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La Izquierda Diario
25 de juin de 2022 Twitter Faceboock

Impérialisme
37 migrants meurent en tentant de passer à Melilla : les frontières tuent
Paul Morao

Au moins 37 morts et 150 blessés. Ce vendredi, la répression à la frontière de Melilla, enclave coloniale espagnole sur le territoire marocain, a donné lieu à un immense drame coûtant la vie à des dizaines de personnes.

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Ce vendredi, 2000 migrants ont cherché à franchir la frontière de l’enclave de Melilla, territoire colonial espagnol, en escaladant le gigantesque double grillage hérissé de barbelés qui en fait une véritable forteresse. Une tentative très violemment réprimée par les forces de répression marocaine et espagnoles.

Les derniers chiffres de l’ONG Caminando Fronteras font état d’un bilan dramatique de 37 migrants morts, qui pourrait encore s’alourdir, tandis qu’on recenserait plus de 150 blessés. Selon les autorités marocaines et la presse espagnole, les morts feraient suite aux mouvements de foule et à des chutes depuis le grillage haut de 6 mètres.

Cependant, la répression très violente des forces marocaines et espagnoles pourrait également être en cause. Celles-ci ont en effet gazé et matraqué violemment les migrants sur place. Un témoignage recueilli par InfoMigrants parle même de « coups de feu » et un tel scénario serait loin d’être inédit : en septembre 2005, un migrant avait été tué par un tir de balle en caoutchouc à la gorge en tentant de passer la barrière à Melilla, tandis qu’à Ceuta 4 personnes avaient été abattues dans les mêmes conditions d’après Amnesty International.

Par ailleurs, sur de nombreuses vidéos diffusées sur les réseaux sociaux, on peut voir des centaines de migrants arrêtés par la police menottés au sol par la gendarmerie marocaine dans des conditions inhumaines.

Ce nouveau drame, particulièrement meurtrier, illustre la violence de l’impérialisme occidental qui maintient des pays et des régions entières dans la pauvreté et fait la guerre aux migrants qui tentent de rejoindre l’Europe. Une grande partie des migrants qui ont tenté de passer la frontière vendredi serait ainsi originaire du Tchad, du Niger, du Soudan et du Soudan du Sud d’après Izquierda Diario.

Face aux dizaines de morts, le Premier ministre espagnol socialiste Pedro Sanchez a félicité les forces de répression et dénoncé une attaque contre « l’intégrité territoriale » espagnole, tout en se réjouissant de la coopération entre policiers espagnols et marocains. De fait, la répression des migrants au Maroc dans la province de Nador qui entoure Melilla s’est récemment durcie dans le cadre du réchauffement des relations entre l’impérialisme espagnol et l’Etat marocain, après des tensions liées à l’accueil par l’Etat espagnol d’un leader indépendantiste saharaoui du Front Polisario pendant la pandémie de Covid-19.

En mars dernier, Pedro Sanchez s’était rendu à Ceuta et Melilla pour avancer sur un nouvel accord migratoire avec le Maroc après des mois de fermeture des postes-frontières, qui a finalement abouti. Des tractations menées sur la base de l’alignement du gouvernement espagnol avec la volonté marocaine d’un « plan d’autonomie » pour le Sahara occidental, c’est-à-dire l’abandon de toute perspective d’auto-détermination pour les saharouis au profit d’un statut assurant le maintien de la domination de l’Etat marocain sur ce territoire.

Après le drame de vendredi, Podemos, qui avait à l’époque dénoncé l’accord avec le Maroc ainsi que la position adoptée sur le Sahara occidental, a réitéré ses traditionnelles indignations formelles. Pablo Echenique, porte-parole de Podemos a ainsi mis en cause l’Etat marocain coupable de « chantage », a pointé à nouveau l’accord noué avec lui et demandé une enquête indépendante à l’Union européenne.

Des déclarations qui apparaissent largement hypocrites tant la situation est la conséquence directe de la politique de l’impérialisme espagnol... dont Podemos est partie prenante depuis deux ans et demi en tant que composante du gouvernement qu’il prétend critiquer. Ces postures ne masqueront jamais la compromission réelle avec des politiques migratoires meurtrières et la politique raciste et impérialiste menée par l’Etat espagnol pour défendre ses intérêts au Maroc, à commencer par l’existence même des territoires coloniaux de Ceuta et Melilla.

Contre cette politique qui prétend aménager à la marge l’impérialisme, il est fondamental de revendiquer une vraie politique anti-coloniale et anti-impérialiste. Celle-ci passe notamment par la revendication de la restitution de Ceuta et Melilla au Maroc et de l’ouverture des frontières.

 
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