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La Izquierda Diario
20 de mai de 2022 Twitter Faceboock

Discrimination syndicale
La RATP veut licencier un conducteur de métro : « c’est parce qu’il est militant syndical »
Arthur Nicola

Alexis Beliaev, conducteur de métro sur la ligne 5, subit aujourd’hui un acharnement de la direction. Accusé d’avoir sorti son téléphone portable, la direction veut le licencier malgré l’avis de l’inspection du travail. Pour Laurent Mauduit, syndicaliste La Base, « c’est parce qu’il est militant syndical qu’il est attaqué ».

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Depuis octobre dernier, la direction de la RATP s’acharne sur Alexis Beliaev. Conducteur de métro sur la ligne 5, celui-ci est aujourd’hui dans le viseur de la direction, qui veut en faire un exemple. A l’origine, ce qui est reproché au conducteur, qui est depuis 13 ans dans l’entreprise, c’est d’avoir consulté son téléphone dans son poste de conduite. Pour trois utilisation -contestée par l’intéressé- l’entreprise veut aujourd’hui le révoquer, c’est-à-dire le licencier, une sanction au-delà de tous ce qui s’est vu dans l’entreprise. Mais derrière cet acharnement, c’est surtout l’activité syndicale du conducteur qui lui est reproché.

Tout a commencé avec une histoire a priori banale : alors qu’il est à l’arrêt en station, un cadre rentre dans la cabine d’Alexis, qui est alors en train de consulter son téléphone. L’utilisation du téléphone est prohibée et le conducteur reconnaît les faits, mais la direction va prendre cette faute comme un point d’appui pour commencer un acharnement contre le syndicaliste. Dès octobre, alors qu’il est convoqué par la direction, celle-ci cherche à ajouter une autre utilisation de son téléphone au dossier, sans qu’aucune preuve soit apportée. Au final, le conducteur écope de 4 jours de mise à pied.

Malheureusement, la direction ne compte pas en rester là et saisit l’occasion d’une nouvelle utilisation de téléphone début décembre pour tenter de licencier l’agent. Alors que pour des cas similaires, des agents ont pu être sanctionnés de mise à pied, ou ont été sommés de changer de poste dans l’entreprise, la RATP demande alors, en commission de discipline, sa révocation de la régie. Laurent Mauduit, syndicaliste au syndicat La Base, voit dans cette sanction une mesure totalement disproportionnée : « il n’y a pas d’échelle des sanctions : certains ont un avertissement, d’autres des mises à pied. Nous on a trouvé ça bien trop fort. Pour de mêmes manquements, certains ne passent pas en conseil de discipline » nous explique-t-il, ayant lui-même fait les frais récemment du harcèlement de la direction pour avoir répondu à une interview.

Malgré l’acharnement de la direction, la révocation de l’agent est refusée par l’inspection du travail. En effet, bénéficiant du statut de salarié protégé, ayant été récemment sur les listes électorales du syndicat La Base, le dossier a dû passer devant l’inspection du travail, qui a refusé cette révocation, arguant d’une part que les accusations de la direction concernant une des trois utilisations du téléphone serait purement informelle, mais aussi en dénonçant la différence de traitement entre le salarié et d’autres cas similaires dans l’entreprise. Finalement, l’inspection du travail enfonce le clou, la direction n’ayant pas convoqué de CSE exceptionnel pour demander le licenciement de l’agent (condition obligatoire pour demander le licenciement d’un salarié protégé).

Mais la direction s’acharne, tentant de convoquer, après coup, un CSE pour se « rattraper » sur la procédure. Malgré l’irrecevabilité de la réunion -l’inspection du travail ayant déjà tranché- les élus de tous les syndicats votent contre sa révocation. Alexis, que nous avons pu joindre, se dit « dégoûté » : « je le ressens comme une grosse injustice, un acharnement, et j’ai beaucoup de mal à comprendre pourquoi. Cela fait 13 ans que je suis à la RATP, j’ai toujours fait mon travail correctement. Aujourd’hui, je suis dégoûté ». L’agent nous confie par ailleurs que dès son arrivée, une très mauvaise ambiance s’est installée avec son cadre de la ligne 5, le même qui aujourd’hui demande sa révocation.

Pour Laurent Mauduit, qui est lui conducteur sur la ligne 7bis, c’est son appartenance à un syndicat qui motive la direction : « c’est parce qu’il est militant du syndicat La Base qu’il est aujourd’hui attaqué. On s’est créé il n’y a pas longtemps et on est premier syndicat du RER. La direction ne prend plus de pincette, et dès qu’il y a un prétexte, ils attaquent ». Alors que suite à la décision de l’inspection du travail, Alexis aurait pu retrouver son poste de travail, il n’est toujours pas de retour au volant de son métro et ce, malgré les injonctions de l’inspection du travail envers l’entreprise.

Mais il n’y a pas qu’au métro que les agents RATP subissent le mépris de la direction. Au RER, les conducteurs ont entamé un mouvement de grève 59 minutes deux jours par semaine contre le manque d’effectif, l’augmentation des amplitudes horaires et pour les salaires. Plus grave encore, sur le réseau Bus la direction compte anticiper sur l’ouverture à la concurrence prévue en 2025, en cassant les conditions de travail des machinistes dès cet été, c’est pourquoi les conducteurs de bus et de tramways seront en grève le 23, 24 et 25 mai à l’appel de l’intersyndicale CGT RATP Bus, UNSA RATP Pôle Bus, FO RDS, CFDT, SOlidaires Groupe RATP et SAT RATP. En réalité, face à la direction qui attaque séparément pour diviser les salariés en fonction des corps de métier, il ne faut pas répondre en ordre dispersé. Il faut frapper tous ensemble sur le même clou pour montrer que les salariés sont soudés et qu’ils sont prêts à se battre ensemble !

 
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