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« C’est le moment de taper tous ensemble » : vers un durcissement du mouvement à la maintenance TGV ?

Mardi, les cinq principaux technicentres TGV étaient à l'arrêt à la suite d'un débrayage important des cheminots. Deux délégués SUD rail des technicentres du Landy et de Châtillon ont accepté de répondre à nos questions et envisagent un durcissement du mouvement dans les prochaines semaines.

Louisa Eshgham

12 janvier

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« C'est le moment de taper tous ensemble » : vers un durcissement du mouvement à la maintenance TGV ?

Crédit photo : Débrayage de nuit. Technicentre Chatillon, mardi 9 janvier

« Malgré les milliards de bénéfices, nos salaires ne suivent pas »

Mardi matin, dans cinq technicentres TGV- les sites de maintenance des rames de train- les équipes de jour ont massivement débrayé, quelques heures avant d’être relayées par les équipes de nuit. A l’origine de la colère, la question des salaires qui ne permettent pas de faire face à l’inflation explique Karim, cheminot au technicentre du Landy et délégué SUD Rail.

« Ce qui nous a mis hors de nous, c’est les NAO. Ils ne nous ont accordé que 1,8% d’augmentation, c’est du foutage de gueule quand on sait qu’ils ont fait 2,4 milliards de bénéfices. Une partie importante de notre salaire, ce sont les primes, et certaines indemnités propres à notre secteur n’ont pas été revalorisées depuis 2019 ! Il y a aussi l’intéressement, cette année on a touché moins d’intéressement que l’an passé, alors qu’ils ont fait 3 fois plus de bénéfices. Ce n’est pas normal. Donc ce que nous demandons, c’est une revalorisation de nos indemnités de nuits et de week-end, mais également de la prime opérationnelle et de la prime de travail, et surtout une hausse des salaires à hauteur de 400€ »

Et de poursuivre : « Il y aussi la question des JO. La boite a décidé dans un premier temps d’exclure les agents de maintenance de toutes les primes qui étaient prévues. Maintenant, ils voudraient les accorder uniquement aux agents de production, c’est à dire à une minorité de travailleurs de notre secteur. Dans tous les cas, les montants qu’ils proposent sont trop faibles et ne concerneraient que les jours effectifs de jeu cet été. Nous revendiquons que tout le monde la touche à hauteur de 80 euros par jour d’épreuve et en amont des JO, puisqu’on est déjà dans la préparation des jeux avec une hausse de la charge de travail »

Un constat partagé par Rachid, élu SUD rail de Châtillon de 48 ans, 24 ans de service à la SNCF à la maintenance et à l’aménagement intérieur des rames TGV, qui insiste de son côté sur les conditions de travail difficiles de la maintenance : « Les conditions de travail sont dégradées depuis quelques années. On est continuellement en sous-effectif. Des tâches qu’on devrait faire à cinq ou six, on les fait à trois. Même au niveau sécu, on a peur de faire des loupés. Cette situation crée un cercle vicieux : la charge de travail, les horaires décalées, le stress engendré par le sous-effectif combinés à une paye qui ne valorise pas le travail entraînent des démissions en chaînes, qui rendent la situation encore plus tendue pour les collègues restants ».

Une coordination des technicentres TGV inédite

Dès le 13 décembre, suite à une demande de concertation immédiate (DCI), les militants des sections Sud Rail concernées avaient interpellé la direction pour des augmentations de salaire. « La direction s’est montrée impassible, elle a balayé nos revendications en bloc, en prétendant que les NAO auraient été largement suffisantes. Donc on s’est dit que c’était le moment de partir en grève, mais qu’il fallait qu’on se coordonne, à échelle de tous les technicentres. Et ça a marché puisque mardi tous les technicentres (Landy, TSEE, TLG Lyon, Châtillon et Ourq) ont débrayé et que de manière générale ça a été très suivi. C’est la première fois qu’on se coordonne à échelle de tous les technicentres de France. Sur mon établissement au Landy par exemple, 90% des agents ont débrayé » se réjouit Karim.

Même son de cloche du côté de Châtillon : « On est tellement puissants que les chefs ne nous décomptent plus les heures en AG, ils savent que ça peut mettre le feu aux poudres ils ne cherchent même plus à nous mettre la pression » raconte Rachid.

« On est déterminés à aller jusqu’au bout »

Forts de ce premier débrayage, les agents sont déterminés à aller au bout et à durcir le mouvement si la direction n’accède pas à leurs revendications. « On va être reçus vendredi. Nous on est inflexibles, si la direction ne cède pas ce sera l’enfer pour eux les prochaines semaines. Les collègues sont très déterminés, l’unité qu’on a réussi à créer nous donne beaucoup de force et de confiance. Donc à l’issue de cette réunion on se réunira pour décider des suites de la mobilisation. » prévient Karim.

Alors que les prix continuent de grimper, la préoccupation des salaires est largement partagée à la SNCF, mais aussi par l’ensemble du monde du travail en général. « On subit tous la baisse de notre niveau de vie et on a tous besoin d’augmentations de salaires. Le gouvernement préfère passer ses lois racistes comme la loi immigration, mais ce n’est pas ça qui répondra à nos problèmes » s’insurge Karim. A quelques mois des jeux olympiques, le rôle essentiel des travailleurs des transports et leur importante force de frappe peut être l’occasion d’un mouvement plus large, qui dépasse le secteur de la maintenance. « C’est clair que c’est le moment de taper tous ensemble, on appelle tous les cheminots des autres secteurs à nous rejoindre pour amplifier le mouvement et pouvoir arracher ensemble des vraies augmentations. » poursuit le syndicaliste.

Un appel à l’élargissement que partage Rachid. Il conclue : « même des collègues le disent. Imaginez si les technicentres transiliens rentrent dans la bataille, ce serait énorme. Mon rêve c’est d’avoir un collectif avec tout le monde, les mécanos, etc, pour se battre tous ensemble ». A bon entendeur.


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