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La Izquierda Diario
1er de avril de 2022 Twitter Faceboock

Violences policières
Menaces, gazage, fouille au corps intégrale : un éducateur violemment interpellé à Chartres
Eugénie Tobhnom

Dans une enquête et à l’appui d’images vidéos, Street Press raconte la garde à vue humiliante subie par Diafara, éducateur de rue, le 14 février dernier alors qu’il venait apaiser les tensions lors d’une interpellation de la police. Un nouveau cas de violence policière, symptomatique de la répression raciste dont sont victimes les habitants des quartiers populaires.

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Crédits photo : AFP

Le 31 mars, le journal indépendant Street Press­ a révélé une nouvelle affaire de violences policières, qui a eu lieu le 14 février dernier à Chartres. Diafara, éducateur de rue a été gazé, humilié, fouillé au corps à nu, et gardé à vue à la suite d’une interpellation de trois habitants dans son quartier.

Les faits se sont déroulés dans la soirée, comme l’explique Street Press : « Le 14 février, trois hommes du quartier discutent à côté d’un bâtiment qui a fermé depuis des mois : Kevin, Fresh (1) et Metehan. Des policiers viennent les contrôler. « Ils nous disent : “Sortez votre shit de vos poches” », raconte Kevin, 33 ans. Fresh, son petit frère, embraye : « Ils nous ont pris pour des petits qui dealaient. » Du haut de ses 23 ans, Metehan, visage rond et fine barbe, estime que c’est « de l’abus de pouvoir ». Ils trouvent un joint dans les poches de Kévin qui s’agite et repousse les mains baladeuses. »

Diafara et Angèle deux éducateurs de rue observent l’interpellation de loin,se rapprochent et rejoignent le groupe pour apaiser la situation. Mais les policiers ne veulent pas s’arrêter là et, sous prétexte d’avoir trouvé un joint dans les poches d’un des jeunes, décident de les interpeller. Ils plaquent alors au sol Kévin, l’un des jeunes présent, un des policiers est sur sa nuque pendant qu’un autre tase sa cuisse. [« Il m’a mis quatre ou cinq coups, ça m’a fait mal, comme une brûlure. » https://www.streetpress.com/sujet/1648736515-gaze-fouille-nu-menace-educateur-violences-policieres-racisme] raconte l’interpellé. Pendant ce temps-là, un autre policier gaze les deux éducateurs, « J’ai été arrosée trois fois à bout portant, de la tête aux pieds », explique Angèle. Des habitants, dont une mère et son enfant de sept ans reçoivent également du gaz.

Après le gaz lacrymogène, l’horreur commence pour Diafara. Il se retrouve menotté et se fait embarquer, avec les trois jeunes, alors que sa collègue blanche, elle, reste sur place. Pour Diafara, c’est clair, il s’agit là ni plus ni moins que d’une décision raciste. Lors de la garde à vue, l’humiliation atteint son paroxysme alors que Diafara, non concerné par l’enquête sur les stupéfiants, doit s’accroupir pour subir une fouille intégrale. « Je cache un peu mes parties génitales, je dis que c’est humiliant », confie-t-il à Street Press, alors que les agents de police prennent plaisir à observer la scène. Par ailleurs, les policiers vont l’humilier pendant toute la garde à vue. « Toi l’éducateur, je vais te faire perdre ton travail » lui dit par exemple un des agents de police.

A la suite de cette affaire, plusieurs mères du quartier, pour certaines spectatrices de la scène, ont décidé d’écrire et de diffuser une pétition intitulée « Stop à la violence (gratuite) » pour dénoncer les contrôles à répétition, le racisme et la violence des policiers dans les quartiers. Cette dernière a obtenu plus de 250 signatures.

Dans les quartiers populaires, ces scènes, ces interpellations et ces humiliations sont courantes et banalisées. Les femmes à l’origine de la pétition, le subissent de manière quasi quotidienne, « Ce n’est malheureusement pas la première fois que de tels faits se produisent, provoquant une ambiance d’insécurité dans le quartier ». Des jeunes de onze ans qu’on veut embarquer pour une musique trop forte, des chiens lancés, des jeunes qui ne peuvent pas sortir sans être alpagués par des agents… » racontent les mères du quartier. Les policiers ont pour habitude de s’acharner sur ces quartiers. Nombreux sont les cas de violences policières, comme le cas de Jean Paul, automobiliste tué par un policier à Sévran.Les cas de violences policières sont de plus en plus révélés au grand jour, notamment grâce à l’appui des réseaux sociaux et de la prise d’image, mais la police reste impunie et continue d’exercer une répression violente contre les habitants des quartiers populaires. Seules les initiatives de mobilisation pourront permettre d’obtenir justice pour les victimes.

 
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