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La Izquierda Diario
27 de janvier de 2023 Twitter Faceboock

Que fait la CFDT ?
Mais à quoi joue Laurent Berger en allant rencontrer le raciste anti-ouvrier Éric Ciotti ?
Nathan Deas

À moins d’une semaine du 31 janvier Laurent Berger, a été ce mercredi rencontrer … Éric Ciotti. Un échange avec le dirigeant d’un parti-anti ouvrier, défenseur de la réforme des retraites et de politiques xénophobes qui, en plein mouvement contre la réforme des retraites, témoigne des absurdités de la stratégie de pression de la CFDT.

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L’information est passée quasiment inaperçue, pourtant ce mercredi, Le Parisien et Politico rapportaient que Laurent Berger, leader de la CFDT, a rencontré le nouveau président des Républicains, le très réactionnaire Éric Ciotti, afin de discuter de la réforme des retraites.

Si le contenu de la discussion n’a pas été révélé, le choix de Laurent Berger de rencontrer Éric Ciotti, connu pour ses positions xénophobes, à la tête d’un parti profondément anti-ouvrier et allié de Macron dans la réforme des retraites, est au mieux difficilement compréhensible, au pire révélateur des absurdités auxquelles mène la stratégie de pression voulue par la CFDT pour imposer un recul au gouvernement.

En effet, on l’aura compris, la CFDT ne compte pas sur la grève, du moins pas sur la grève reconductible, pour faire plier la macronie sur la réforme des retraites. Il faudra bien des démonstrations de force, estime-t-on du côté de la centrale syndicale, mais à conditions qu’elles restent dans les clous. C’est-à-dire qu’elles s’inscrivent dans le mode d’action décidé jusque-là : des journées de mobilisation de 24 heures. Après le 19 janvier, le 31 donc et en attendant pas grand-chose. Du moins sur le terrain social. Puisqu’en coulisse, la CFDT continue de s’agiter.

Dans un article pour l’Opinion, Corinne Lhaïk résume assez bien le second volet de la stratégie mise en place par Laurent Berger. « L’autre angle d’attaque de la CFDT est politique. Le syndicat travaille la majorité, mais aussi les LR, pour les convaincre de ne pas voter la réforme. En 2010, des manifestations monstres n’avaient pas empêché Nicolas Sarkozy de passer l’âge légal de 60 à 62 ans, mais il disposait d’une majorité absolue et solide. Celle d’aujourd’hui est relative et fragile sur la question des retraites ».

Comme le notait Laurent Berger sur France 5 ce dimanche : « dans tous les groupes parlementaires, y compris parmi ceux qui sont censés voter la loi, il y a beaucoup d’hésitation ». Aussi, le dirigeant de la CFDT entend parier sur le rejet massif de la réforme combinée à la fragilité de l’exécutif au Parlement, pour imposer la remise aux oubliettes de la réforme sur les retraites sans passer par un mouvement de grève massif.

Une stratégie aventurière. D’abord parce que le gouvernement est déterminé et pourra compter au besoin sur les dispositifs les plus antidémocratiques de la Vème République par le gouvernement, notamment le 49-3 et désormais le 47-1, pour contourner des difficultés éventuelles à l’Assemblée. Ensuite parce que cette stratégie conduit à refuser de construire un rapport de forces, en priant pour que Macron finisse par entendre raison, au risque de finir par voir la réforme passer sans avoir mis en branle l’ensemble des forces possibles pour gagner face au gouvernement.

La rencontre avec Ciotti montre par ailleurs les dangers de cette stratégie. En effet, elle conduit à légitimer des ennemis des travailleurs aussi virulents que Eric Ciotti, sur la base de l’illusion qu’il serait possible de les raisonner. Par-delà les attaques répétées contre le monde du travail, davantage encore lorsque les travailleurs en question sont étrangers, dont il s’est rendu coupable, le député des Alpes maritimes est un soutien revendiqué de l’allongement du temps de travail. Le 8 janvier dernier, il déclarait ainsi au Journal du Dimanche, souhaiter « pouvoir voter une réforme juste qui sauve notre système de retraite par répartition » parce que « la situation budgétaire, démographique et économique impose cette réforme. ». Ce mardi, à nouveau, il évoquait « l’impérieuse nécessité » de la réforme et assurait que son parti serait « au rendez-vous de ses responsabilités ».

Par ailleurs, s’il existe effectivement des désaccords à l’intérieur de LR et même au sein de la macronie à propos de la réforme des retraites, ceux-ci reposent davantage sur la forme que sur le fond. Aussi, les « dissidents » visent d’abord et avant tout à trouver des aménagements pour rendre la réforme (plus impopulaire chaque jour) plus acceptable. En continuant à dialoguer avec les soutiens (plus ou moins déclarés) de la réforme, jusqu’à ses ailes les plus réactionnaires, Laurent Berger ne fait rien d’autre que fragiliser la contestation, donnant l’illusion qu’il serait possible de trouver un terrain d’entente avec le camp adverse à l’heure où il faudrait préparer notre camp à mettre toutes ses forces dans la bataille.

Les tensions qui s’expriment au sein de la macronie et de LR ne disent en réalité qu’une chose : la crainte de la rue et d’une explosion sociale. Il serait grand temps donner à raison à ceux qui craignent cet horizon. Pour cela, il est urgent de rompre pour de bon avec toute illusion parlementariste et de construire un véritable plan de bataille ! Macron n’est jamais aussi fragile que face à la grève et c’est ce message qu’il transmettre à tous les travailleurs et toutes les travailleuses de ce pays pour un 31 janvier massif qui soit un pont vers un durcissement du mouvement.

 
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