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La Izquierda Diario
21 de mars de 2017 Twitter Faceboock

Inégalités scolaires
Admission post-bac, une sélection à peine masquée
Boris Lefebvre

Les élèves de terminales, futurs bacheliers, avaient jusqu’à lundi soir pour remplir leurs vœux sur APB (Admission post-bac). Outre la complexité de la prise en main de la plateforme où tous les vœux sont consignés, c’est l’impartialité de l’algorithme qui fait débat. En plus d’être l’école la plus inégalitaire d’Europe selon les études Pisa, l’Éducation Nationale serait-elle responsable de sélection masquée via APB ?

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Autant le savoir tout de suite, les chances de voir ses espérances réalisées avec APB sont très minces, voire quasiment inexistantes pour certains. Après des mois de stress continu pour remplir les vœux dans un véritable parcours du combattant pour se saisir du fonctionnement du site d’admission dans les études universitaires, après des semaines de validations, de hiérarchisations et de vérifications, c’est bien souvent la déception qui arrive au final. Pour un cinquième des 800 000 élèves de terminale, soit 160 000 d’entre eux, il faudra faire une croix sur les trois premiers vœux placés en tête de liste et se rabattre sur ce qui reste.

Alors que l’inégalité profonde du système éducatif français n’est un secret pour personne, comme l’étude Pisa de 2013 l’a une nouvelle fois prouvée, ainsi que l’étude de septembre 2016 du Conseil national d’évaluation du système scolaire (Cnesco), l’État essaye de redorer son blason en dévoilant, partiellement bien sûr, les arcanes du fonctionnement du site APB. En plus d’être très complexe à réaliser, la sélection des vœux par le logiciel APB restait un mystère pour tous. L’opacité des modalités de calcul et l’absence de contrôle sur les critères qui président à l’arbitrage dans les cas litigieux alimentent un soupçon légitime autour de l’impartialité du processus. Le président de la Fage, Jimmy Losfeld, ne cache pas ses doutes sur le logiciel du ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur : « Je ne suis pas convaincu de ce qu’il y a dans cet algorithme. Certains parlent de sélection masquée ».

Face à ces suspicions, le ministère à réagi dans un numéro parfaitement orchestré d’enfumage démocratique. Thierry Mandon, secrétaire d’État chargé de l’Enseignement supérieur, a joué la carte du « nous n’avons rien à cacher » en rendant public en octobre dernier une partie du code informatique dont est composé APB. Derrière cette mesure de « données ouvertes », c’est le renforcement du « lien démocratique », à juste titre mis à mal dans une école profondément inégalitaire, que le ministère de l’Éducation et de l’Enseignement supérieur cherchent à réactiver.

Peine perdue ! Les quelques spécialistes qui se sont penchés sur l’algorithme en sont tous arrivés à la conclusion qu’il est illisible. Mais le plus grave, c’est qu’ils ont détecté une faille dans le processus, qui fausse l’égalité déjà mise à mal entre les élèves. En effet, les élèves des lycées français à l’étranger, souvent issus des milieux les plus aisés, des corps diplomatiques aux cadres d’entreprises françaises implantées à l’international, s’avèrent être avantagés par APB alors que leurs conditions sociales d’existence les ont déjà programmés à une réussite certaine. Les élèves originaires des pays où sont implantés les lycées français à l’étranger, eux-mêmes issus des « milieux sociaux les plus favorisés », comme le souligne le site du gouvernement éduscol , ont également le même traitement de faveur. La poursuite d’étude en métropole de ces élèves entretenant des relations privilégiées avec l’impérialisme français est sûrement une priorité bien plus importante que la réussite de tous les élèves et l’égalité des conditions d’étude pour tous.

En arborant la transparence, c’est la structure inégalitaire de l’éducation en France et ses implications dans la pérennité des structures de l’État français et de son impérialisme que le gouvernement a mis à jour. Mais si Thierry Mandon veut vraiment mettre un terme aux « dysfonctionnements » qu’APB révèle et qu’il admet sans réserve, il faudra revenir aux racines des inégalités scolaires et de l’école à deux vitesses. La détérioration des conditions de travail des enseignants et d’études pour les élèves, l’augmentation du nombre d’élèves par classe et la création de nouveaux postes toujours repoussée, en disent déjà assez long sur le travail nécessaire . APB et sa sélection à peine masquée des élites déjà favorisée ne fait que refléter l’état général d’une éducation au service des puissants.

 
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