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La Izquierda Diario
21 de avril de 2022 Twitter Faceboock

Débat Macron - Le Pen
Miettes salariales, primes… : le MEDEF veille au grain sur Macron-Le Pen !
Antoine Bordas

Le débat de ce mercredi a confirmé que le tandem Macron - Le Pen a une ligne commune : continuer à faire payer aux travailleurs les crises passées et à venir. Si l’un et l’autre nous enfument sur le pouvoir d’achat, le fond est clair : pour augmenter nos salaires, la seule solution sera de se battre contre le prochain gouvernement au service du MEDEF.

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Crédit photo : © AFP / Eric Feferberg

Ce mercredi soir, lors du traditionnel débat de l’entre-deux-tour, Le Pen et Macron ont joué leur partition. Sans grande surprise pour le gros de la séquence, quelques piques, des postures largement travaillées avec leurs responsables en communication respectifs, des programmes déjà connus, plus ou moins bien défendus…

Cet échange ne fera sans doute pas basculer les certitudes de beaucoup de futurs votants, il faut souligner que malgré les éléments de langage, les deux candidats ont finalement assumé une ligne anti-sociale claire. Si certaines mesures peuvent donner quelques illusions d’améliorations de nos conditions de vies, entre la démagogie et la non-application des promesses dont ces politiciens sont les experts, on peut retenir que la question des salaires était loin des préoccupations.

Deux variantes de fausses augmentations du niveau de vie

En effet, les deux candidats ont débattu de deux mécanismes différents, pour enfumer le monde du travail et les classes populaires. C’est ce qu’illustre clairement l’échange entre les deux candidats lors du débat : « - "Mais vous n’allez pas faire augmenter les salaires madame Le Pen ?" "Non, mais j’inciterai" -"Comme moi !" », lui répond Macron. En d’autres termes : le MEDEF décide de tout.

Côté Macron, c’est la politique de la prime, lancée depuis 2019, avant tout une façon de refuser d’augmenter les salaires. Et Macron compte bien maintenir ce type de solution qui permet de canaliser la colère en mettant en œuvre des miettes de prime qui en plus de leur caractère non permanent, sont entièrement soumises à la bonne volonté des patrons suivant des mécanismes discriminatoires, en fonction notamment du type de contrat. Ces primes restent par ailleurs ponctuelles et ne participent pas aux cotisations collectives pour la retraite, la sécurité sociale…

Dans le cadre de cette nouvelle élection, le président-candidat annonce un nouveau plafond à 6 000 euros, alors même qu’en moyenne ce sont seulement 506 euros qui ont été versés à 4 millions de personnes uniquement en 2021 selon BFMTV. Pour rappel, le minimum pour que cette prime soit exonérée de cotisations était de 500 euros, les patrons ne l’ont mobilisée qu’à minima, préférant évidemment gonfler encore leurs profits.

Marine Le Pen se targue pour sa part d’une augmentation de 10 % des salaires. En réalité, c’est encore une fois un mécanisme d’allégement fiscal qui est mobilisé, en proposant aux patrons qui appliqueraient cette augmentation de les exonérer de cotisations. Comme nous l’expliquions ces derniers jours, c’est une arnaque pro-patronale qui est ici proposé par Le Pen.

Finalement aucune augmentation réelle des salaires donc, à l’heure où les revalorisations du SMIC suivent à peine l’augmentation du coût de la vie, avec selon l’INSEE des prix à la consommation augmentant de 4,5 % sur un an (mois de mars). De leur côté, les prix de l’énergie ne décroissent pas non plus. Résultat, cette séquence de crise est encore une fois payée par les plus précaires, par la majorité de la population qui ne bénéficie pas du gros des dépenses de l’État qui sont centralement allées dans les poches des grandes entreprises et surtout de leurs actionnaires.

Acheter la colère qui gronde, négocier la paix sociale

Ce n’est pas une surprise, mais les annonces sont donc bien une manière d’enfumer les travailleurs. Il ne s’agit que de miettes, bien en dessous des urgences sociales que nous vivons. S’il y a bien deux camps qui s’affrontent, ces deux candidats ont encore montré de quel côté ils étaient. Dans le même sens, les deux candidats ont convergé sur un enjeu présenté comme clé s’ils sont élus : le « dialogue social ».

Marine Le Pen avait déjà déclaré il y a une semaine : « Il faut le retour du dialogue social et une grande conférence avec l’ensemble des acteurs économiques, avec l’ensemble des syndicats, qu’ils soient salariés ou patronaux, il faut revivifier le dialogue social » et a repris cette idée mot pour mot dans le débat. De façon opportuniste, Marine Le Pen, inscrite dans la longue tradition anti-ouvrière de l’extrême-droite, entend ainsi se présenter comme la candidate de la réhabilitation des corps intermédiaires, pour mieux canaliser la colère des travailleurs et adresser des signaux à l’électorat de gauche.

Sur ce terrain, si Macron n’a effectivement pas cessé de mépriser les corps intermédiaires, il a pu revendiquer dans le débat le fait que les deux principaux syndicats que sont la CGT et la CFDT ont appelé conjointement à battre Le Pen pour ce second tour. Les directions syndicales ont en effet choisi de participer activement au replâtrage du front républicain, qui avait déjà permis à Macron en 2017 d’être élu, avant d’ouvrir une vague d’attaques brutales contre le monde du travail avec sa Loi travail XXL. Le Président sortant a en revanche peu développé sur le « dialogue social », bien qu’il est probable qu’il cherche lui aussi à le relancer rapidement alors que MEDEF et organisations syndicales appellent à le « redynamiser ». Pour les deux candidats, le « dialogue social » apparaît en effet clé. Face au caractère potentiellement explosif de la lutte des classes, celui-ci constitue une soupape de sécurité décisive et une courroie de transmission des contre-réformes.

Après ces promesses de miettes et d’offensives, le troisième tour social qui a déjà débuté avec des mobilisations d’une partie de la jeunesse, notamment à Paris va devoir s’amplifier. Face aux attaques sociales en préparation, il y a urgence à poser la question d’une riposte collective et d’un plan de bataille en ce sens. Dans ce cadre, le dialogue social est une impasse, tout autant que les espoirs placés dans un troisième tour électoral aux législatives. Le troisième tour social passera par la rue, par les grèves et par l’auto-organisation.

 
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