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La Izquierda Diario
28 de avril de 2022 Twitter Faceboock

Casse de l’hôpital public
CHU Bordeaux. Sous-effectif et conditions de travail infernales : les urgences pédiatriques en grève
Petra Lou
Yann Causs

8h d’attente pour les patients et tri parmi les « urgences », conditions de travail infernales face au manque d’effectif, les problématiques sont nombreuses au service des urgences pédiatriques. Si l’édifice du service vient d’être complètement modernisé, la situation est telle que le personnel ne décolère pas et appelle à la grève.

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Crédit photo : Georges Gobet - AFP

Huit heures d’attente pour les usagers, sous-effectif et tri des patients : : les urgences pédiatriques en grève depuis une semaine

Le CHU de Bordeaux serait-il en train d’imploser ? Si la semaine dernière nous rapportions l’hécatombe dans le service d’urgence bordelais, la situation des urgences pédiatriques parle elle aussi de la tension extrême au sein de l’hôpital. Suite à un préavis de grève déposé par l’intersyndicale le jeudi 21 avril, le personnel se mobilise cette semaine contre « un manque d’effectifs sur tous les corps de métiers de ce secteur exacerbé par l’aménagement sur nouveau bâtiment URB », et « l’augmentation de la charge de travail et la responsabilité de tous ces professionnels en inadéquation avec les effectifs présents » selon le communiqué syndical.

Cette grève intervient pourtant quelques semaines après l’inauguration d’un nouveau complexe pour le service, flambant neuf, à la pointe de l’innovation. Paradoxalement la refonte complète de l’édifice n’a fait qu’empirer les conditions de travail. En effet, en faisant basculer le 7 mars dernier les équipes d’un espace de 800 m² en sous-sol à 10 800 mètres carrés, le manque d’effectif ne s’est fait que plus sentir : pour un espace 10 fois plus grand, le nombre de personnel n’a pas augmenté. Les cadences deviennent infernales pour les soignants devant galoper d’une salle à une autre. Le constat est sans équivoque pour Marie Laure Charchar, secrétaire générale de la CGT blanchisserie du CHU de Bordeaux : : « Les locaux alors oui ils sont tous beaux. Mais c’est vide. Il n’y a pas de personnel ! »

Il n’est donc pas étonnant que la situation n’ait pas tenu longtemps, moins d’un mois après son ouverture, le personnel envoyait déjà des alertes au dysfonctionnement à la direction : « À 20 h 45, 45 enfants sont en attente d’être pris en charge par les équipes médicales, flux continu d’arrivées, vers 21 h 30, un médecin annonce sept à huit heures d’attente pour les cas les moins urgents. 19 enfants partis sans soins, sans avoir vu le médecin... »

La réalité est bien loin de celle qu’a voulu vendre le directeur général du CHU, Yann Bubien, lors de l’inauguration. La mise en scène de cette dernière aux côtés du maire de Bordeaux Pierre Hurmic et de la préfète de Gironde Fabienne Buccio, n’a été que poudre aux yeux. Pour le personnel, cet « hôpital du futur » et les « 34 millions d’euros, une surface de 10 000 m² supplémentaires, dont 2 500 m² dédiés aux seules urgences, [les] blocs opératoires ouverts sur la ville, [le] bâtiment accessible, compact, avec de la lumière », pour reprendre le résumé de Yann Bubien relaté par Sud-Ouest, n’auront rien changé à la situation déjà catastrophique.

Une situation difficile pour le personnel, en proie à une saturation considérable du service. Les travailleurs mettent en garde : en sous-effectif constant, ils ne peuvent assurer complètement la prise en charge des enfants qui viennent dans le service, mais alertent également sur la possibilité de drames imminents, si la situation ne change pas.

Alors qu’il dénonce cette situation, le personnel fait aussi face aux assignations récurrentes dans les services hospitaliers en grève. Ainsi, après avoir dû repousser leur entrée en grève à ce lundi, le personnel en se voyant quasi entièrement assigné est contraint de poursuivre son travail malgré leur statut de gréviste. Une mesure qui représente non seulement une entrave au droit de grève et qui n’est pas utilisée pour la première fois, et qui dénonce une fois de plus le manque d’effectif que dénoncent les hospitaliers.

Dans le service de pédiatrie, on dénonce également la fermeture des lits, menée depuis des années par les coupes budgétaires dans l’hôpital public, et notamment à cause du manque criant de personnel para-médical

Préparer la lutte pour faire face au prochain quinquennat et arracher de nouvelles conquêtes

Si cette semaine le CHU de Bordeaux a lancé « une opération séduction » pour recruter de nouveau soignant, ce n’est pas une simple campagne de communication qui va mettre fin à l’hécatombe dans les hôpitaux de France, et particulièrement à Bordeaux. Cette situation n’est autre que le résultat des politiques néolibérales des dernières décennies qui ont dévasté le système de santé. Les cinq années à venir nous promettent la même chose, il est limpide que Macron garde pour objectif de faire payer la crise aux travailleurs et à la jeunesse en poursuivant la casse des services publics.

A quelques jours du 1er mai, journée internationale des travailleurs et travailleuses, il est nécessaire que cette date serve à poser les perspectives de lutte contre le quinquennat à venir à la hauteur de la gravité de cette situation. L’heure n’est pas à négocier le poids de la précarité et des chaînes avec le gouvernement comme le proposent les directions syndicales espérant « être écoutées » par Macron et redynamiser le dialogue social. Un programme d’ampleur portant l’augmentation générale des salaires, la retraite à 60 ans, le recrutement du personnel nécessaire dans chaque service, ou encore des investissements massifs dans les hôpitaux est plus que jamais vital. La santé ne doit pas être un « budget » mais un droit, universel, gratuit, financé non par notre salaire différé mais intégralement par les cotisations patronales qui ont engrangé des profits béants.

Pour garantir un accès aux soins gratuit à l’ensemble de la population, nous ne pouvons faire reposer tous nos espoirs sur le pari électoral que propose l’Union Populaire qui est une impasse face aux attaques à venir, et surtout ne répond pas à l’urgence de la situation. Une logique qui nous pousse à renoncer à nos luttes qu’il s’agirait d’économiser, et surtout à placer notre confiance dans les mêmes institutions qui détruisent les services publics.

Ainsi il est nécessaire de préparer dès à présent la riposte aux attaques, à commencer par la réforme des retraites qui va frapper l’ensemble du monde du travail. Le premier quinquennat nous l’a montré, c’est bien la grève reconductible historique de 2019 qui a permis de faire reculer Macron et son projet de retraite à point. Si nous voulons arracher de nouvelles conquêtes, cela passera par la construire depuis la base, d’un mouvement qui fasse converger les différents secteurs en lutte et qui soit capable d’imposer le bras de fer dans la rue nécessaire.

 
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