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Atteinte au droit de grève

Grève Infrapôle. Sud-Rail assigne la SNCF pour atteinte au droit de grève

Face aux méthodes de la direction qui tente de casser la lutte des travailleurs de l'Infrapôle Paris Nord, SUD Rail a décidé d'assigner en justice l'entreprise pour ses atteintes au droit de grève.

Correspondant-e

3 mars 2021

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Crédits photo : Louizart

Depuis le 18 janvier, les travailleurs de l’Infrapôle Paris-Nord sont en lutte pour leurs conditions de travail.

Véritables forçats du rail, ils sont des ces « petites mains invisibles » qui assurent l’entretien des voies, le changement de kilomètres de rail ou le remplacement de « cœurs d’aiguilles ». Dans des conditions rudes, ce sont eux qui assurent la sécurité de la circulation ferroviaire et de tous les usagers.

Mais plutôt que d’accéder à leurs revendications, la direction fait le choix de briser la grève. Après avoir eu recours à des entreprises sous-traitantes pour remplacer des grévistes sur des chantiers qu’ils assurent habituellement seuls, elle a basculé l’ensemble de la brigade de jour. Pour elle, l’enjeu est clair : engager un bras de force moral et écraser ceux qui ont osé relever la tête. Car d’un point de vue de la production, cette décision est au mieux totalement absurde et au pire dangereuse pour les agents.

En effet, les agents de ces brigades ne peuvent intervenir de jour alors que les trains circulent sur les voies. Leurs interventions ne se réalisent que de nuit lorsqu’ils peuvent opérer de longs travaux sur les rails. En modifiant leur horaire pour les basculer de jour, ces agents grévistes sont mis au placard, sans aucune activité la journée dans le seul but de les démoraliser et de leur faire perdre confiance. De plus, plusieurs droits d’alerte ont été déposés car la circulation d’agents sur les voies pendant la journée les expose aux heurts des trains.

La SNCF est coutumière des atteintes au droit de grève et se plait régulièrement à manipuler la règlementation ferroviaire pour empêcher les agents de cesser collectivement le travail. Elle a d’ailleurs déjà été condamnée à ce titre, lorsqu’elle utilisait les DII (déclaration individuelle d’intention) pour identifier les grévistes et les changer d’affectation au dernier moment.

Aujourd’hui, c’est à nouveau d’une entrave au droit de grève dont il s’agit. Pour la SNCF, l’enjeu est de taille : faire le pari de l’intimidation pour sanctionner ceux qui ont choisi de se battre pour leur dignité. Parce qu’elle ne veut pas d’un précédent, d’un mouvement qui marquera durablement les agents des brigades et d’un combat qui fera exemple, elle cherche à détruire les effets de la grève.

Pour le syndicat SUD-RAIL de Paris-Nord « il y’a une atteinte au droit de grève des agents, la direction a menacé de basculer en horaire de jour au lieu de nuit, tout ceux qui étaient grévistes. Plutôt que de répondre aux revendications de ces précaires du rail, la direction cherche à les précariser encore plus, en leur enlevant les indemnités qu’ils perçoivent habituellement la nuit. »

Pour Sud Rail Paris Nord il y’a également un danger pour la sécurité des usagers à cause de cette entrave « Le fait que les deux brigades de gare du nord soient de jour fait qu’ils n’interviennent plus sur la maintenance et les travaux depuis 40 jours maintenant sinon en faisant de petites choses. Il faut comprendre qu’à gare du nord, il y’a un train toutes les 2 minutes, ils ne peuvent faire la maintenance que de nuit lorsque les circulations sont à l’arrêt, mais aujourd’hui cela n’est plus fait car les 2 brigades en grève sont passés de jour. La direction joue à la roulette russe avec la sécurité des usagers de gare du nord. »

C’est la raison pour laquelle les grévistes, assistés de Maitre Savine Bernard, ont fait le choix d’assigner la direction de la SNCF en référé pour obtenir la cessation de cette atteinte. L’audience est prévue vendredi matin au Tribunal judiciaire de Bobigny. Si l’issue de la procédure est essentielle, c’est bien la détermination des agents et leur combat collectif qui fera pencher la balance.


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