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26 de août de 2022 Twitter Faceboock

UDT 2022
Première table ronde à l’université d’été RP : « La nouvelle génération ouvrière face à Macron II »
Comité de Rédaction

Pour terminer la première journée de l’université d’été de RP se tenait une table ronde sur la nouvelle génération ouvrière face au deuxième quinquennat Macron. A la table, des travailleuses et travailleurs, militants de RP, ont abordé la situation sur leur différents secteurs pour préparer la rentrée à venir.

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Depuis jeudi, près de 500 personnes de différents secteurs du monde du travail et de la jeunesse sont réunis pour la première université d’été de Révolution Permanente. Après une journée riche en discussions autour de la situation internationale et en débats sur la stratégie et le marxisme, une première table ronde est venue conclure la première journée de l’université d’été. Animée par des travailleuses et travailleurs militant-e-s de RP, la table ronde a permis de revenir sur plusieurs bilans et leçons à tirer de la dernière période, riche en lutte de classe, dans l’objectif de se préparer toutes et tous face au second quinquennat Macron.

Pour commencer, Laura Varlet, cheminote et militante à Révolution Permanente et à Sud-Rail, a tenu à rappeler le contexte général qui marque la situation actuelle. « Guerre, inflation, crise économique, crise climatique, crise sanitaire » ont été de multiples chocs qui « ont chamboulé le monde entier ». Face à cela, ce n’est pas la lutte de classe qui a manqué. « Rien que ces dernières années, on a vu beaucoup de mobilisations et de révoltes ». Dernièrement on se rappelle notamment « les manifestants qui se baignaient dans le palais présidentiel » au Sri Lanka, ou encore les mobilisations au Panama, mais aussi la vague de grèves historique au Royaume-Uni, qui a vu une mobilisation inédite des cheminots, des travailleurs dans les ports, de la poste. « Comment fait-on pour que cette énergie des masses, cette envie d’en découdre, elle ne tombe pas, elle ne se dissipe pas ? » a-t-elle pointé. En d’autres termes : « comment passer de la révolte à la révolution ? ». Pour cela, « les militants révolutionnaires auront un rôle déterminant à jouer ». De ce point de vue, la classe ouvrière détient, de par sa place dans la production, mais aussi du fait de son « potentiel hégémonique », la clé pour construire le rapport de force.

Plusieurs travailleurs et travailleuses appartenant à la nouvelle génération ouvrière sont intervenus tour à tour pour donner quelques éléments de réponses et de réflexion. Raphael Cherfy, jeune travailleur, militant à Révolution Permanente et à la CGT Chronodrive, a tenu à rappeler le changement subjectif, intervenu notamment suite au Covid, au sein des secteurs les plus précarisés de la classe ouvrière. « Concrètement, lors de la crise Covid, les travailleurs de la grande distribution étaient en seconde ligne pour répondre à la crise ». Face aux « cadences infernales » et aux manœuvres de la direction, qui a tout fait pour ne pas donner la fameuse « prime Macron », les étudiants précaires qui constituent la majeure partie des travailleurs ont fini par se mobiliser. Ce qui a donné l’envie « aux collègues » de s’organiser au travers de la création d’un syndicat. Celui-ci, un syndicat CGT, depuis plus de deux ans a permis dans la dernière période d’organiser la colère face à l’inflation : « Il faut faire quelque chose sur les salaires » ont lancé des collègues à Raphaël. Résultat : « 2 journées de grève, majoritaires, symptôme que la peur de faire grève a été brisée ».

De son côté, Marie-Laure, travailleuse dans la santé et militante à RP, a tenu à rappeler l’état catastrophique du service public, résultat « des politiques qui vont vers la privatisation de la santé », en accélération depuis 2005, parmi lesquelles la « tarification de l’activité à l’acte ». Un pas supplémentaire dans la privatisation rampante de la santé, qui s’accompagne d’une politique de privatisation de pans entiers de l’hôpital public, à commencer par l’externalisation de certains services (cantines, nettoyage, blanchisserie). Dans ce contexte, Marie a tenu à rappeler le rôle délétère des bureaucraties syndicales, pointant leur « inaction ». « Je me confronte à une bureaucratie qui ne veut pas mettre les moyens pour faire face à la situation », a-t-elle pointé. Plus en général, la militante a mis en exergue le « rôle de contention » et de « frein à l’unification » des directions syndicales, qui maintiennent les divisions par leur politique, par des « grèves saute-mouton et sectorielles ». Cela bloque la perspective d’un « réel mouvement d’ensemble », a-t-elle rappelé.

C’est cette même logique de privatisation rampante du service public qui touche le secteur des transports, a rappelé Clément, technicien de maintenance et délégué Sud rail. Dans les transports, il y a une « destruction massive du secteur, ils nous vendent le train écologique par excellence mais dans le même temps, c’est la destruction du Fret ». C’est toujours une « logique de rentabilité » qui prend le dessus. De la même manière, il est intervenu sur le rôle des bureaucraties syndicales qui inscrivent leur politique dans une logique de « défense corporatiste ». « Ils n’ont jamais fait de politique pour que d’autres secteurs nous rejoignent », explique le cheminot. Face à cela, Clément est revenu sur les embryons de cadres d’auto-organisation comme « l’inter-gare » ou encore la coordination RATP-SNCF nés de la dernière séquence de lutte des classes. Des cadres impulsés par la base qui ont cherché, dans les différentes luttes, à dépasser la « stratégie de la défaite » des bureaucraties syndicales, que ce soit la grève perlée en 2018 ou la trêve de Noël contre la réforme des retraites.

Dans le secteur privé, l’offensive contre le monde du travail est tout aussi importante. Christian Porta, travailleur au sein de la boulangerie industrielle Neuhauser en Moselle, délégué CGT et militant à RP, a rappelé les dernières luttes victorieuses de son syndicat : lutte offensive pour les 32h et des embauches, mais aussi luttes défensives pour la protection des salariés pendant le Covid, la répression patronale, et dernièrement contre la fermeture d’un centre de production. Des luttes qui ont permis, grâce au rapport de force, d’obtenir le « passage aux 32h payées 35 ainsi que 30 embauches dans l’usine ». Mais pour Christian, le combat doit aussi être politique, et surtout, « internationaliste ». Pendant la guerre en Ukraine, le mot d’ordre « Ni Poutine, ni Otan » a permis de faire discuter les collègues, explique-t-il. Sur cette voie, à l’initiative du syndicat CGT, une campagne de solidarité avec les travailleurs Ukrainiens du groupe dont les salaires n’allaient pas être maintenus a vu le jour. De même, il a dénoncé les sanctions envers le peuple russe. Les militants devant se saisir aussi des questions d’oppressions, le syndicat a été à l’initiative, le 8 mars dernier, d’un cortège révolutionnaire et internationaliste à la Pride. « Parce qu’on veut contrôler le prix du pain mais on veut aussi les roses d’une vie digne d’être vécue », a-t-il conclu.

De son côté, Adrien Cornet, militant à la CGT Total Grandpuits et à RP, a tenu à ancrer son intervention sur la question écologique. Acteur d’une alliance inédite entre les raffineurs et les écologistes lors de la grève contre la fermeture de Grandpuits, Adrien est venu réaffirmer qui sont les vrais responsables de la crise en cours : « Ce système qui nous détruit, cette écocide qui a lieu, c’est le système capitaliste qui en est responsable ». Pour y faire face, seule la classe ouvrière, alliée à la jeunesse qui lutte pour le climat, peut être à même de mettre en œuvre un « système de production qui soit au service des travailleuses et travailleurs, un système où on ne pense pas simplement à la fin du mois, mais aussi à la fin du monde ». Le militant est revenu sur la nécessité de lier la lutte aux questions de stratégie et de théorie : « Comment on va renverser ce système ? », « quelle est la stratégie la plus efficace pour qu’on puisse enfin gagner ? ». En forme d’appel à ceux qui peuvent encore être pessimistes face à un tel changement de société, il a pointé qu’il ne s’agit pas d’être « éco-anxieux » mais « éco-révolutionnaire ». Une façon d’engager à l’action et à la réflexion : « la victoire est une tâche stratégique », a-t-il conclu en citant Trotsky.

En guise de conclusion, la parole a été donnée à deux camarades de Transdev, Winessa et Laurent, militants à Sud Transport, qui ont animé une importante grève contre la casse des conditions de travail. Par la suite, Laurent, 22 ans de boite, a été licencié sous un prétexte fallacieux. Pour y faire face, une grève reprendra à partir du 1er septembre en soutien, a expliqué Wynessa, et une cagnotte de solidarité a été mise en place.

Face à une situation marquée par la réactualisation des tendances aux « crises, guerres et révolutions », cette première table ronde a été riche en réflexions et a permis d’approfondir les bilans de la dernière période. Des bilans à partager et à enrichir pour commencer à construire le plan de bataille dont nous avons urgemment besoin, alors que Macron promet une véritable guerre sociale à la rentrée. Alors que les directions syndicales restent l’arme au pied, se pose de manière aiguë la question d’un plan de lutte global, à la hauteur de l’urgence sociale et climatique.

 
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