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La Izquierda Diario
23 de octobre de 2022 Twitter Faceboock

Répression
Lycées. Une semaine de mobilisation marquée par la répression policière dans le Val d’Oise
Hélène Angelou

Depuis mardi, journée de grève nationale, de nombreux lycéens se sont mobilisés et le mouvement s’est étendu dans la semaine à travers le 95 : les lycées de Sarcelles, Goussainville ou Garges-lès-Gonesse étaient notamment bloqués. Une mobilisation lycéenne dans des quartiers populaires qui a été très violemment réprimée par la police.

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Cette semaine du 18 octobre a été marquée par une mobilisation lycéenne qui, bien que très inégale, s’est prolongée sur l’ensemble de la semaine dans certains quartiers. C’est notamment le cas dans les quartiers populaires du 95.
Si Jean-Jacques Rousseau et la Tourelle à Sarcelles étaient déjà mobilisés et bloqués le 18 octobre à l’occasion de la journée nationale de grève pour les salaires, tout comme plusieurs lycées parisiens, la mobilisation s’est étendue sur les autres lycées du secteur dans la semaine, à l’image de Romain Roland à Goussainville, ou de Simone de Beauvoir à Garges-lès-Gonesse, où les blocus se sont prolongés jusqu’à ce vendredi.

Une colère profonde exprimant un réveil politique de la jeunesse

Au-delà des contextes spécifiques et des revendications parfois diverses, la mobilisation lycéenne dans ces quartiers populaires exprime une profonde colère. Une colère alimentée par le contexte d’inflation galopante qui aggrave encore les conditions de vie des classes populaires et touche de plein fouet les familles précaires du 95, mais aussi par la répression policière.

Dans certains établissements, ce sont les conséquences de la casse des services publics qui cristallisent la colère. Des conséquences qui pèsent d’autant plus lourd qu’elles s’accompagnent d’un sentiment d’abandon des quartiers populaires.
Au lycée Simone de Beauvoir de Garges-lès-Gonesse, les lycéens mobilisés dénoncent notamment les classes surchargées et le manque de personnels. Depuis la rentrée en effet, le lycée se retrouve sans infirmière, sans psychologue conseillère d’orientation, sans assistante sociale et avec un demi-poste de CPE en moins.

Des revendications qui résonnent avec la mobilisation des travailleurs et travailleuses de l’éducation, ce 29 septembre puis le 18 octobre, alors que cette rentrée a révélé de manière frappante l’ampleur de la crise traversée par l’éducation nationale.

Par ailleurs, la colère lycéenne est aussi l’expression de la crise traversée par l’école publique aujourd’hui. Après des décennies de casse de l’éducation publique, l’illusion méritocratique qui la sous-tend dans la société capitaliste est en effet de plus en plus mise à mal. C’est particulièrement vrai depuis les réformes parcoursup et du bac qui ont contribuer à rendre évident pour de nombreux lycéens le fait qu’il s’agit d’une école de la sélection et de la répression. Dernière réforme en date, la réforme du lycée professionnel a elle aussi mis le feu au poudre et entraîné une mobilisation des lycéens comme des enseignants. Et cette crise alimente le réveil politique lycéen ces dernières années.

Une mobilisation lycéenne réprimée violemment

Cette mobilisation de lycéens des quartiers populaires a rencontré un niveau de répression particulièrement élevé. Les blocus lycéens, déjà marqués par une présence policière devenue systématique, se sont également retrouvés confrontés à l’envoi de brigades de CRS et à la présence de la BAC. A l’image des interpellations nombreuses qui ont eu lieu lors du blocus de Joliot-Curie, la répression policière s’est traduite là aussi par de très nombreuses interpellations, des intimidations et des charges policières avec usage de gaz lacrymogène et de matraques.

Une répression dans la continuité de la politique du gouvernement à l’encontre des mobilisations lycéennes qui vise à étouffer tout mouvement lycéen. Mais cette fois-ci, la répression policière a été un facteur expliquant l’extension des blocus lycéens à de nouveaux lycées, indignés par le traitement réservés aux élèves mobilisés de Joliot Curie puis de la Tourelle.

Une solidarité nécessaire des travailleurs de l’éducation face à la répression

Face à la répression policière et celle de l’institution que subissent les lycéens mobilisés, plusieurs équipes enseignantes ont apporté leur soutien à leurs élèves. Les personnels du lycée Romain Roland de Goussainville ont ainsi tenu à dénoncer dans un communiqué la répression violente subie par leurs élèves et pointer la responsabilité de la direction académique et de la casse des services publics.
« Cette montée des tensions aux abords de notre établissement n’est pas sans lien avec la dégradation des conditions de travail et les inégalités croissantes subies par nos élèves. Depuis le début de l’année, nous n’avons eu de cesse d’alerter sur le manque de moyens alloués aux établissements, qui, comme le nôtre, devraient relever d’un réel statut d’éducation prioritaire. Des classes surchargées, des postes non pourvus : c’est cette situation dégradée qui favorise la multiplication des incidents », écrivent-ils.

Ailleurs encore, professeurs et vies scolaires se sont pour partie solidarisés des blocus lycéens et ont cherché à protéger les élèves mobilisés de la répression policière.

Pour autant, force est de constater que dans la plupart des cas une distance voire une méfiance est entretenue par les travailleurs et travailleuses de l’éducation vis à vis des mobilisations lycéennes. Une distance d’autant plus regrettable qu’ils étaient eux-mêmes mobilisés ces dernières années – et encore en cette rentrée – face à la dégradation de leurs conditions de travail et la dégradation des conditions d’accueil et d’étude des élèves.
Par ailleurs, à l’exception de Romain Roland où un communiqué a été publié, la solidarité des personnels est restée locale et discrète, alors même qu’une prise de position publique aurait permis non seulement de visibiliser la mobilisation lycéenne mais aussi d’affirmer sa légitimité et de gagner la confiance des élèves . Un élément d’autant plus important dans un contexte où les blocus lycéens, en particulier dans les quartiers populaires, font l’objet d’un dénigrement qui les assimile à de la violence gratuite afin de dépolitiser le mouvement lycéen.

Si l’état de conscience lycéen est très inégal et que la colère profonde a pu prendre un aspect émeutier face à la répression, notamment à Sarcelles ou Goussainville, les travailleurs et travailleuses de l’éducation ont aussi un rôle à jouer dans la prise de conscience du caractère politique du mouvement lycéen afin d’aider les élèves mobilisés à aller vers la formulation de revendications politiques.

En ce sens, il est nécessaire pour le corps enseignant et l’ensemble des personnels d’exprimer leur soutien face à la répression et de mener un combat d’ensemble, en alliance avec les lycéens et en participant à les aider à transformer leur colère en revendications, loin de tout corporatisme, contre les conséquences de la casse des services publics et, plus en général, contre les conséquences de la crise économique que la bourgeoisie veut nous faire payer.

 
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