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Santé

Bordeaux. Les grévistes d’Elior se coordonnent sur plusieurs hôpitaux face à leur direction

Mise à pied et coup de pression répétés : Elior tente de diviser les grévistes et de casser la grève. Pour contrer les manœuvres de la direction, les ASH appellent à une AG inter-sites devant la direction générale des CHU de Bordeaux.

Yann Causs

24 octobre 2023

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Bordeaux. Les grévistes d'Elior se coordonnent sur plusieurs hôpitaux face à leur direction

Crédits photo : Révolution Permanente

La direction d’Elior cherche à intimider les ASH pour casser la grève

Jeudi dernier, les agents de services hospitaliers en grève ont organisé un premier rassemblement inter-sites réussi, permettant aux travailleuses de se rencontrer et de partager leur quotidien au travail. Trois sites hospitaliers étaient représentés devant l’ARS : Langon, le CHU de Pellegrin, et la clinique mutualiste de Pessac, cristallisant ainsi une première extension du conflit, et surtout, montrant les possibilités de poursuite de cette dynamique.

Alors que les grévistes dénoncent leurs conditions de travail ignobles, pointent le traitement méprisant du groupe Elior Service (détenu également à 50 % par Derichebourg) et ont imposé au groupe des négociations globales pour l’ensemble des sites, la direction du géant de la sous-traitance intensifie les manœuvres pour endiguer le mouvement. Si ces manœuvres anti-grève sont présentes depuis le début de la grève il y a trois semaines à Langon, ils prennent depuis le rassemblement de jeudi dernier une autre dimension.

En effet, dès le lendemain du rassemblement devant l’ARS, lors du premier piquet tournant organisé à la clinique mutualiste de Pessac, deux responsables de la direction locale du groupe Elior sont venus interpeller les grévistes, exigeant des négociations immédiates avec deux représentantes de la grève. En partant, elles ont sommé les travailleuses présentes sur le piquet de « respecter l’établissement de santé ». Cette provocation, pleine de mépris envers les femmes et les hommes qui assurent quotidiennement le nettoyage de cet établissement, n’a toutefois pas intimidé les grévistes. Elles ont clairement indiqué qu’elles ne négocieraient qu’avec des représentants du groupe Elior en mesure de faire progresser leurs revendications.

Ce lundi, les grévistes ASH de plusieurs sites se sont réunis devant le CHU de Pellegrin pour poursuivre la mobilisation, et ici aussi elles ont fait face aux responsables de site (RIS) d’Elior au CHU de Pellegrin. Intimidant dans un premier temps les grévistes au moment des débrayages dans les services - ce qui n’a pas empêché un noyau de travailleuses de partir en grève – le RIS est ensuite revenu à la charge en interpellant les grévistes lors d’un déplacement hors du piquet.

Francesca, figure de la grève, raconte pour Révolution Permanente cet épisode : « Le piquet de grève s’est vidé suite aux pressions des RSI qui sont venus intimider les grévistes en prenant des photos, en leur montrant et les menaçant. Ça a provoqué la colère des grévistes car il faut voir que ce n’est pas les premiers coups de pression, il y a une accumulation, surtout à Pellegrin. On a retrouvé les filles en pleurs, déprimées, à bout et dans une situation insoutenable. C’est tout simplement scandaleux ce qui s’est passé, ils n’ont pas le droit de casser une grève comme ça. ». Malgré la dispersion, ce n’est pas un retour au travail qui a eu lieu, l’ensemble des grévistes de Pellegrin sont restés en grève après l’altercation.

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Ce mardi, ces attaques antigrèves se sont accentuées, avec la mise à pied à titre conservatoire d’une des premières grévistes du site du Pellegrin pour des incidents antérieurs au début du mouvement. Quel que soit le motif invoqué, la temporalité ne laisse aucune place au doute : la direction d’Elior vise à effrayer les grévistes dans le but de fragmenter le mouvement. En effet, en tentant de faire peser sur la grève les menaces de pertes d’emploi et de licenciement, Elior, avec la complicité tacite du CHU, tente d’isoler les grévistes du reste des ASH, cherchant ainsi à diviser les travailleuses entre elles.

Les manœuvres de la direction ne font qu’amplifier la colère : il faut à présent l’organiser et l’élargir

« Après la colère provoquée par le RSI sur le piquet de Pellegrin, on a pu discuter avec les filles, elles m’ont raconté leur histoire », nous explique Francesca avant de rajouter : « Les parcours de toutes sont très émouvants, mais surtout la colère qu’elles accumulent leur donne la détermination incroyable pour poursuivre la grève ».

Même réaction après l’annonce de la mise à pied à titre conservatoire de l’ASH de Pellegrin, « elles sont maintenant deux fois plus révoltées ». Une dynamique renforcée par une bonne nouvelle : une grève serait en train de commencer dans les services d’Elior en région parisiennes. De plus, ces grèves viennent s’ajouter à celle en cours au CHU Montpellier où les travailleuses du nettoyage sont la bas confronté à l’entreprise ONET. Ces phénomènes de grève sont « très importants et motivant » pour Francesca qui porte déjà la perspective d’échanger avec ces collègues en lutte.

Ainsi, la grève des ASH est toujours dans une dynamique extensive, d’autant plus qu’à Bordeaux, les ASH des sites hospitaliers de Saint-André, de Haut-Lêveque mais également de deux EHPAD, sont en train de rejoindre le mouvement. Pour cristalliser cela, les ASH appellent à une Assemblée générale intersites ce jeudi 26 devant la direction générale du CHU. Un rendez-vous aux enjeux cruciaux et déterminants pour la suite du conflit.

En effet, si jusqu’à présent, les tentatives d’intimidation d’Elior n’ont pas fonctionné, la mise à pied annoncée ce mardi représente un saut dans la répression du mouvement par la direction et doit être pris comme un avertissement pour l’ensemble des grévistes, mais également leurs soutiens. La direction d’Elior ne compte pas laisser le mouvement de grève continuer de s’étendre et contaminer d’autres sites. Que ce soit en réprimant frontalement les grévistes, en menaçant, provoquant, mais également en divisant les négociations par sites ou en essayant de lâcher des miettes : pour la direction d’Elior, tout est bon à prendre pour diviser les grévistes entre eux, les isoler des non-grévistes et pousser aux tendances corporatistes.

Pour résister aux coups portés et surtout pour mettre le rapport de force en faveur des travailleuses, le rendez-vous de jeudi doit être l’occasion d’impulser une organisation du mouvement par les grévistes eux-mêmes en assemblées générales démocratiques, souveraines, et aussi larges que possible.

Comme l’a affirmé avec force Marie-Laure Charchar, secrétaire générale de la CGT blanchisserie du CHU de Bordeaux et militante à Révolution Permanente, lors du rassemblement devant l’ARS : « votre grève a énormément de potentiel, et elle vous appartient entièrement. Elle est à vous, c’est vous qui décidez et personne d’autre. »


        
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