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La Izquierda Diario
26 de octobre de 2021 Twitter Faceboock

#DoublePeine
Bordeaux. Témoignages : des victimes de violences sexuelles dénoncent la culpabilisation de la police
Émilie Vallée

Le #DoublePeine émerge depuis peu sur les réseaux sociaux, laissant place aux témoignages de centaines de victimes de violences sexistes et sexuelles qui racontent le mépris subi de la part de la police. A Bordeaux, elles sont une quinzaine à raconter ce second traumatisme qu’elles ont vécu en tentant de porter plainte. Une violence qui montre une fois de plus le rôle patriarcal de la police.

Link: https://www.revolutionpermanente.fr/Bordeaux-Une-quinzaine-de-victimes-qui-tentaient-de-porter-plainte-pour-violences-sexuelles

Crédits photo : Victoria Berthet / Rue89 Bordeaux

Un #DoublePeine et un site du même nom ont récemment été lancés par des militantes féministes et des journalistes, notamment Anna Toumazoff, ou Constance Vilanova, mais aussi par les collectifs #NousToutes, Paye Ta Shneck, le compte Instagram Balance Ton Agency, et Léane, la créatrice du podcast Mécréantes.

Ce site rassemble déjà, à ce jour, plus de 400 témoignages qui dénoncent la prise en charge des victimes de violences sexistes et sexuelles par la police, qui refusent de prendre les plaintes, humilie et culpabilise celles qui osent porter plainte, leur infligeant bien souvent un deuxième traumatisme. Parmi ces témoignages, une quinzaine mettent en cause les commissariats de Mériadeck (Hôtel de Police, le commissariat central), Talence et des Capucins à Bordeaux.

Dans un tweet, Léane rapporte que la policière qui a reçu les plaintes de deux victimes de son violeur leur a répondu « il s’est comporté comme un champion vous pouvez rien faire désolée ». Une autre victime rapporte qu’au commissariat central, un policier lui a répondu « qu’ils ne sont pas là pour régler les disputes de couple ». Une multitude de témoignages qu’on peut retrouver sur le site #DoublePeine dans la section « Bordeaux », dans laquelle de nombreuses femmes affirment s’être vues refuser leur dépôt de plainte à cause de leur tenue, leur apparence, ou de ce qu’elles avaient bu. Des témoignages écœurants qui montrent une fois de plus que la police n’est pas là pour nous protéger mais qu’elle a pour rôle le maintien du statu quo et du système capitaliste patriarcal, dont elle assure la préservation.

C’est ce qu’ont voulu dénoncer des militantes féministes qui étaient présentes pour un die-in devant le commissariat central de Bordeaux. A Montpellier, des témoignages tout aussi immondes ont été recensés, dans lesquels des victimes rapportent avoir dû se justifier et répondre à des questions plus sordides les unes que les autres : « Étiez-vous ivre ? Avez-vous joui ? ». Des questions glaçantes, remettant toujours en question les violences patriarcales et culpabilisant les femmes, en leur disant que leur tenue ou leur comportement serait à l’origine de leur agression.

D’après une enquête menée par Noustoutes, 66% des femmes déclarent avoir été mal prises en charge quand elles ont cherché à porter plainte. Dans 56,6% des cas la police refuse de prendre les plaintes, 29,8% rapportent des moqueries ou des propos sexistes ou discriminants, contrairement à ce qu’affirmait darmanin il y a quelques mois en disant que « 90% des femmes ayant porté plainte en 2020 pour des faits de violences conjugales étaient satisfaites de l’accueil en commissariats et gendarmeries ».

La police a pour rôle de protéger les institutions et l’ordre établi qui est structurellement patriarcal et raciste, il est donc évident qu’en son sein les violences patriarcales sont exacerbées et qu’elles ne peuvent être remise en question par une quelconque formation ou davantage de femmes dans les commissariats : il en va de son rôle et de ses missions. Ce mepris policier et la non prise en charge des violences sont structurelles, on ne compte plus le nombre de victimes qui, comme Chahinez à bordeaux, avaient appelé a l’aide et ont éte abandonnées par les institutions et ont vu leurs plaintes refusées, ce qui a parfois pour résultat des feminicides tragiques comme dans le cas de Chahinez en mai dernier.

Dans le cas des violences sexistes et sexuelles comme dans celles des autres oppressions, qu’elles soient racistes ou LGBTphobes, nous n’avons rien à attendre de la police qui existe avant tout pour servir l’Etat et maintenir un système profondément et intrinsèquement inégalitaire. Même si porter plainte peut parfois être une solution à echelle individuelle, seule une lutte féministe et anticapitaliste en indépendance de classe peut venir à bout de ce système patriarcal et permettre l’émancipation de toutes les femmes.

 
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