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14 de mai de 2022 Twitter Faceboock

Interview
Grève au RER à la RATP : "Ras-le-bol du manque d’effectif et des sanctions qui pleuvent !"
Mahdi Adi

Les conducteurs de RER du réseau RATP ont entamé un mouvement contre la casse des conditions de travail et pour l’augmentation des salaires. L’intersyndicale La Base, CGT-RATP, UNSA-RER, et FO Pôle Traction appelle à faire grève 59 minutes les lundi et jeudi. Alors que la colère s’accumule aussi sur le réseau de bus et tramway, la question se pose : comment gagner face à la direction. Interview d’Arnaud Moinet, conducteur sur le RER A et délégué syndical La Base élu au CSE.

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Greve-au-RER-a-la-RATP-Ras-le-bol-du-manque-d-effectif-et-des-sanctions-qui-pleuvent

Arnaud Moinet est conducteur de RER sur la ligne A et délégué syndical La Base élu au CSE.

Révolution Permanente : Les syndicats La Base, CGT-RATP, UNSA RER et FO Pôle Traction appellent les conducteurs de RER sur le réseau RATP à faire grève 59 minutes tous les lundi et jeudi. Quelles sont les raisons de cet appel ?

Arnaud Moinet : C’est un ras-le-bol général contre la casse de nos conditions de travail, le management, le manque d’effectif, les rapports à tout va et les sanctions qui pleuvent !

Au RER, il y a une réglementation qui régit l’utilisation des conducteurs. Or pour combler le manque d’effectif, la direction essaie de déroger à ces règles pour nous faire travailler le plus possible, ce qui signifie en gros une augmentation du temps de travail. Cela impacte le quotidien des conducteurs, alors que ce qu’il faudrait c’est tout simplement embaucher d’avantage de personnel.

De plus, quand les agents ne se laissent pas faire face à la direction, elle essaie de les sanctionner. Sans oublier qu’il n’y a pas de reconnaissance au niveau du salaire. Donc tout ça produit du mécontentement. C’est pour ça que les agents veulent initier un mouvement pour obtenir gain de cause, étant donné que la direction n’est pas encline à écouter ce qu’ils ont à dire.

RP : Y-a-t-il un lien entre les attaques contre les conditions de travail des conducteurs et le calendrier fixé par la direction pour l’ouverture à la concurrence du réseau RATP ?

A.M : Pour le moment sur le réseau ferré, la direction dit qu’elle prévoit l’ouverture à la concurrence à partir de 2039. Mais on sait très bien que c’est de la flûte et qu’elle veut avancer la date. On n’est pas dupes de ce qui nous attend, à l’instar de ce qui se passe sur le réseau bus où l’ouverture à la concurrence est prévue en 2025.

La direction veut créer l’entité RATP Ferré qui regroupe les départements métro et RER dans l’objectif de préparer l’ouverture à la concurrence.

Le leitmotiv c’est optimiser le coût du personnel pour être prêt à l’ouverture à la concurrence. C’est-à-dire réduire la masse salariale et nivelés les salaires vers le bas, pour se préparer à rapporter des parts de marché. Comme sur le réseau bus, où la direction veut casser les conditions de travail dès le 1er juillet 2022 pour anticiper sur l’ouverture à la concurrence et être compétitive face aux entreprises privées avec qui elle va entrer en concurrence.

RP : Dans le communiqué de La Base et de la CGT-RATP, « l’humiliation des 0,4% » est évoquée en référence à l’augmentation proposée par la direction cette année lors des NAO (négociations annuelles obligatoires). Est-ce que la question des salaires provoque la colère des conducteurs et fait partie de vos revendications ?

A.M : Oui clairement. Avec l’inflation, aujourd’hui on est loin du compte au niveau des salaires. Donc ça reste en travers de la gorge des agents. C’est pour cela que nous demandons une augmentation digne de ce nom.

RP : Actuellement le mouvement que les conducteurs ont initié au RER consiste à faire grève 59 minutes lundi et jeudi chaque semaine. Pourquoi avoir choisi ce mode d’action ? La grève pourra-t-elle amener à se durcir pour faire plier la direction ?

A.M : On sait très bien qu’une journée de grève ne suffira pas à faire plier la direction. De plus, il faut savoir qu’énormément de cadres sont habilités à conduire nos trains justement pour nous remplacer lors des mouvements de grève. Donc nous appelons à faire des grèves de 59 minutes – ça peut aller au-delà, comme 2 heures 59 – pour pouvoir tenir dans la durée.

Parce que d’un côté la direction n’a pas peur de nous lorsqu’on fait des journées de grève isolées les unes des autres, tandis que de l’autre côté la grève illimitée comme on l’a fait pendant le mouvement contre la réforme des retraites, ça coûte de l’argent et les agents ne pourront pas tenir financièrement. Surtout avec l’augmentation du prix de l’essence, de l’énergie et de l’alimentaire.

Ensuite rien n’interdira de durcir la grève, ce sera aux salariés de décider en assemblée générale. Pour l’instant, on se cantonne à deux jours par semaine, mais on verra par la suite comment les choses évoluent et si les salariés veulent passer à la vitesse supérieure.

RP : Sur le réseau de bus et tramway, les agents sont mobilisés contre la casse des conditions de travail prévue à partir du 1er juillet 2022. Un appel intersyndical à la grève le 23, 24 et 25 mai s’annonce très suivi. Envisagez-vous une jonction entre machinistes sur le réseau bus et tramway, et conducteurs de RER pour construire le rapport de force face à la direction ?

A.M : Après l’ouverture à la concurrence sur le réseau bus (en 2025) et tramway (en 2030), nous sommes conscients que notre tour va venir au RER (le calendrier prévoit en 2040). En ce qui concerne la convergence, le lundi 23 mai nous serons aussi en grève. Cela fera une première date de grève commune.

Mais il faut savoir que nos secteurs sont cloisonnés. On ne rencontre pas de machinistes [conducteurs de bus, ndlr], et eux ne nous rencontrent pas non plus. On ne sait pas nous plus si la grève va continuer chez eux après le 25 mai.

En tout cas au RER on continuera parce qu’on sait que deux ou trois jours de grève ne suffiront pas à faire reculer la direction.

 
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