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La Izquierda Diario
18 de avril de 2022 Twitter Faceboock

Démagogie d’extrême droite
« Retraite à 60 ans » : pourquoi la mesure de Le Pen est une arnaque
Rafael Cherfy

À l’approche du second tour, la question des retraites s’impose comme l’une des mesures phares du débat présidentiel. Face à la retraite à 65 ans que promet le projet de Macron, Marine Le Pen tente d’apparaître sur la question sous un vernis « plus social ». En réalité, cette dernière défend un programme néolibéral taillé pour répondre aux intérêts de la bourgeoisie.

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La réforme des retraites est actuellement au cœur du débat entre les deux candidats finalistes de l’élection présidentielle. D’un côté, le président sortant reste sur l’échec de la réforme de 2019 et propose maintenant un recul brutal de l’âge légal de départ à la retraite à 65 ans. De l’autre, Marine Le Pen qui s’est efforcée de se ternir d’un vernis social pendant tout le début de sa campagne, et qui propose une réforme des retraites à 60 ans avec 40 annuités de cotisation pour tous.

Mais avant même d’être élue, elle est d’ores et déjà revenue sur sa promesse en annonçant finalement le 17 février une réforme au rabais. Un rétropédalage opéré pour séduire l’électorat de droite et rassurer les classes dominantes, qui montre déjà toute la démagogie de la candidate de l’extrême droite sur la question sociale.

L’imposture sociale d’une réforme des retraites revue à la baisse

Aujourd’hui, Marine Le Pen propose donc que seuls ceux qui ont travaillé avant leurs 20 ans obtiennent cette retraite à taux plein à 60 ans, bénéficiant ainsi d’une amélioration partielle par rapport au régime actuel. Pour le reste, elle propose un « système progressif » : pour ceux ayant commencé à travailler entre 20 ans et 24,5 ans, l’âge de départ se situerait entre 60 et 62 ans, et pour ceux ayant travaillé plus tard que 25 ans, ils devront attendre l’âge d’annulation de la décote, c’est-à-dire 67 ans. Par là, Marine Le Pen affiche clairement la volonté d’inciter les jeunes à travailler le plus tôt possible plutôt qu’à étudier.

Pour justifier ce revirement sur la retraite à 60 ans pour tous, la candidate prétexte s’intéresser à la pénibilité du travail, mais aussi d’une nouvelle situation des comptes de l’État. Car en réalité, elle ne tient compte de la pénibilité que pour revoir à la baisse le coût de la réforme en divisant les travailleurs sur leur âge d’entrée sur le marché du travail, pour mieux économiser sur des conditions de départ à la retraite dégradées pour ceux entrés plus tardivement. De plus, il n’est pas question d’une réforme plus précise sur la pénibilité, et encore moins de prendre en compte les nombreuses carrières hachées qui ne bénéficieront en aucun cas d’un tel régime de retraite. La nouvelle proposition de Marine Le Pen constitue donc une imposture sociale, car elle aura des conséquences néfastes sur une grande partie des travailleurs.

Pour financer sa réforme, Le Pen épargne le patronat

La nouvelle version de la réforme des retraites de la candidate du RN se chiffrerait à 9,6 milliards d’euros supplémentaires par an, selon son parti. Pour la financer, c’est une évidence, il faut de l’argent et Marine Le Pen ne compte pas le prendre dans les poches des plus riches. Bien au contraire, elle s’est clairement engagée à rembourser la dette publique et à ne pas augmenter les impôts pour donner des gages, une fois de plus, aux classes dominantes. En conséquence, pour trouver de quoi financer sa réforme des retraites, Marine Le Pen en revient au même point : la lutte contre l’immigration et la fraude sociale. L’occasion d’opposer comme toujours « la France des travailleurs » aux étrangers « profiteurs » d’un modèle social « dévoyé et ouvert au monde entier ». On retrouve donc parmi les premières des 22 mesures pour 2022 de Marine Le Pen celles de « réserver les aides sociales aux Français, et conditionner à 5 années de travail en France l’accès aux prestations de solidarité ». Une remise en cause immédiate des aides que perçoivent des centaines de milliers de personnes telles que l’allocation aux adultes handicapés (AAH) ou le minimum vieillesse, simplement parce qu’elles seraient arrivées « trop tard » en France, ou qu’elles ne seraient « pas assez françaises ».

C’est dans ce sens qu’elle affirmait en 2019 qu’un « migrant fraîchement débarqué peut toucher plus qu’un retraité ayant travaillé toute sa vie », une déclaration évidemment fausse. Sur cette base, la candidate d’extrême droite propose de supprimer les aides aux étrangers pour, selon elle, économiser 16 milliards d’euros par an affirmant vouloir « réserver les allocations familiales exclusivement aux Français ». Ainsi, Marine Le Pen alimente des fantasmes xénophobes et racistes pour entretenir l’illusion qu’il y aurait trop d’argent donné aux migrants et que cet argent, s’il est récupéré, pourrait venir résoudre l’ensemble des problèmes qui concernent les travailleurs français. C’est évidemment une tromperie grossière qui permet d’épargner les grandes fortunes qui concentrent pourtant actuellement plus de richesse qu’elles n’en n’ont jamais eu, avec 137 milliards d’euros de profits pour les entreprises du CAC 40 sur la seule année 2021.

Derrière le vernis social, le RN défend les intérêts des classes dominantes

In fine, la réforme des retraites que propose Marine Le Pen constitue d’abord une amélioration très relative des conditions de départ, mais surtout, c’est une imposture sociale si l’on se penche sur la question du financement. En effet, préservant les intérêts du patronat et de la bourgeoisie, Le Pen promet de s’attaquer à certaines prestations sociales pour financer la réforme des retraites plutôt que de taxer les superprofits réalisés par de nombreuses multinationales notamment depuis le début de la pandémie.

En somme, c’est une politique finalement peu éloignée de celle que Macron mène à l’heure actuelle, et pour cause, il s’agit d’une politique de classe, une politique bourgeoise au service des intérêts des classes dominantes auxquelles Macron comme Le Pen sont inféodées. Ainsi, face à un deuxième tour qui propose une guerre sociale contre notre classe, Révolution Permanente défend une abstention active, un « ni Le Pen, ni Macron » qui aille de pair avec la construction, dès maintenant, d’une résistance unitaire face au prochain gouvernement.

 
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