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La Izquierda Diario
30 de novembre de 2022 Twitter Faceboock

Répression patronale
Une gréviste est licenciée à la clinique du Tondu : il faut exiger sa réintégration
Yann Causs

Frappé par un mouvement de grève de deux semaines, la direction de la clinique privée du Tondu près de Bordeaux met à exécution ses menaces de répression. 20 jours après la fin du conflit, une aide-soignante de nuit ex-gréviste, a reçu sa notification de licenciement. Face à cette décision scandaleuse, il faut exiger sa réintégration.

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Du 25 octobre au 9 novembre, une grève inédite et majoritaire a eu lieu à la clinique privée du Tondu à Floirac, près de Bordeaux. Une grève menée par le personnel de l’ensemble des services de la clinique qui s’est mobilisé pour une augmentation de leur salaire et l’amélioration de leurs conditions de travail, face à une direction hostile et méprisante aux revendications des grévistes. Malgré cela, le mouvement a réussi à arracher des augmentations de salaires et une prime de 200 euros grâce au rapport de force.

Après des réquisitions abusives, la direction licencie une gréviste

Ce conflit, inédit en de nombreux points et qui a été vécu comme « une révolution dans la clinique », était néanmoins déjà sous la menace des représailles de la direction qui n’avait cessé de mener une politique répressive à coup de réquisitions abusives. Ce lundi 28 novembre, des menaces, la direction est passée à l’acte en prononçant le licenciement d’une gréviste, aide-soignante de nuit, pour faute lourde suite au non-respect d’une notification de réquisition.

Une décision brutale, justifiée selon la direction par une « mise en péril volontaire de la continuité des soins en ne déférant pas à l’acte de réquisition » et un « préjudice […] plus généralement à la clinique »

Ces accusations, Axelle, les réfute totalement à notre micro : « Je suis très énervée. Le soir de ma réquisition, le 27 octobre, quand l’huissier est passé à 20h20, 1h20 après l’heure normale de mon embauche, je dormais. Je n’ai pas entendu sonner ni jamais vu l’avis de passage qu’il prétend avoir laissé. Mon conjoint présent n’a rien entendu non plus. Lorsque je me suis rendue le 18 novembre pour l’entretien préalable à mon licenciement, la direction me mettait en faux, pourtant c’est bien elle qui est en tort. Ce soir-là, il y avait une sur-réquisition, le service n’avait jamais été aussi rempli, le personnel soignant était trop pour un soir où il y a eu très peu de passage aux urgences et mon remplacement ne s’est fait sans soucis. Je ne vois pas où j’ai mis un patient en péril ni même mes collègues comme le prétend la direction. »

Pour Marie-Laure Charchar, secrétaire générale de la CGT de la blanchisserie du CHU de Bordeaux, il ne fait aucun doute, ce licenciement est une réponse directe au mouvement de grève : « la direction de la clinique veut sanctionner la grève et intimider le personnel de la clinique pour prévenir tout nouveau sursaut de mobilisation. Déjà durant le conflit, elle n’a cessé d’user de méthodes répressives pour casser la grève notamment avec des réquisitions largement abusives, les grévistes se retrouvaient beaucoup plus qu’en temps normal dans les services ! Ces réquisitions abusives constituaient déjà en elles-mêmes une entrave importante au droit de grève, et l’Union Départementale de la CGT qui accompagnait la déléguée syndicale du site a été reçue par la préfecture pour cela. »

Contactée par nos soins, Elsa Marcel avocate au barreau de Paris affirme que : « le droit de grève est un droit protégé par le code du travail.
Pour licencier quelqu’un en grève, il faut apporter la preuve qu’il a commis une faute lourde, d’une très forte gravité. Or rien ne permet d’affirmer que c’est le cas en l’espèce. Les réquisitions émanent du préfet, pas de l’employeur dont le pouvoir disciplinaire est théoriquement suspendu"

Aucun licenciement, la gréviste doit être réintégrée !

De son côté l’aide-soignante, l’affirme, elle « va tout faire pour se battre et entamer des démarches ». Comme l’affirme Marie-Laure Charchar, ce licenciement est « un message envoyé aux personnels de la clinique pour intimider » et face à cela « les liens que la grève a permis de tisser dans la clinique doivent servir pour répondre, la direction licencie une soignante car elle a eu le courage de relever la tête et de se mobiliser avec ses collègues. »

Dans la continuité de la grève, la solidarité de tous les services pourrait s’exprimer pour exiger la réintégration de la travailleuse licenciée. Derrière ce licenciement, la direction s’attaque en réalité à l’ensemble des grévistes qui ont relevé la tête, mais les acquis de la dernière grève pourrait au contraire faire regretter à la direction cette offensive.

Bien plus, dans un contexte de crise économique et d’une inflation inédite qui entraîne des mobilisations des travailleurs et travailleuses pour l’augmentation des salaires, ces faits de répression concernent l’ensemble du mouvement ouvrier. Ainsi, une réponse large pourrait émerger, à condition que les organisations du mouvement ouvrier se solidarisent avec la gréviste licenciée et ses collègues. S’ils touchent à l’un d’entre nous, ils touchent à tous !

 
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