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18 de mai de 2022 Twitter Faceboock

Casse sociale
InVivo veut supprimer 600 emplois : "la direction nous l’a annoncé comme si c’était normal"
Mahdi Adi
Alexis Taïeb

Le géant de l’agroalimentaire InVivo veut supprimer plus de 600 postes en France dont près d’une centaine dans la boulangerie industrielle Neuhauser. Une annonce scandaleuse alors qu’il vient de racheter le groupe Soufflet pour plus de 2 milliards d’euros et s’est hissé au rang de numéro deux européen du secteur.

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Crédit photo : MIGUEL MEDINA (AFP)

Pour soutenir les salariés de Neuhauser face à la répression syndicale, donnez à la caisse de solidarité !

Depuis le rachat de l’entreprise Neuhauser spécialisée dans la boulangerie industrielle par le géant de l’agroalimentaire InVivo, l’incertitude plane sur l’avenir des salariés. Le 10 mai dernier, à l’occasion d’une réunion de Comité Social et Économique Central (CSEC), les élus du personnel ont appris que 600 postes sont menacés sur l’ensemble du groupe en France, dont près d’une centaine répartis sur différents sites de Neuhauser.

InVivo veut faire plus de bénéfices en supprimant des emplois et en s’attaquant aux conditions de travail

« On était choqué, la direction nous a annoncé ça tranquillement, comme si c’était normal, on était fou de rage avec les collègues », raconte Christian Porta, délégué syndical CGT Neuhauser. Et pour cause, tandis que le groupe InVivo est devenu numéro deux européen de son secteur avec plus de 10 milliards d’euros de chiffre d’affaire annuel, il supprime 6% de ses effectifs dans l’hexagone.

Cette annonce intervient quelques mois après le rachat du groupe Soufflet dont faisait partie Neuhauser pour un montant de 2,2 milliards d’euros. Elle s’inscrit dans le cadre d’un plan de relance du groupe, qui cherche notamment à augmenter ses parts sur le marché de la boulangerie industrielle en croissance de 2% par an selon les prévisions. Pour y arriver, la direction compte donc réduire les effectifs et augmenter les cadences, pour faire plus de profits avec moins de salariés, c’est-à-dire en supprimant des l’emploi et en s’attaquant aux conditions de travail.

« C’est nous qui avons interpellé la direction pendant qu’elle faisait de grands discours sur les bénéfices futurs de l’entreprise », relate ainsi Christian Porta. « La direction ne comptait même pas nous en parler, c’est à la lecture d’un document que l’on a vu qu’elle prévoyait ces suppressions de poste » explique le délégué syndical, qui rappelle que « les bénéfices dont la direction parle, elle se les ferait en s’attaquant à nos conditions de travail ! »

« Pousser à bout les salariés pour les faire partir » : l’arnaque des plans de départ « volontaire »

Du côté de Neuhauser, c’est la fermeture de deux sites qui sont prévus, celui de Tarascon dans les Bouches-du-Rhône (13) et de Saint Quentin dans l’Aisne (02). Pour éviter d’avoir recours à des licenciements secs et faire passer la pilule, la direction a prévu de recourir à des plans de départ volontaire par voie de départs en retraite anticipée, et de ruptures conventionnelles collectives (RCC) ou individuelles.

Une « technique » bien connue du patronat pour tenter d’éviter de potentiels conflits, très fréquemment utilisée pour supprimer des postes dans l’industrie automobile notamment. En effet, ce type de manœuvre prétend trouver un accord sur le papier entre la direction et les salariés. Sauf qu’en réalité, « la direction va pousser à bout psychologiquement les salariés pour les faire partir » prédit Christian Porta, qui évoque l’absence de perspective et la précarité pour les salariés employés sur les sites en question qui seront ainsi poussés vers la sortie.

Quant à l’usine Neuhauser de Folschviller en Moselle (57), où travaille le délégué syndical, il rapporte que « les salariés brûlent de colère », avant d’expliquer : « en ce moment, les salariés ne parlent que de l’augmentation du prix de la vie et de la nécessité d’augmenter les salaires, alors les suppressions d’emploi, c’est bien tout ce dont on n’a pas envie d’entendre parler ! ».

Face aux suppressions d’emploi et à la vie chère : construire un plan de bataille pour l’augmentation des salaires, le maintien de l’emploi et le partage du temps de travail

Pour préserver les emplois et les conditions de travail face à un géant de l’agroalimentaire qui n’a rien à envier aux entreprises du CAC 40,, les salariés vont devoir construire le rapport de force. « On n’a qu’une seule arme, c’est la grève », résume ainsi Christian Porta, qui met l’accent sur le fait que « il va falloir se préparer dès maintenant en mobilisant avec les caisses de grève ». Mais ce n’est pas tout. Le délégué syndical pointe également l’importance de révéler à large échelle ce qui se joue : « il faut faire un tapage médiatique pour obliger la direction du groupe à justifier ses actes. Ce groupe aime se faire passer pour un « ensemble de coopérative », pour une entreprise « cool », mais en réalité, c’est tout le contraire. »

Pour construire un plan de bataille à la hauteur, les salariés de Neuhauser peuvent prendre appui sur les dernières victoires qu’ils ont réussi à arracher, comme le passage aux 32 heures hebdomadaires payées 35, la prime Covid pendant le confinement, ou encore contre le harcèlement managérial. La direction en a d’ailleurs bien conscience, et c’est pourquoi elle mène une véritable chasse contre les délégués syndicaux combatifs afin de « détruire la CGT en poussant les élus à bout ».

Alors que le monde du travail est confronté à la vie chère, à la précarité et au chômage, en se battant pour le maintien de l’emploi et les conditions de travail, les salariés de Neuhauser peuvent faire reculer le groupe InVivo et devenir un exemple victorieux pour que notre camp social relève la tête. C’est pourquoi il est important de faire preuve de solidarité en soutenant la CGT Neuhauser face à la répression syndicale. Mais pour faire face aux attaques antisociales de Macron et du patronat, il faut également exiger des directions syndicales un plan de bataille à la hauteur, pour construire le rapport de force en coordonnant les colères dans les entreprises à la base, pour augmenter les salaires et défendre le maintien de l’emploi par le partage du temps de travail entre toutes et tous.

 
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