Depuis samedi 31 octobre, le #BlanquerDemission fleurit sur Twitter et s’est même glissé en tendance France. Quelques jours après le #GreveGenerale, c’est le deuxième hashtag qui vise à dénoncer la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement. Cette fois, c’est le ministre de l’éducation nationale Jean-Michel Blanquer qui est visé. Ce qui est remis en cause, c’est la gestion erratique et mensongère de la rentrée, reflet du mépris constant que manifeste l’institution envers les enseignant.e.s.
En effet, la rentrée du 2 novembre est pour le moins entourée de flou. Deux semaines après le meurtre horrible de Samuel Paty à Conflans-Sainte-Honorine, à la suite duquel les professeurs avaient été portés comme les héros et héroïnes de la république, le temps d’hommage obligatoire prévu à la rentrée a été réduit à une minute de silence et à la lecture propagandiste d’une lettre de Jean Jaurès. L’autre point qui provoque la colère des enseignants est la gestion chaotique de cette rentrée et les mensonges du gouvernement. En particulier, la farce d’un soi-disant protocole « renforcé » pour faire face à la situation sanitaire qui est dénoncée. En effet, malgré les annonces du gouvernement, dans les textes officiels ce protocole est à mettre en place seulement s’il est compatible avec le maintient de la capacité des classes et le fonctionnement classique des établissements.
A l’opposé de la communication gouvernementale, les enseignants montrent la violence de l’institution envers ses personnels, l’acharnement du gouvernement pour faire fonctionner les établissements comme si de rien n’était et la réalité de leur métier. Cette vague de dénonciation va au-delà de la simple question de la rentrée mais englobe bien des problèmes de fond sur les conditions de travail des professeurs. Entre classes surchargées, bas salaires et difficultés instaurées par les années successives de réformes ou encore le maintien de la journée de carence pendant la pandémie, c’est une remise en question globale du fonctionnement de l’éducation nationale qui a lieu.
Finalement, une rentrée échelonnée pour lundi :
8h : rentrée des élèves
9h : rentrée du COVID"On demande aux terroristes d'attendre au moins 10h afin de fluidifier les entrées."
— RIP-éduc (@RIP_educ) October 31, 2020
- Le protocole "renforcé" ne l'est pas.
- L'affirmation qu'on se contamine peu à l'école est un mensonge.
- L'hommage à #SamuelPaty se réduit à une minute de silence.
Ce que #BlanquerDémission aime bien, dans cette idée, ce n'est pas seulement la minute.
C'est le silence.— Didier Jodin (@didierjodin) October 31, 2020
Masques toxiques, protocole inexistant, pas de moyens, pas d’augmentation, concertation pour hommage annulée... l’éducation nationale sacrifiée, les profs épuisés, la revanche des « choyés 🍓 » est en marche 🤓 #BlanquerDemission ! pic.twitter.com/K15YE7hGvU
— Marion (@MarionScolaire) October 31, 2020
Pour nos burn-out, nos suicidé(e)s, nos harcelé(e)s ; pour les réformes absurdes, pour les injonctions incohérentes, pour le mépris, pour les mensonges, pour la destruction notre profession, pour le manque de moyens, pour tout cela et le reste : #BlanquerDemission
— 🎃 Cคг๓єภ N๏é๓เє 🌸🖤 (@CarminaNoemia) October 31, 2020
Par contre si demain on va tous en cours comme de bons petits soldats après avoir tweeté #BlanquerDemission, on aura l'air con.
Perso, ça sera sans moi. Les hashtags c'est cool, l'action c'est mieux : #Grève2Novembre— Monsieur Le Prof (@MsieurLeProf) November 1, 2020
"En cas de circulation active du virus les effectifs seront allégés ce qui est d´ailleurs favorable aux apprentissages"(mai 2020).#BlanquerDemission
— Prof_En_Colère 🔻#MentionBienPourTousLes2003 (@angry_prof39) October 31, 2020
Le ministre qui nous a traité de "décrocheurs" ? Qui refuse de nous augmenter ? Qui a flingué le bac national et égalitaire et les lycées ? Qui prend des mesures laxistes face à la #covid19 ? Qui a augmenté les hauts fonctionnaires en scred cet été ?🤔#BlanquerDémission https://t.co/XMv6oYcu69
— Les Stylos Rouges (@stylos_les) October 31, 2020
26 août 2020, Macron : les #enseignants ne servent pas à redresser le pays.
26 octobre 2020 : on ne ferme pas les écoles pour participer au sauvetage de l'économie.
Gouvernement de baltringues !#BlanquerDemission #confinement2 #COVID19 pic.twitter.com/WFXI2Cmvsh— Zabou Villon 🔻#JeSuisChoyée (@ZabouVillon) October 31, 2020
- Blanquer en octobre : "On ne ferme plus les classes même s'il y a des cas de Covid"
- Blanquer ce soir : "il n'y a presque pas eu de cas. La preuve, on n'a pas fermé de classes" pic.twitter.com/jkuwpx3yjB— Juzoce (@Juzoce1) October 29, 2020
Jean-Rémi Girard, président du SNALC, est intervenu sur notre antenne ce dimanche matin à la veille de la rentrée. Il assure que le protocole sanitaire instauré dans les établissements ne garantit pas la distanciation physique. pic.twitter.com/Rgs1a3AbSa
— BFMTV (@BFMTV) November 1, 2020
Au-delà des mots, les appels à l’action ce multiplient. L’intensité et l’accumulation de la colère chez les personnels de l’Education Nationale a poussé les syndicats à poser des préavis de grève spécifiquement pour la semaine de la rentrée, tandis que de nombreux enseignants appellent à faire grève ou à débrayer en cette rentrée, ne serait-ce que pour prendre le temps de concertation annulé, mais nécessaire pour rendre un véritable hommage à Samuel Paty. De plus les lycéens aussi appellent à la mobilisation, de par la coordination lycéenne parisienne qui propose de bloquer les lycées ce mardi 3 Novembre.
Alerte info :
🚨🚨la Coordination lycéennes de Paris appel chaque Lycee de France a manifesté ce mardi 3 novembre !!
Si vous êtes contre ne partager pas ,si vous êtes pour cette manifestation partager 🚨🚨 #BlanquerDemission #mardi3novembbre pic.twitter.com/Y5IYB0v2yT— lyceen 87 (@Lyceen8) October 31, 2020
Au-delà des mots et du #BlanquerDemission, les enseignant.e.s semblent prendre conscience de la nécessité de faire émerger un véritable rapport de force avec l’institution. Pour permettre une rentrée dans des conditions d’hygiène et de sécurité à la mesure de la pandémie, il faut en effet que ce ras-le-bol se traduise dans l’action. En ce sens, les appels à la grève et au blocage sont extrêmement positifs. Mais il est vital de les élargir pour pouvoir imposer nos revendications face au ministère. De plus, il est nécessaire que les enseignant.e.s et personnels de l’Education Nationale s’organisent pour exiger et construire dans leurs établissements les espaces de concertation et d’échange dont ils ont besoin. A la fois pour décider eux-mêmes s’ils souhaitent rendre hommage à Samuel Paty et dans quelles conditions, mais aussi pour aborder les conditions dans lesquelles doit se faire la réouverture des écoles dans un contexte de crise sanitaire. Il est inadmissible de se voir imposer par le haut des injonctions qui, en plus d’être contradictoires, apparaissent inadaptées dans un contexte de reconfinement national, et refusent de prendre en compte la réalité sur le terrain ainsi que le mal-être et les inquiétudes des enseignant.e.s et de leurs élèves.