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4 personnels en grève évacués par le SMUR

16ème jour de grève de la faim à l’hôpital du Rouvray. La santé publique en souffrance

Depuis mars, le personnel de l'hôpital psychiatrique du Rouvray (76) dénonce ses conditions de travail et de soin des personnes hospitalisées. Sept d'entre eux ont commencé une grève de la faim qui en a conduit quatre à être évacués par le SMUR mardi.

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crédit photo : Charly Triballeau / AFP

Que se passe-t-il à l’hôpital psychiatrique ? Comme dans le reste des hôpitaux publics, le secteur souffre des budgets austéritaires et du management des directeurs nommés par les ministres de la santé. Depuis les années 90, les gouvernements exigent que l’hôpital soit géré à la façon des entreprises privées : suppression de postes, restrictions budgétaires, tarification à l’acte, de sorte que le passage à l’hôpital devient une véritable épreuve pour les patients alors que le personnel souffre au quotidien de ses conditions de travail (heures supplémentaires pour pallier le manque de personnel) et se trouve dans l’impossibilité de soigner correctement, faute d’en avoir le temps nécessaire.

Cela fait plusieurs années maintenant que les personnels de l’hôpital public se plaignent, rejoints cet hiver par les personnels des EHPAD et la population commence elle aussi à prendre conscience que les politiques dégradent de manière délibérée l’accès à la santé publique. Le service public hospitalier est une cible de plus pour la bourgeoisie qui veut faire de la richesse un critère pour accéder à des prestations de qualité. Comme dans l’éducation nationale, où les politiques ont tout fait pour rendre les conditions de travail de plus en plus difficiles, il s’agit de construire l’impossibilité du service public afin d’en faire un argument, le moment venu, pour la privatisation de ce qu’il nous reste.

L’hôpital psychiatrique ne fait pas exception à cette situation. La seule différence, c’est la nature particulière de la souffrance qui s’y traite et les nécessités qui sont celles de la psychiatrie : souffrance psychique, évidemment, dont les victimes augmentent en même temps que se dégradent les conditions de vie en régime capitaliste néo-libéral, et qui rend nécessaire la construction d’une véritable relation avec les soignants. Le temps de cette construction impose donc un rythme qui ne peut pas être soumis aux exercices de quantification des gestionnaires de l’hôpital public.

Depuis plusieurs années, la psychiatrie fait face à une augmentation de la demande de soin, en relation avec la violence sociale diffuse de notre société, alors que les conditions d’accueil suivent le mouvement inverse, à cause des restrictions budgétaires. Et le management contemporain des gestionnaires de l’hôpital public force les personnels à appliquer une logique purement comptable de leurs actes et à accélérer le temps consacré à chacun de ceux-ci. La « rentabilité » impose donc qu’on supprime la part humaine et relationnelle inhérente au soin, ce qui génère une véritable souffrance pour des personnels qui sont le plus souvent venus à ces métiers pour développer cette dimension humaine.

Comme pour les personnels des EHPAD, les soignants en psychiatrie ont donc le sentiment d’être contraints à la maltraitance plutôt qu’au soin, puisqu’on les prive de ce temps incompressible nécessaire à leur activité en les surchargeant de travail. Le personnel du Rouvray exige ainsi que soient nommés 52 nouveaux infirmiers pour que le centre fonctionne de manière humaine. L’Agence Régionale de Santé (ARS) de Normandie, sollicitée à plusieurs reprises par les syndicats, a réagi ce mercredi mais n’a rien proposé pour l’instant.


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