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26 de octobre de 2021 Twitter Faceboock

#JusticePourDinah
Suicide de Dinah après un harcèlement lesbophobe et raciste : à l’école aussi, les oppressions tuent
Milie Venne
Ulysse Pablez

Dans la nuit du 4 au 5 octobre, Dinah, une jeune adolescente de 14 ans s’est donnée la mort à Kingersheim, près de Mulhouse. Cela faisait près de deux ans qu’elle subissait du harcèlement à caractère raciste et homophobe dans son collège.

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Crédit : Frederick Florin/AFP

Dinah avait 14 ans, elle étudiait dans un lycée près de Mulhouse à Kingersheim. Harcelée depuis la 4ème au collège Emile Zola, Dinah pensait être enfin sortie de ce calvaire en partant dans un autre lycée que celui de ses harceleuses. Pourtant, après les avoir recroisées dans une cantine commune à plusieurs lycées, elle se suicide dans la nuit du 4 au 5 octobre à son domicile.

Comme le rapporte France Bleu, son frère Rayan explique que ses anciennes camarades l’insultaient et la traitaient de « sale lesbienne » et de « sale arabe ».

« Les filles la croisaient dans les couloirs du collège, la bousculaient, la traitaient de pute, de lesbienne, sale intello, sale race, sale métisse. En mars, elle a fait une première tentative de suicide. Le collège nous appelait tous les jours pour qu’on vienne la chercher » a confié sa mère au micro de RTL. Après sa première tentative de suicide, Dinah reçoit de nouveau des messages d’insultes. « C’était écrit : la prochaine fois on espère que tu arriveras à mourir », raconte son frère.

Sa famille a décidé de porter plainte contre X, mais aussi contre l’établissement. Son frère se justifie à France Bleu : « On compte aussi porter plainte contre le collège qui n’a rien fait pour ma sœur. On n’accepte pas ça ».

Le cas de Dinah est un nouvel exemple d’un constat terrible : l’école est ici un relais des oppressions que peuvent subir les jeunes adolescents dans une société incapable de prendre en charge et d’accompagner les individus pour leur garantir une existence hors de toute oppression et stigmatisation. L’école agit comme un miroir de toutes les violences de la société capitaliste et patriarcale, qui se retrouvent dans les mécanismes de harcèlements dont a été victime Dinah. Le racisme, l’homophobie, la misogynie.

Si le phénomène de harcèlement scolaire n’est pas nouveau, il est aujourd’hui accentué par l’existence d’internet, qui permet d’atteindre la victime 24h/24, et non plus uniquement sur les horaires de cours. Mais le problème n’est pas internet en soi, ni les téléphones portables, dont l’interdiction au sein des établissements scolaires est présentée par le ministère de l’Éducation Nationale comme une mesure phare de son action contre le harcèlement scolaire.

Le problème réside surtout dans le manque de moyens accordés à l’Éducation Nationale pour trouver des solutions à ces situations. Le personnel scolaire est surchargé de travail, et doit gérer en permanence un trop grand nombre d’élèves. Dans de nombreux établissements, il n’y a même pas d’infirmier scolaire. Que faire aujourd’hui, quand on est harcelé, et qu’on ne se sent pas écouté par l’équipe enseignante de son établissement, comme l’était Dinah, selon sa famille ? L’Éducation Nationale doit alléger la charge des équipe enseignantes, les restrictions budgétaires et le manque de personnel étant le principal facteur qui empêche de pouvoir être à l’écoute des élèves et de répondre efficacement à ces problématiques.

L’État a une lourde responsabilité dans cette situation tragique. En plus du manque de moyens, on peut aussi pointer du doigt le manque de formation des professeurs et des responsables des établissements en matière d’oppressions. On pense par exemple au suicide de Fouad, une jeune adolescente trans qui s’est suicidée après avoir été humiliée par une CPE qui refusait de la laisser porter une jupe à l’école. Si le ministère préconise aujourd’hui de respecter l’identité de genre des élèves, cela reste une préconisation non-contraignante, et est conditionnée à l’accord des parents.

Pire, le gouvernement participe activement au renforcement d’un climat raciste et misogyne à l’école, en accablant les jeunes filles qui portent des crop tops, par exemple, ou en marginalisant toujours plus les élèves musulmanes sous couverts de laïcité.

Dinah est l’une des nombreuses victimes d’une société hostile aux personnes racisées et aux personnes LGBTI+, et les institutions de cette société ne peuvent qu’être le relai de ces oppressions. Il n’est plus possible de continuer à compter les suicides de tous ces jeunes car ils et elles ne peuvent pas vivre librement leur identité. Il est urgent de mettre en place de réels moyens de lutte contre le harcèlement à l’école. Cela implique d’embaucher du personnel, de former les équipes qui encadrent les enfants et les adolescents, et de mettre en place une véritable éducation sexuelle qui prenne en compte les personnes LGBTI+, pour éviter au maximum les violences à leur encontre.

Dimanche, plus d’un millier de personnes ont défilé dans le centre-ville de Mulhouse à l’occasion d’une marche blanche en sa mémoire. Sur la banderole principale, on pouvait ainsi lire « Dinah, à tout jamais dans nos cœurs ». Les militants de Révolution Permanente adressent leurs sincères condoléances et témoignent de tout leur soutien à la famille, aux proches et amis de Dinah.

Justice pour Dinah !

 
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