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La Izquierda Diario
30 de novembre de 2016 Twitter Faceboock

Coup de gueule d’un supporter
Nouveau stade à Montpellier. « Ils ont mis à mort l’esprit de la Paillade ! »

Nous relayons ci-dessous le coup de gueule d’un supporter de Montpellier, suite à l’annonce de l’emplacement du nouveau stade de football du MHSC au sud-est de la ville, loin de son quartier d’origine : la Paillade.

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Ça y est, le couperet est tombé ! Bien sûr, c’était dans l’air depuis un moment. On a même cru, un temps, que l’Euro 2016 serait l’occasion rêvée pour l’agglomération et la direction du club pour délocaliser la Paillade hors de son berceau historique, au milieu des bâtiments du quartier qui l’a vu naître. Mais l’officialisation du nouveau stade de Montpellier, au sud-est de la ville, ne peut que faire, au minimum, un pincement au cœur des aficionados des oranges et bleus. Pour ma part, c’est même de la colère qui m’anime. Car soyons clairs : ils ont mis à mort l’esprit de la Paillade !

Bien sûr, bien des arguments sont avancés pour faire apparaître cette décision comme une fatalité vitale pour le club et la ville à court, moyen et long terme. Des plus inavouables aux plus pragmatiques. Une petite musique, que l’on entend à longueur de saison et qui ne me donne qu’une intense envie de vomir, claironne que le quartier en lui-même serait un frein pour la venue des supporters. En près d’une décennie d’allers-retours permanents entre mon domicile et ma « deuxième maison » footballistique, je ne me suis jamais senti en danger dans les rues de La Paillade, n’en déplaise aux bourgeois ! Bien au contraire, vagabonder aux alentours du stade quelques heures avant le coup d’envoi, aller manger une frite aux snacks à l’allure clandestine et se retrouver au milieu d’une foule où « les Arabes, les Gitans et les Blancs », pour paraphraser un chant mythique de la Butte Paillade, s’enflamment et font leurs pronostics autour du match du soir, me donne une étrange sensation de volupté. C’est bel et bien en Paillados que l’on rentre au stade, que l’on en sort et que l’on vit les matchs ! Un véritable bastion du football populaire qui vaut tous les Zlatan, tous les Di Maria du monde. Et oui, ici nos idoles se nomme Captain Vito Hilton, Souley Camaradona et on est fiers, quand on voit la composition d’équipe, de voir les jeunes du centre de formation gambader sur le pré au milieu des « grands ». Peu importe, au fond, le résultat et encore plus les titres. Le principal, c’est la grinta et l’esprit Paillade ! Mieux vaut un maintien, ou un titre comme en 2012, arraché aux tripes qu’une victoire programmée, aseptisée à grands coups de centaines de millions d’euros. Du plaisir, j’en prends à chaque fois qu’il m’est permis de venir au stade. Lors d’un Montpellier/Angers à 7/8000 spectateurs et loin des projecteurs à un soir de grâce du 13 mai 2012, pour un Paillade/Lille que je garderai à jamais dans ma mémoire, et qui aurait été à coup sûr bien plus terne dans un stade new look avec brasseries et bars officiels du club. La Paillade, c’est ici !

Ah si, j’ai failli les oublier ! Il y a bien des moments où je me retrouve stressé, en insécurité à la Paillade. Plus que des moments, il s’agit d’une présence, qui encadre et se tient prête à dégainer. Elle est d’autant plus présente lors des grands événements, avec hélicoptère en appui aérien. Il s’agit bien évidemment de la présence policière, BAC et CRS en première ligne, armes aux poings, qui scrutent la foule. Ceux-là mêmes qui, poursuivant un jeune pour un fumigène, ont tiré aux flashs-balls dans la foule et ont éborgné Casti. Ceux-là mêmes qui ont menti pendant des années sur cette affaire, couvrant leur collègue et sont à l’affût de toutes les occasions pour sauter dans le tas. Ouais, s’il y a bien quelque chose à changer aux abords du stade, c’est bien ça. La militarisation du quartier par ces cow-boys à la matraque légère, qui débarquent en nombre, chargent et interpellent à l’aveugle.

Alors bien sûr, il arrive que le stade se transforme en piscine, digne des jeux olympiques, lorsque la rivière Mosson décide de sortir de son lit. Au passage, merci à l’architecte qui a eu la brillante idée de faire passer ladite Mosson en plein cœur du stade ! Sans avoir fait de grandes études d’architecture, il était couru d’avance que cet emplacement précis n’était pas le plus judicieux. Par ailleurs, il faut évidemment se lever de bonne heure pour avoir une place sur le parking du stade et il faut accepter de se coucher tard après le match tant les embouteillages sont monstres pour les soirs de grands matchs. Mais faire croire que des aménagements ne sont pas possibles ou encore que c’est trop cher, c’est un peu fort ! La décision de construire un nouveau stade loin de son berceau populaire est bien loin de tous ces arguments lisses. Pour le club, la ville et l’agglo, les supporters actuels du MHSC sont à trier. Ceux issus des classes populaires et du quartier de la Paillade, plus passionnés que consommateurs, sont à mettre au ban pour que la faune petite bourgeoise puisse venir en toute quiétée, sans être importunée par « la caravane, la guitare et les djembés », son hot-dog et sa boisson du club à la main, le maillot floqué à 80 balles sur les épaules, venir assister à la représentation. Non, c’est définitif, je préfère les baraques à frites et les barres d’immeuble, les frites d’avant match made in Paillade et me retrouver au sein de tout ce qui fait le charme du petit peuple pailladin. « Montpellier, Montpellier, à tout jamais ! »

 
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