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CAP 2022 : après les cheminots, la fonction publique !

La réforme de la SNCF enclenchée au printemps dernier comportait la fin du recrutement au statut – les cheminots en activité n'étaient pas concernés, selon les « éléments de langage » du gouvernement. Mais voilà que Guillaume Pepy, patron de la SNCF, lance maintenant l'idée d'une réforme du statut de cheminot. La même logique est à l'œuvre dans les réformes que le gouvernement compte porter pour la fonction publique : le statut énerve les patrons, manifestement.

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Paris, le 11 août 2017. Sur la place de la République, une grève de livreurs a vélo Deliveroo. Photo Denis Allard / Libération

Dès 2016, Macron annonçait la fin du statut des fonctionnaires, qu’il décrivait comme inadapté au monde contemporain. Il s’agit de privilégier l’individualisation des carrières, des rémunérations, bref de casser les effets de solidarité que le statut concrétise. Cette casse des statuts, qu’il s’agisse de la fonction publique ou des cheminots, est donc une grande casse sociale qui parcellise le monde du travail, accroit la concurrence, et rend tous les salariés plus fragiles face à la précarité, aux difficultés liées aux conditions de travail, et consiste à renforcer systématiquement le pouvoir des patrons sur les salariés.

Dans la fonction publique, l’usage de recourir à des contractuels – c’est-à-dire à des personnels qui font exactement le même travail que tous les autres mais ne bénéficient pas du même salaire ni des mêmes droits face aux recruteurs – devra être étendu selon CAP 2022. A terme, cette extension implique la fin de la fonction publique, ce qui signifie la refonte complète des services publics qui s’aligneront sur la gestion des entreprises privées. L’hôpital craque déjà de toutes parts d’avoir subi ce modèle gestionnaire, avec l’épuisement des personnels et les risques sanitaires que cela engendre sur les usagers.

Faire de nous de la chair à patrons : voilà le projet du gouvernement, qu’il poursuit inlassablement à travers les lois Travail, la réforme de la SNCF ou le contenu de CAP 2022 qui annonce les réformes de la fonction publique. Revenir à la violence des rapports salariés / patrons des pires débuts du capitalisme où le contrat individuel était le jouet de l’arbitraire patronal, désarmer autant que possible les salariés dans la lutte de classes qui est en train de changer de figure, renvoyer chacun à sa responsabilité personnelle pour rendre raison de son parcours (en « responsabilisant » les précaires et les chômeurs, comme l’a osé Macron en juin dernier à la Mutualité), le gouvernement est en train de détruire méthodiquement des acquis sociaux conquis de haute lutte qui exaspèrent aujourd’hui le patronat en quête de main d’œuvre corvéable.

En s’attaquant ainsi au tissu social que trame le travail, au nom du profit et du bien des entreprises, Macron construit l’atomisation de la société, totalement écrasée par les intérêts du profit conscient qu’une une série d’individus seront moins à même de se mobiliser face au pouvoir du capital. Car la classe bourgeoise, la classe capitaliste, même traversée de contradictions et de conflits, reste malgré tout unie, elle, dans les réformes qu’elle nous impose. Ce qui gêne dans le statut, c’est donc non seulement les limites sociales qu’il implique face à l’arbitraire patronal, mais plus encore les solidarités qu’il est capable d’innerver et de rendre concrètes. Ce n’est donc que par une solidarité consciente, une solidarité de classe, qu’on pourra répondre à l’entreprise de démolition sociale de la bourgeoisie et de ses porte-paroles politiques.


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