famille.

Mais au-delà des changements de calendriers, c’est aussi à cause des changements dans les rémunérations que les cheminots critiquent le logiciel Orion. Ils accusent celui-ci de chercher tous les moyens pour supprimer le plus de primes possibles, en changeant leurs horaires à la dernière minute. « Si on te modifie ta journée au dernier moment, on devrait avoir une IMC [indemnité de modification de commande, c’est-à-dire des horaires et trajets prévus, ndlr] » nous explique Mehdi, mais avec le nouveau logiciel, une nouvelle prime a été mise en place pour compenser les pertes des autres primes. Une prime avec « des critères inatteignables » selon un autre cheminot, qui accuse de fortes pertes de salaires.

Face à tout cela, les cheminots demandent tout simplement la suspension du logiciel, qui est censé être dans une phase de test, et qui n’est pas, de l’avis des cheminots, contrôlé par la direction : « chaque fois qu’on a affaire avec la direction, on a des réponses qui ne sont pas professionnelle du tout : on nous dit c’est comme ça, on n’arrive pas à gérer le logiciel parce qu’on est en test  ». Au niveau salarial, les syndicats réclament une prime de 1000€ pour les six derniers mois, en compensation de tous les préjudices subis.

Cette situation intenable s’ajoute à de nombreux autres problèmes, notamment la façon dont les congés sont pris, les cheminots dénonçant l’impossibilité pour beaucoup de les prendre l’été avec leur famille, ainsi que les difficultés à obtenir la prime carburant promise par la SNCF.


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Arthur Nicola

Journaliste pour Révolution Permanente.
Suivi des grèves, des luttes contre les licenciements et les plans sociaux et des occupations d’usine.
Twitter : @ArthurNicola_

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