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La Izquierda Diario
1er de juillet de 2016 Twitter Faceboock

Fresque taguée et détériorée à Grenoble
Peut-on se dire en démocratie quand on cherche à supprimer des œuvres d’art ?
Arthur Fontane

L’Etat matraquant la liberté : tel est le titre de la fresque qui fait polémique à Grenoble. Créée par l’artiste Goin, elle représente deux CRS armés frappant une Marianne, ainsi qu’un drapeau français déchiré. Vandalisée par différents tags, elle est maintenant attaquée par les syndicats de police et Bernard Cazeneuve, outrés du fait que l’on affiche la réalité sur les murs d’une ville.

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« L’art a toujours été subversif et continuera de l’être »

C’est l’art contre le pouvoir : dans le cadre du Grenoble Street Art Fest, un festival de street art qui a lieu du 8 au 26 juin, l’artiste a peint « ces images  ?que je vois ? tous les jours dans les médias », c’est à dire deux policiers matraquant la liberté à coup de 49.3. Ce dernier, malgré des critiques infâmes sur lesquelles nous reviendrons, justifie son message, se réclamant d’« {}un art subversif et engagé qui est une arme d’évolution massive pour notre société  ? ?. Le son des bottes nous ne voulons plus l’entendre , nous en avons marre, nous sommes fatigués... Nous rêvons simplement d’un monde meilleur ou ce que je peins n’existerait plus  ». Goin, par son œuvre contestataire, se fait ainsi le porte-voix de toute une génération qui n’en peut plus d’entendre ces sons de matraques et de boucliers, quand elle cherche à prendre la parole par la rue. Heureusement, le maire de Grenoble défend la démarche du peintre, prenant la défense de la liberté artistique : « L’art a toujours été subversif et continuera de l’être ».

« Avec l’état d’urgence et le 49-3 la France des lumières s’obscurcit rapidement, l’esprit Charlie est bien loin déjà... L’Etat prend en otage notre « démocratie » au profit du totalitarisme marchand qui définit nos vies avant même que l’on ne les aient vécues », dénonce Goin, pointant bien qui défend la police, c’est à dire le Capital, au risque de tomber dans une société totalitaire. L’allégorie de la liberté s’appuie d’ailleurs sur deux œuvres dystopiques– 1984 de George Orwell et Brave New World d’Aldous Huxley – pour bien montrer quelles sont les dérives du système.

Fronde unanime des pouvoirs fascistes contre la liberté artistique

Bien que la fresque s’intitule L’Etat matraquant la liberté, la police et les « socialistes » au pouvoir s’en sont pris unanimement à l’œuvre, la jugeant outrageante et « anti-flic ». « On aimerait qu’il y ait un dépôt de plainte car il y a un outrage évident  », a déclaréValérie Mourier, secrétaire départementale d’Alliance. « On a demandé au ministre de l’Intérieur de porter plainte pour outrage  », a affirmé pour sa part Yannick Biancheri (du syndicat Unité SGP Police FO) en parlant d’une « image scandaleuse et honteuse ». Mais pour qui se prend la police pour réclamer qu’une fresque artistique soit effacée ? Il s’agit bien là d’une censure cruelle : c’est une traque des idées, publique et officielle, contre quiconque ose dire la vérité sur la nature de notre Etat. La police frappe, gaze et mutile pour défendre un système qui sert une minorité de privilégiés.

Les pouvoirs publics ont ensuite trouvé indigne qu’une collectivité territoriale puisse financer un art indépendant : « quand la collectivité locale finance, sur l’argent des contribuables grenoblois, une fresque réalisée dans le cadre d’un festival subventionné à hauteur de 25.000 euros, à la vue de tous, dans l’espace public, elle est responsable des messages passés. Par respect pour ceux qui nous protègent, il faut effacer immédiatement cette fresque inacceptable dans ce contexte  », a proposé l’ancienne ministre socialiste Geneviève Fioraso. Que penser alors des subventions données par l’Etat aux principaux soutiens du capital, à savoir les médias nationaux ? De surcroit, Geneviève Fioraso propose une mesure plus que dangereuse : que les pouvoirs publics contrôlent les messages artistiques quand ils financent un festival. Tout ceci ne peut être décrit que d’un mot : fascisme !

Quand une œuvre est dégradée en public et que les pouvoirs publics s’en félicitent

La fresque a de surcroit été détériorée, taguée. Le slogan « stand up for the french police » a été inscrit, et les mots « police » et « 49.3 » recouvert. Cette dégradation d’une œuvre appartenant à l’espace public n’a cette fois été dénoncée par personne. Goin, s’est prononcé comme« pas étonné » par ces dégradations.« Les esprits faibles suivent leur berger : la stupidité », estime-t-il. Reste à savoir qui est ce berger.

 
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