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La Izquierda Diario
6 de octobre de 2022 Twitter Faceboock

Pour les salaires
« Dialogue social » ou grève reconductible ? Les raffineurs montrent la voie pour les salaires
Paul Morao

Deuxième semaine de grève chez Total, troisième semaine chez ExxonMobil. Dans un silence médiatique quasiment total, les raffineurs sont en train de mener un énorme combat pour les salaires. Pourtant, cette semaine, les directions syndicales ont décidé de faire un pas supplémentaire dans le « dialogue social », désarmant ainsi les travailleurs tout en continuant d’ignorer en pratique le combat des raffineurs et la nécessité de le généraliser.

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Le piquet de grève des raffineurs de Total Grandpuits à l’hiver 2021. Crédit photo : OPhilDesContrastes

Dans la pétrochimie, une grève reconductible qui montre comment lutter

Depuis trois semaines, les grèves s’accumulent dans la pétrochimie. Le 20 septembre, ce sont les travailleurs de ExxonMobil qui ont ouvert la danse, avec une grève partie de la base, en réaction au refus de la direction d’offrir des augmentations de salaires à la hauteur de l’inflation et de ses profits milliardaires. Alors que les deux raffineries du groupes sont à l’arrêt, la mobilisation se poursuit avec détermination.

Depuis le 27 septembre, les raffineurs de Total ont rejoint le mouvement. Après les trois jours de grève appelés par la CGT, plusieurs sites ont choisi de poursuivre la bataille, à commencer par Normandie, la principale raffinerie française désormais à l’arrêt. Les raffineurs du site de Gonfreville-l’Orcher entame actuellement leur deuxième semaine de grève, avec une détermination énorme pour une mobilisation « jamais vue ».

Une dynamique qui conduit déjà à des pénuries partielles en raison de la désorganisation des chaînes d’approvisionnement, et à partir de laquelle il serait possible de penser une large riposte du monde du travail. Alors que certaines stations essence sont déjà à sec et que des aéroports peinent à se ravitailler en carburant, l’entrée dans la bataille d’autres secteurs ouvrirait en effet une énorme crise pour le gouvernement et le patronat. Cela permettrait d’arracher d’importantes augmentations de salaires : c’est le moment !

Du côté des directions syndicales : le choix du « dialogue social »

Pourtant, en dépit de ce mouvement de grève, les directions syndicales privilégient de leur côté le « dialogue social ». Ainsi, ce mercredi, toutes, y compris la CGT, ont décidé de participer aux « concertations » de Macron sur la réforme des retraites. Sous couvert de défendre leurs positions, elles vont dans les mois à venir s’asseoir régulièrement pour discuter avec un gouvernement qui a pourtant exprimé clairement son but de nous faire « travailler plus », et faire entrer en vigueur cette attaque avant l’été. Un signal clair envoyé à la base que la priorité n’est pas au combat dur, mais à la discussion.

Sur le terrain des salaires, la stratégie n’est pas très différente. Toujours ce mercredi, la direction confédérale de la CGT a publié un communiqué intitulé « Retraites : il y a urgence à augmenter les salaires, pas l’âge de la retraite. » Celui-ci se contente d’évoquer des « actions de mobilisation pour les salaires et les retraites, tout au long de la semaine du 17 au 21 octobre prochains. » Ni la question de la grève, ni le mouvement dans la pétrochimie ne sont évoqués. Seulement des actions locales, sans aucun appel à une ou plusieurs journées de mobilisation à échelle nationale.

Il ne s’agit pas d’un hasard : le centre de gravité de la politique de la CGT comme de l’ensemble des directions syndicales se situe actuellement du côté des discussions aux ministères. A ce titre, alors que les médias font tout pour masquer le mouvement en cours et que le gouvernement promet que le « problème » sera vite réglé pour cacher sa fébrilité, il a fallu attendre qu’Olivier Véran aborde la question hier pour qu’un premier communiqué confédéral mentionne les grèves. Là encore, il se contente d’acter leur existence, sans proposer aucune perspective même minimale de soutien actif à la lutte en cours.

Les grévistes de la pétrochimie montrent la voie pour combattre le gouvernement et arracher des augmentations de salaires !

Face à cette politique, il y a urgence à défendre une autre orientation. Le dialogue social » n’a pas cessé de démontrer qu’il était en réalité une courroie de transmission des contre-réformes sociales, comme on l’a vu de manière éclatante sous le quinquennat Hollande. Loin d’obtenir des avancées pour les travailleurs, il agit comme un substitut à la lutte et désarme les travailleurs qu’il passivise. Pour lutter pour nos salaires et contre les attaques du gouvernement, il faut exiger que les directions syndicales rompent immédiatement toute négociation de la régression sociale.

Dans le même temps, nous ne pouvons pas nous contenter d’attendre des directions syndicales qu’elles dessinent un réel plan de bataille. Face à l’offensive de Macron contre l’assurance chômage et les retraites, ainsi qu’aux attaques de l’inflation contre nos salaires, il est indispensable que les travailleurs et les syndicats de base, quelles que soient leurs étiquettes, commencent à prendre leurs affaires en main, en s’organisant par en bas, pour participer à construire un plan de bataille alternatif.

De ce point de vue, les points d’appuis ne manquent pas dans la situation. Il faut absolument se tourner vers ceux qui luttent, pour construire une riposte commune. La grève dans la pétrochimie fait la démonstration qu’il est possible de se battre, en grève reconductible, contre un des patronats les plus puissants du pays. Mais ils ne sont déjà pas les seuls à se battre ! Ce jeudi, l’ensemble des travailleurs de Sabena Technics, un sous-traitant aéronautique, étaient ainsi en grève pour les salaires. Dans les transports publics, des grèves éclatent dans de nombreuses villes de France. Ce jeudi, les travailleurs des centrales nucléaires sont également en grève. C’est le moment de construire un mouvement d’ensemble !

Cela implique non seulement de se solidariser avec les grèves existantes comme la pétrochimie, en diffusant les caisses de grève, en popularisant leur combat et leurs revendications, en envoyant du soutien depuis nos entreprises et lieux d’études, mais aussi d’en faire un point d’appui pour généraliser la grève. C’est comme ça qu’on construit un plan de bataille capable d’emmener l’ensemble des travailleurs des différents secteurs, pour arracher des augmentations de salaires et leur indexation sur l’inflation, mais aussi pour passer à Macron l’envie de s’en prendre à l’assurance-chômage et aux retraites.

 
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