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La Izquierda Diario
3 de décembre de 2021 Twitter Faceboock

L’école n’est pas une garderie !
"Absentéisme" : un prof réagit au rapport mensonger de la Cour des comptes
Louis McKinson

Jeudi 2 décembre, la Cour des Comptes a publié un rapport sur l’absentéisme des enseignants afin de « garantir la continuité pédagogique ». Alors que la fonction est à bout de souffle après deux années de crise sanitaire et qu’elle s’apprête à affronter la cinquième vague avec toujours aucun moyen, la Cour des Comptes continue de prescrire les conditions du désastre.

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Dans son dernier rapport intitulé « la gestion des absences des enseignants » paru ce jeudi 2 décembre, la cour des comptes élabore une série de recommandations afin de réduire l’absentéisme des professeurs. Un rapport où se mélangent gaiement mesures de contrôle et sophismes de managers.

L’idéologie contre les faits

Les chiffres clefs du rapport sont les suivants : si dans le premier degré, les enseignants dits absentéistes sont remplacés à 80% dès le premier jour, c’est dans le secondaire où la situation serait plus « complexe ». Dans le secondaire, la cour enregistre 10% d’heures de cours « perdues » sur l’année scolaire 2018-2019. En cause, les absences de courtes durées (moins de 15 jours), comblées à hauteur de 20%. Celles de plus de 15 jours étant comblées à 96%.

Premièrement, notons que, partant de ça, il y aurait tout lieu de faire le constat exactement inverse que celui que propose la cour des comptes, à savoir celui de l’incroyable bonne tenue de la « continuité pédagogique ». Quant à l’absentéisme pour cause de maladie ordinaire (première cause d’arrêt du travail et qui représentent 36,6% des absences dans le secondaire entre 2018 et 2019), le rapport avance lui-même que : « la proportion d’enseignants absents pour cause de maladie ordinaire sur une journée donnée est inférieure à celle des salariés du privé et des autres ministères ». Alors de quoi se plaint-on ?

On se plaint des « absences institutionnelles », celles qui représentent les deux tiers des « absences devant les élèves ». C’est qu’en effet, dans la typologie de la cour des comptes, il existe cette catégorie spéciale d’absentéistes … ceux qui travaillent. Le temps de travail ou l’institution : « distrait l’enseignant du face-à-face pédagogique pour exercer d’autres tâches (formation continue, jurys d’examen, voyages scolaires, réunions pédagogiques). ».

Une nouvelle salve d’attaques contre l’école

Face à ces « absences » donc, les solutions que propose la Cour des comptes sont les mêmes qui rongent l’intégralité des services publics depuis des décennies et sortent tout droit d’un livre de management. Alors que la crise sanitaire est venue mettre en lumière les conséquences désastreuses du nouveau management public (manque de moyens pour accueillir les élèves, pour enseigner, pour protéger l’ensemble de la communauté éducative, suppression de postes, précarisation des statuts, salaires de misère, maltraitance institutionnel, liste à compléter), il faut, en fait, en remettre une couche.

Le paradigme gestionnaire tourne à plein : il faut de nouveaux logiciels de contrôle « pour nourrir une base nationale des absences », « introduire davantage de souplesse dans les emplois du temps » ou encore « Étendre la possibilité de bivalence ou la polyvalence pour les enseignants » (que les profs enseignent des matières qui ne sont pas les leurs), et évidemment, car, c’est bien connu, les profs ne travaillent pas pendant les vacances scolaires : « intégrer un calendrier des stages de formation continue en dehors du temps d’enseignement, au besoin pendant les vacances scolaires ».

Au global, si ce rapport accuse les profs des conséquences même des attaques néolibérales contre l’école, il donne aussi à voir à quoi se réduit la fonction de l’école quand elle est soumise à la logique capitaliste. En qualifiant d’absentéistes les travailleurs « détournés » des classes, on comprend que ce qu’il y a de productif, ce qui a de la valeur, dans le travail des enseignants, c’est de garder les élèves. Il semble donc que le rôle premier des professeurs aux yeux de la cours des comptes c’est d’être la garderie du MEDEF. Apprendre ? Enseigner ? Secondaires. La cour des comptes dénombre les heures passés devant les élèves mais se fiche éperdument de la qualité de ces heures, de la formation des enseignants, du suivi des élèves, etc. Au contraire, il faut, c’est l’essentiel du rapport, réduire « drastiquement les absences institutionnelles ».

 
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