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La Izquierda Diario
21 de mars de 2022 Twitter Faceboock

Répression politique
11 partis interdits en Ukraine : Zelensky utilise l’invasion russe pour réprimer l’opposition politique
Adrien Belarc

Ce dimanche, Volodymir Zelensky a annoncé l’interdiction de 11 partis politiques d’oppositions sous prétexte de liens, réels ou supposés, avec le gouvernement russe. Une mesure autoritaire et dangereuse.

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11 partis d’opposition interdits d’activité par Zelensky

Ce dimanche, le président ukrainien Volodymyr Zelensky a rendu publique sa décision d’interdire l’activité de onze partis politiques d’oppositions. Dans une vidéo publiée sur l’application Telegram, il a déclaré « : toute activité de la part de politiciens participant à diviser (la société) ou à collaborer (avec l’ennemi) ne réussira pas, et recevra une réponse sévère ».

Parmi les organisations suspendues, on trouve la « Plateforme d’Opposition pour la Vie », « Notre », le « Parti de Shariy », le « Bloc d’opposition », « l’Opposition de gauche », « l’Union des forces de gauche », « Etat », le « Parti Socialiste Progressiste d’Ukraine », le « Parti Socialiste », les « Socialistes » et le « Bloc de Vladimir Saldo ».

La Plateforme d’Opposition pour la Vie constitue le principal parti d’opposition, et le plus gros des partis suspendus. Celle-ci possède en effet 44 des 450 sièges du parlement ukrainien, remportés lors des élections tenues en 2019. Son dirigeant, Viktor Medvedchuk est un oligarque qui a des liens politiques et personnels avec Vladimir Poutine, parrain de sa fille. Medvedchuk est actuellement recherché par les services ukrainiens après s’être enfui de son domicile où il était assigné car il était soupçonné de « Haute trahison et de tentatives de vol des ressources nationales ».

Le reste des partis sont plus petits, mais nombre d’entre eux ont présenté des candidats lors des dernières élections présidentielles. C’est le cas du Bloc d’opposition (11% au premier tour en 2019, 6 députés à la Rada), de l’Union des forces de gauche (3,55% au premier tour en 2010 dans le cadre du Bloc des forces de gauche et de centre gauche), du Parti Socialiste d’Ukraine (0,03% au premier tour en 2019. La ligne politique de ces partis, effectivement inscrits dans la frange pro-russe de la vie politique ukrainienne, divisée entre forces pro-occidentales et forces pro-russes, vont du libertarisme (pour le Parti de Shariy) au « centre gauche ».
 

Une offensive autoritaire en Ukraine, sous le coup de la loi martiale

Cette vague d’interdictions constitue une offensive autoritaire claire contre les secteurs pro-russes de la vie politique ukrainienne, considéré comme des ennemis intérieurs dans le cadre de l’invasion par Poutine de l’Ukraine. En ce sens, le secrétaire du Conseil de Sécurité et de Défense Nationale Ukrainien, Oleksiy Danilov s’est exprimé sur son compte Facebook en défendant une « décision [qui] rend impossible les actions des politiques collaborationnistes qui s’accordent sur des positions pro-russes » et expliquant : « il y a un ennemi extérieur et ses représentants à l’intérieur du pays ».
 
Alors que les négociations entre la Russie et l’Ukraine stagnent après l’annonce d’un possible accord basé sur 14 points la semaine dernière, et que la Russie continue son offensive meurtrière en bombardant les civils ukrainiens, Zelensky opère un tournant dans sa politique intérieure en interdisant de facto toute opposition. Une décision prise après la prolongation de la loi martiale, et qui ne peut que pousser à un alignement sur un nationalisme ukrainien qui compte en son sein des forces d’extrême-droite. De quoi attiser le sentiment anti-russe et ouvrir la voie à une escalade de la haine contre la minorité russophone qui constitue 30% de la population ukrainienne.
 
Cette nouvelle inquiétante fait par ailleurs écho à la politique autoritaire qui a suivi les mobilisations de 2014. Cette période a en effet vu passer des lois de « dé-communisation », impliquant la mise au ban ainsi que la pénalisation des symboles de l’URSS au même titre que ceux du troisième Reich. Les risques encourus peuvent aller des poursuites pénales jusqu’à 10 années d’emprisonnement. Dans la foulée, c’est le parti communiste d’Ukraine qui avait été dissout en décembre 2015. Amnesty International faisait état à cette période de la « recrudescence des homicides à caractère politique qui demeurent non résolus, tandis que les journalistes et les médias qui critiquent le gouvernement en place sont harcelés. »
 

Face à la politique pro-OTAN de Zelensky, la nécessité d’une politique ouvrière indépendante

 
Cette mesure autoritaire rappelle la réalité en Ukraine, derrière l’image de Zelensky en « héros de la démocratie ». Quels que soient les positions défendues par les forces d’opposition, ces politiques répressives sont inadmissibles et ouvrent la voie à l’interdiction de la moindre voix discordante dans le pays.
 
Or, si les oligarques pro-russes comme Medvedchuk ne sont évidemment en rien une alternative à Zelensky et aux secteurs pro-occidentaux, le peuple ukrainien a besoin d’une politique indépendante, critique de celle de Zelensky. Une politique qui combatte l’invasion de Poutine mais refuse la vassalisation sous la domination de l’OTAN.
 
Comme nous le soulignions dans une de nos dernières prises de position : « si la diplomatie et l’ONU ne représentent pas une alternative crédible à la logique de bloc, seule une alternative ouvrière et populaire est à même de fissurer ceux-ci de l’intérieur. Les organisations du mouvement ouvrier sont certes faibles et divisées, mais la classe ouvrière et la jeunesse disposent encore dans le monde d’une force potentielle énorme. En Ukraine, comme nous l’avons souligné, une telle politique est essentielle pour assurer une issue permettant l’auto-détermination du peuple ukrainien. Elle permettrait en outre de formuler des revendications distinctes de celles de Zelensky, pour unifier les peuples ukrainiens, en défendant une réelle auto-détermination du Donbass et des régions de l’Est de l’Ukraine qui le souhaitent, centrale pour liquider la propagande chauvine et grand russe de Poutine. Cette politique indépendante serait également la condition de l’alliance des masses ukrainiennes avec les travailleurs et classes populaires russes, allié stratégique pour vaincre Poutine. »

Aujourd’hui, il y a fort à parier qu’une telle perspective tomberait sous le coup de la loi martiale et de la politique autoritaire de Zelensky, qu’il est essentiel de refuser.

 
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