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Daech frappe Istanbul

Carnage à l’aéroport Atatürk. Le gouvernement cherche à instrumentaliser

22heures, mardi soir : trois assaillants confirmés et un quatrième potentiel lancent l’assaut dans un terminal de l’aéroport international Atatürk d’Istanbul, dans le hall des départs et des arrivées, à l’aide de fusil-mitrailleur avant de se faire exploser. Selon le dernier bilan, ils auraient fait 41 morts et 239 blessés. Si l’attentat n’a pas encore été revendiqué, les autorités turques elles, empressées de conserver le monopole du discours médiatique et prompt à instrumentaliser politiquement les actes terroristes, font déjà porter sa responsabilité à l’État Islamique.

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Nina Kirmizi

De toute évidence, la nature de la cible – le 11ème aéroport international en termes de trafic- et son caractère stratégique – centre névralgique de l’économie du tourisme turc- ainsi que les méthodes employées font penser au registre d’action de l’État Islamique. Depuis l’été 2015 et la participation de l’État turc à la coalition internationale en Syrie, la Turquie est devenue une nouvelle cible pour Daech, alors que dans un premier temps le gouvernement islamo-conservateur, cherchant à se renforcer sur la scène régionale, avait aidé en sous-main les djihadistes combattant le régime de Bacahr al Assad. En janvier dernier, un kamikaze s’était fait exploser dans le quartier très touristique de Sultanahmet sur la rive occidentale d’Istanbul, aux pieds de la mosquée bleue, l’un des hauts-lieux du tourisme stambouliote. 

On observe ainsi un virage dans les cibles du terrorisme en Turquie. En 2015, trois attentats avaient touchés le milieu de la gauche pro-kurde ayant compté, au bas mot, sur la collaboration passive ou le laissez-faire des services de sécurité turcs : le 6 juin à Diyarbakir (4 morts), le 20 juillet à Suruç (34 morts), le 10 octobre à Ankara (103 morts). En dépit du fait que le gouvernement les attribue officiellement à Daech, dans le contexte de reprise du conflit avec les forces pro-kurdes du PKK, de la percée électorale du mouvement de la gauche démocratique pro-kurde HDP, et des relations occultes entre le gouvernement de l’AKP et les djihadistes, il y a avait de quoi soupçonner les connivences entre le gouvernement et les forces responsables des attentats. Les attentats de janvier 2016 et ce dernier à l’aéroport Atatürk, visant l’activité touristique et le hub aérien sont d’une autre nature. Ce n’est pas la première fois qu’un apprenti sorcier finançant les forces réactionnaires du djihadisme se retrouve être, en retour, leur cible.

Avec l’implication de l’État turc dans la coalition internationale contre Daech à l’été 2015, et plus récemment, dans ses tentatives de rapprochement avec la Russie -en s’excusant et reconnaissant la responsabilité de l’armée turque dans le crash d’un chasseur russe en novembre dernier – la Turquie assume désormais sa lutte contre l’État Islamique en Syrie et devient une cible privilégiée de l’organisation. Les relations occultes entre l’État turc et Daech ainsi qu’un certain laisser-faire des autorités turques vis-à-vis du développement du réseau de l’État Islamique sur son sol, sont aujourd’hui en train de se retourner contre lui. 

Quoiqu’il en soit, et l’empressement avec lequel le gouvernement de l’AKP a attribué la responsabilité de cet attentat sanguinaire à Daesh, montre bien qu’il cherche à tirer profit du climat de terreur pour ses propres fins politiques : censure des médias et suspension des libertés démocratiques comme la dernière interdiction de la Gay Pride d’Istanbul, renforcement du tournant nationaliste et conservateur, concentration des pouvoirs dans les mains du président Erdogan qui compte bien tirer profit de ce climat d’union national pour faire passer sa réforme constitutionnelle et porter la présidentialisation du régime. 

La barbarie de Daech ne fait que renforcer l’autoritarisme du régime turc et le climat réactionnaire que le président cherche à tout prix à instaurer. Encore une fois, c’est le résultat de leurs guerres, et ce sont nos morts.


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