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La Izquierda Diario
23 de septembre de 2022 Twitter Faceboock

Du 27 au 29 septembre
Trois jours de grève pour les salaires chez Total : « Il faut une grève reconductible nationale »
Arthur Nicola

Chez Total, en vue de préparer la grève interprofessionnelle du 29 septembre, les salariés ont décidé de mettre en place une grève de trois jours dès le 27 septembre et se veulent un exemple pour tous les salariés.

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Crédits photo : O Phil des Contrastes

Rien ne va plus chez les salariés de Total. Alors que l’entreprise fait des bénéfices records et est au cœur de toutes les discussions concernant la taxation des profits, les salariés réclament en depuis des mois des augmentations de salaires, refusées par l’entreprise qui a vu ses bénéfices exploser au premier semestre avec un record à 10,6 milliards d’euros de résultat net. Le 24 juin et le 28 juillet dernier, les salariés s’étaient déjà mis en grève pour réclamer des augmentations de salaire, refusées jusqu’ici par l’entreprise.

Une revendication centrale : 10% d’augmentation de salaire pour faire face à l’inflation

Face à cela, les grévistes ont décidé de monter d’un cran dans le rapport de force, en appelant à trois de grève reconductible du 27 au 29 septembre, pour obtenir des augmentations de salaire de 10%. « On s’est basé sur l’indice des prix à la consommation harmonisé (IDCH) qui est chiffré à 7% au 31 juillet, qui est plus précis à notre sens que l’indice Insee, parce qu’il est plus proche des dépenses courantes, ainsi que 3% au titre des bénéfices records du groupe pour faire progresser notre pouvoir d’achat  » détaille Benjamin Tange, délégué syndical central pour la branche raffinage et pétrochimie du groupe. « On sent une énorme colère chez les salariés par rapport au fait que l’inflation on la subit depuis plusieurs mois, et qu’on nous dit qu’on attend la fin de l’année pour parler augmentations, donc il y a vraiment l’envie des salariés d’aller chercher cette revalorisation » nous explique le syndicaliste.

Il faut dire que pour les salariés, l’inflation se fait sentir plus durement que jamais : « à chaque caddie, les collègues prennent une claque, beaucoup ne sont pas partis en vacances, et certains commencent à recevoir des rappels de facture d’électricité qui dépassent les milliers d’euros  » témoigne Adrien Cornet, pompier à la raffinerie de Grandpuits (Seine-et-Marne). Par ailleurs, les grévistes réclament la fin du gel des embauches et plus d’investissements sur les différents sites qui se dégradent de plus en plus.

Face à ces situations, les grévistes ont donc décidé d’arrêter les journées de grève isolée, pour commencer à reconduire la grève sur plusieurs jours. Dans la tête de tous les syndicalistes de Total, la question de l’appel intersyndical à la grève pour le 29 septembre est présente, avec la volonté d’envoyer un message à tous les salariés en lutte : il faut préparer des grèves reconductibles. « La grève reconductible, c’est la seule modalité qui puisse nous faire gagner, si on part sur des journées d’actions isolée, on a déjà vu en 2016, ça ne fait que fatiguer l’ensemble de la classe ouvrière et cela ne nous fera pas gagner  ». A l’échelle de la pétrochimie, les salariés d’Exxonmobil, en grève depuis mardi dernier, ont « montré la voie » pour les grévistes de Total, qui comptent bien imiter leurs collègues.

« On a besoin d’un plan de bataille après le 29 »

Chez Total, où les traditions de lutte sont fortes, on se pose la question de comment, pour gagner des augmentations salariales, faire avancer l’ensemble du mouvement ouvrier. D’un côté, les grévistes savent que, pour gagner à l’échelle de leur entreprise, la mise en place d’un rapport de force qui dépasse l’enceinte des raffineries sera nécessaire. C’est dans cet esprit que la coordination des syndicats de Total a donc appelé à une grève avec toutes les entités du groupe, y compris des filiales comme Huntchinson (qui produit des pneus) et Argedis (réseau de stations-services), qui sont appelées à la grève le 29 septembre. Concernant le 29 et ses suites, Benjamin Tange détaille son avis : « on a la volonté d’y arriver et que cela déborde de notre secteur et élargir le rapport de force le plus largement possible. Mais on a toujours besoin d’un plan de bataille parce que sinon ça devient difficile, on espère qu’il arrivera bientôt sur la table  ».

Alors que la CGT et Solidaires ont annoncé la date de mobilisation du 29 septembre il y a déjà plusieurs mois, aucune date ultérieure n’a été annoncée par les confédérations, et encore moins la possibilité de mettre en place des grèves reconductibles et des caisses de grève pour les soutenir. Chez Total, de l’aveu des deux syndicalistes, plusieurs raffineries semblent déjà se préparer à la reconduction du mouvement après le 29 septembre, ce qui montre la détermination de secteurs de salariés toujours plus importants à mettre en place un véritable rapport de force contre le patronat. Les salariés de PSA Hordain, et cette semaine d’Exxonmobil, montrent déjà cette disposition à la lutte qui s’exprime dans certains secteurs ouvriers.

Dans ce contexte, les raffineurs de Total veulent être un exemple pour les luttes à venir, et donner des idées à d’autres entreprises, quitte à mettre les directions des syndicats devant leurs responsabilités : « l’ensemble des travailleurs le savent, ce qui nous manque aujourd’hui ce sont des organisations syndicales qui préparent un vrai plan de bataille, qui font marcher les caisses de grève, qui font en sorte que les travailleurs puissent tenir dans la durée pour arracher des augmentations de salaire pour tous » défend Adrien Cornet, qui a été une figure de la lutte contre la fermeture de la raffinerie de Grandpuits, il y a un an et demi.

Pour Benjamin Tange, cette exemplarité est d’autant plus importante que le contexte sociale est plus favorables qu’il y a quelques mois : « on n’a jamais vu autant de grèves qu’en 2022, de mouvements sociaux et notamment dans des secteurs où la grève pouvait être absente, comme à Carrefour ou Décathlon, donc on essaye d’ajuster notre mouvement parce qu’on a conscience qu’il faut qu’on tape tous sur le même clou au même moment  ». Alors que le gouvernement veut essayer d’accélérer dans les contre-réformes, notamment sur la questions des retraites, alors que la majorité des salariés souffrent toujours plus de l’inflation, les salariés de Total proposent donc une autre solution, celle de la lutte, par la mise en place de grèves reconductibles, seules à même de bloquer réellement l’économie.

 
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