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La Izquierda Diario
29 de septembre de 2017 Twitter Faceboock

Témoignage
Vis ma vie de femme : un exhibitionniste dans le TGV
Callie Moka

Voici le témoignage d’une cheminote qui a été témoin d’une agression sexuelle dans un TGV. Ce genre d’acte fait malheureusement partie de la vie quotidienne des femmes à travers le monde. Le prénom de la femme a été changé.

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Un TGV entre Nîmes et Lyon, un superbe paysage qui défile par la fenêtre : un homme passe et tout à coup une femme crie. L’adrénaline me fait sortir de ma torpeur : que vient- il de se produire ? "Il est passé et il m’a montré son pénis" dit Claire.

Le temps de remettre mes idées en ordre : elle va bien, il faut aller voir les contrôleurs pour les prévenir de ce qui vient de se passer et pour qu’ils arrêtent ce type.

C’est l’heure de la sieste mais à présent tout le monde est réveillé.

J’accompagne Claire vers la voiture-bar où je sais, en tant que cheminote habituée des TGV, où le compartiment des contrôleurs se trouve. J’essaye toujours d’aider les gens autour de moi, encore plus une femme qui se fait agresser sous mes yeux.
Elle ne semble pas aller mal, légèrement choquée tout au plus. Un voyageur vient nous dire où l’exhibitionniste est allé, juste à l’étage du bas de la voiture suivante. Les contrôleurs réagissent vite et bien. Ils reviennent avertir Claire qu’ils l’ont trouvé et, d’après eux il serait alcoolisé (ce qui n’est évidemment jamais une excuse).

Encore un homme saoul qui agresse une femme autour de moi. C’est la 4ème fois cette année que je suis témoin ou victime de ce type de comportement.

Comme il n’est pas en effraction, les contrôleurs ne peuvent rien faire contre lui. Claire par contre veut porter plainte auprès de la police, qui devrait normalement se trouver sur les quais à l’arrivée du train à la Gare de Lyon-Part-Dieu

Que ce serait-il passé si Claire n’avait pas crié ? A cause du choc, je ne me souviens même pas de ses mots. Mon cœur bat la chamade, je tremble un peu, tous mes sens sont en alerte. J’ai appris à avoir peur, au fil des agressions, peur de ces hommes qui pourraient être dangereux, surtout s’ils sont alcoolisés. Comme à chaque fois, mes souvenirs remontent : cette fois dans le métro où un homme m’avait suivie et m’avait touché la poitrine tout en me disant "fuck you", cette collègue qu’un homme avait pris fortement dans les bras en ignorant le fait qu’elle le repoussait, ou juste une soirée où ce type dès qu’il le pouvait me touchait les fesses ou les seins. Et cette impuissance horrible devant ces hommes qui me prennent, qui nous prennent, pour des objets.

J’admire cette femme, Claire, que j’accompagne voir les contrôleurs, qui ne tremble pas et qui me dit qu’elle va bien. J’admire ces femmes qui vivent tous les jours des agressions et qui s’en relèvent. La peur des hommes n’était pas innée chez moi, aujourd’hui elle est définitivement acquise.

Combien d’agressions allons-nous encore devoir subir ? Combien d’exhibitionnistes vont nous montrer leur pénis alors que nous faisons une sieste dans le train ? Combien de frotteurs dans les transports ? Combien de mains sur notre corps, nos fesses et nos seins ? Combien de viols ?

Porter plainte comme Claire est honorable mais la police, si terriblement sexiste, est-elle d’une quelconque aide ?

Arriver à dénoncer ce type et à l’arrêter est déjà une belle victoire, rien que pour qu’il ne continue pas à se promener le sexe à l’air, mais cela est très insuffisant.
Nous devons combattre le patriarcat et le sexisme qui fabrique des agresseurs, qui produit la violence dont nous femmes et minorités de genre sommes constamment victimes. Nous devons nous organiser pour ne plus laisser aucune place aux exhibitionnistes, violeurs et autres agresseurs.

 
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