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La Izquierda Diario
6 de juin de 2017 Twitter Faceboock

Dédiabolisation
Racisme, homophobie, islamophobie : aux législatives, le FN investit toujours la même racaille réactionnaire
Boris Lefebvre

Les médias parlent à tout-va de la « dédiabolisation du FN » tout comme Marine Le Pen, depuis sa reprise en main du parti d’extrême-droite. Pourtant, à y regarder plus dans le détail, l’ADN du parti n’a pas évolué. Il reste toujours profondément structuré par des militants réactionnaires, xénophobes, racistes, homophobes, négationnistes, sexistes et anti-immigration. En somme, le FN reste le FN.

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La campagne des départementales de 2015 avait remis à l’ordre du jour la véritable nature du parti d’extrême-droite. Les candidats aux dérapages tous plus réactionnaires les uns que les autres avaient été épinglés par la direction du FN, qui entendait bien ravaler la façade du parti de Jean-Marie Le Pen. Après des élections présidentielles qui ont vu le parti, mené par Marine Le Pen, arriver au second tour et agrandir sa base électorale, la question de la dédiabolisation reste plus que jamais d’actualité. Sans être à proprement dit un parti fasciste, le parti d’extrême des Le Pen reste toujours et encore un parti qui rassemble tous les éléments les plus xénophobes, chauvins, nationalistes et réactionnaires. Petit tour d’horizon des « dérapages » qui, à ce degré de fréquence et de violence, n’en sont plus.

Un parti toujours raciste Pointe avancée de la dédiabolisation du FN, l’absence de racisme dans le discours de Marine Le Pen serait la preuve que le parti aurait rompu avec ses anciens démons. Pourtant, il suffit d’écouter son discours du lundi 17 avril au Zénith de Paris, pour voir à quel point le discours du FN reste xénophobe. Les candidats investis pour les législatives ne font pas exception à la règle.

Preuve que le nettoyage n’est pas toujours impeccable au FN, on réinvestit des personnalités dont les propos ouvertement racistes ont déjà défrayé la chronique. C’est le cas pour Alain Avello, candidat dans la 4e circonscription de Loire-Atlantique, qui s’était illustré par des posts Facebook à l’encontre de Christine Taubira en parlant à son propos de « zoophilie ». La diversité serait synonyme de « racaille au pouvoir », selon lui.

C’est la même rhétorique qui anime des candidats fraîchement investit en Ardèche, comme Odile Lasfargues-Bouyon, qui avoue ouvertement avoir « adhéré au parti après avoir été traumatisée par une attaque à main armée à mon domicile, perpétrée par une chance pour la France », c’est-à-dire un homme noir après traduction. Là encore, peur et amalgame font le lit du Front national.

Un peu plus élaboré théoriquement, le discours de Valérie Laupies, candidate dans les Bouches-du-Rhône, et de Jean Messiha, candidat dans la 4e circonscription de l’Aisne, se réclament des thèses de Renaud Camus sur le grand remplacement qui viserait à remplacer le peuple « de souche » par une immigration massive pour que « nous [les Blancs, ndlr] soyons en minorité ethnique ».

Mais, tous ne sont pas aussi subtil pour déverser leur haine et leur xénophobie. À ce titre, Madi Boinali Anli, candidat frontiste dans la 2e circonscription de Mayotte, retrouve une verve raciste ouvertement assumée. À propos des Comoriens, il affirme qu’à « la vitesse à laquelle ces individus se reproduisent. Si je pouvais les asperger d’un produit pour les exterminer, je ne m’en serais pas privé ».

Amalgame sur l’islam, les banlieues et l’immigration

Le racisme n’est qu’une porte d’entrée pour bon nombre de candidats FN aux législatives. Il ouvre à tous les amalgames entre islam, banlieue et immigration. François Paradol, candidat dans la circonscription de Vitry, établit un lien direct entre immigration et délinquance en se référant aux agressions sexuelles de Cologne : « Cette submersion migratoire est désastreuse pour nos pays. Arrivant trop vite, trop nombreux, de pays aux mœurs et cultures trop éloignées des nôtres », ils modifieraient « gravement la substance même de nos pays ». La solution de repli identitaire en découle naturellement : « Il est « urgent de rétablir nos frontières et de stopper l’immigration massive et incontrôlée ».

Dans la droite lignée de ces propos, c’est Jérôme Cochet, chargé de communication de David Rachline, qui publie sur Tweeter un message qui encense la police et traite Théo, victime d’un viol par quatre agents de la BAC, de « racaille ». Malgré la suppression du tweet et le rappel à l’ordre de Marine Le Pen elle-même, le jeune homme est investi aux législatives.

Toujours sur les réseaux sociaux, on peut relever les sorties de Serge Hadon et de Marie Dombes, candidats aux législatives, qui soutiennent ou écrivent des propos tels que « l’islamophobie est un droit, combattre l’Islam un devoir », ou encore « pense à nos enfants et petits-enfants » accompagné d’une photo représentant une petite fille blonde au milieu d’un champ de burqas.

Nazisme et antisémitisme

Parmi les casseroles que traîne le parti d’extrême-droite, les propos antisémites et négationnistes ont toujours fait la réputation sulfureuse du FN. Malgré la mise au ban de Jean-Marie Le Pen, auteur de la sortie sur le point de détail de l’histoire, les auteurs de propos de ce type restent présents au sein du parti. Ainsi, on retrouve Pierre-Charles Cherrier qui pense que « la croix gammée n’est pas antisémite ».

Des vieux de la vieille, dont les états de services sont connus, rôdent encore dans les coulisses du FN. Par exemple, Frédéric Boccaletti, candidat dans la 7e circonscription du Var, se voit investi alors que son passé de revendeur d’ouvrages racistes et antisémites est connu et que ses liens avec les négationnistes comme Eric Delcroix et Robert Faurisson sont avérés. Son palmarès va même jusqu’à une condamnation à sept mois de prison ferme pour « violence en réunion avec armes » lors d’un collage d’affiches à Six-Fours-les-Plages. Cela ne l’a pourtant pas empêché d’être directeur de campagne de Jean-Marie Le Pen en 2010 et de Marion Maréchal-Le Pen en 2015 pour les régionales dans la région Pyrénées-Alpes-Côte d’Azur.

Toujours dans le Var, la 1re circonscription est briguée par Amaury Navarranne, un proche d’Yvan Benedetti, fondateur de l’Œuvre française et antisémite déclaré. Sa proximité avec la frange la plus radicale de l’extrême-droite n’a pas fait sourciller la direction du parti malgré qu’il ait déjà été désinvesti en 2011 pour ses prises de position.

Sexisme et homophobie

Le tableau du FN ne serait pas complet sans un tour d’horizon sur les propos tenus par les candidats sur les femmes et les personnes homosexuelles.

On retrouve Alain Avello et ses déclarations sur les Femen, comparées à des « putes dégénérées » ou encore Jean-Yves Narquin, candidat dans la 3e circonscription du Loir-et-Cher, qui fait la morale à Brigitte Macron en tweetant : « Mémé, il va être temps de se calmer et d’arrêter de jouer à la gamine ! ». Avec de tels candidats, le patriarcat à encore de beaux jours devant lui.

Pour ce faire, il peut compter sur le soutient de Anne-Laure Maleyre, dans l’Oise, qui milite contre l’avortement et contre l’homosexualité, qu’elle assimile à une forme de pédophilie. Cette rhétorique ne fait que colporter les fantasmes les plus réactionnaires d’officines comme SOS Education. Pour enfoncer le clou, on peut aussi convoquer les propos de Catherine Blein qui soutient que « toutes les occasions sont bonnes pour faire entrer l’homosexualité dans nos vies » à propos des commémorations du policier assassiné lors de l’attentat des Champs-Elysées. On peut aussi rapporter l’indignation de Jean-Christophe Lefevre qui n’aime pas les campagnes de prévention contre le sida et qui ne s’émeut pas qu’un de ses proches déclare que c’est « pourtant bien ces demeurés de la secte LGBT qui sont les grands pourvoyeurs de cette saloperie ».

La liste des exemples de dérapages de candidats FN aux législatives de 2017 est encore longue mais ces quelques cas sont emblématiques d’un parti qui n’a pas réussi à opérer le nettoyage en profondeur qu’il prétend avoir accompli. Contre la dédiabolisation du FN qui n’est que de façade, il faut rappeler que la percée électorale du parti d’extrême-droite n’a pas changé sa physionomie. Il continue d’attirer dans ses rangs, sans que cela ne le trouble, ce que la France contient de plus réactionnaire.

Photo : Dominique Jacovides Bestimage

 
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