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La Izquierda Diario
2 de décembre de 2021 Twitter Faceboock

« Que manquait-il, la mort au bout peut-être ? »
Visage tuméfié, sang sur le sol : L’entraineur de Margaux Pinot relaxé « faute de preuves »
Matthias Lecourbe

Victime de violences conjugales de la part de son entraineur et conjoint Alain Schmitt dans la nuit de samedi à dimanche, la judokate Margaux Pinot a posté sur les réseaux une photo de son visage tuméfié après que le tribunal correctionnel de Bobigny ait relaxé l’auteur des faits « faute de preuves ». « Que manquait-il, la mort au bout peut-être ? » a réagi la sportive, sa colère raisonnant avec celle de nombreuses femmes ayant été débouté par la Justice patriarcale pour la simple raison qu’elles étaient encore vivantes.

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Crédits : capture d’écran de France Télévision

Ce premier décembre, la judokate Margaux Pinot a révélé avoir été victime de graves violences de la part de son entraîneur et compagnon Alain Schmitt. Ce dernier l’a rejointe alcoolisé à son domicile dans la nuit de samedi à dimanche et l’a très violemment frappée. Lorsque les secours sont arrivés, la judokate ne parvenait même plus à ouvrir les yeux. Les violences engendrées lui ont causé une ITT de 10 jours et elle a déclaré avoir eu peur de mourir.

Les faits ont été jugés en comparution immédiate par le tribunal de Bobigny. Alain Schmitt a nié les faits, avançant qu’ils s’étaient simplement cognés aux murs de l’appartement. Il a été relaxé faute de preuves, ce qui a conduit la sportive à publier une photo de ses blessures sur les réseaux sociaux. La victime dans l’affaire avait pourtant alerté les secours et présente des blessures difficiles à expliquer autrement que par des coups volontaires. « Que manquait-il ? La mort au bout, peut-être ? » déclare la judoka sur sa publication. Une colère qui fait écho à celle des femmes qui comme elle, ont tenté d’obtenir protection et Justice en vain.

Les plaintes pour les faits de violences sexistes et sexuelles sont difficilement prises dans les commissariats comme l’a rappelé le hashtag #DouplePeine, et lorsque ces affaires sont jugées, le niveau de preuve requis par les juges dépasse ce qu’il est possible de fournir en pratique. Car les exemples en ce genre sont nombreux. Chahinez, qui avait été tuée par plusieurs balles et immolée vive par son ex-mari, avait averti la police à plusieurs reprises. Tous ces faits tragiques illustrent encore une fois le caractère profondément patriarcal de la justice bourgeoise.

Cette affaire arrive une semaine après la mobilisation du 25 novembre contre les violences sexistes et sexuelles, où il a été rappelé qu’une victime de féminicide sur cinq avait déjà porté plainte et ne s’était vu offrir aucune solution pour échapper aux violences dont elle était victime. En parallèle de la manifestation, Marlène Schiappa a revendiqué un bilan positif du Grenelle des violences faites aux femmes et du quinquennat de Macron en la matière : une hypocrisie nauséabonde lorsqu’au moins 100 femmes sont mortes cette année sous les coups de leur mari, que le hashtag #DoublePeine dénonce les mauvais traitements dans les commissariats et que les seules mesures entreprises visaient en réalité à faciliter la répression sous couvert de lutte contre les violences patriarcales.

Margaux Pinot entretenait une relation non-officielle avec l’auteur des faits qui était aussi son entraîneur depuis quatre ans, et la situation se dégradait depuis déjà plusieurs mois. Elle ne le quittait pas par peur de ne pas pouvoir l’éviter au sein du monde du Judo, de ne pas retrouver d’entraîneur assez vite et que sa carrière en soit compromise. Elle dit avoir réussi à obtenir du soutien de la part de son club par la médiatisation de son affaire et va pouvoir retrouver un entraîneur une fois remise.

De la même façon, toutes les victimes de violences sexistes et sexuelles devraient avoir la possibilité d’échapper à leurs agresseurs, qui évoluent souvent dans leurs familles ou dans leurs milieux professionnels. La prévention des féminicides passe donc en premier lieu par le droit à un logement et à un emploi pour toutes. Mais la lutte féministe doit nécessairement se faire en indépendance de l’État, dont les institutions sont profondément reproductrices de l’idéologie patriarcale. Ainsi, c’est dans la rue, sur les lieux de travail, les lieux d’études, et par l’auto-organisation que nous pourrons réellement mettre fin au patriarcat ainsi qu’à l’ensemble des oppression.

 
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